Le Parti Libertarien vient de présenter son affiche électorale pour les élections générales qui se tiendront en Belgique le 25 mai prochain. L’occasion pour Contrepoints d’interviewer son Président, Patrick Smets, sur le message qu’ils entendent porter.
Ma première question sera simple. Quel message voulez-vous faire passer ?
Dans cette affiche, nous avons voulu représenter la diversité des choix de vie individuels et leur possible coexistence au sein d’une société libre. L’affiche s’organise autour d’une jeune entrepreneur. Elle incarne l’avenir, l’innovation, l’enrichissement, la force révolutionnaire du capitalisme. Comme tous les nouveaux entrepreneurs du web, elle pense directement marché de niche, positionnement mondial et personnalisation des produits. Pourtant, son activité est entravée par une flopée de lois et d’impôts absurdes. L’État lui impose de gérer les relations sociales de sa start-up sur base de clichés datant de l’industrie minière du XIXème siècle. Cette entrepreneur, c’est chacun de nous, rêvant d’autonomie, d’aventure et de défi personnel. Nous voulons libérer ce rêve.
Autour d’elle, un groupe bigarré incarne un ou plusieurs points de notre programme : légalisation des drogues, liberté religieuse, tolérance pour tous les modes de vie, droit fondamental à la recherche du bonheur. Chaque personnage a été choisi en fonction de détails signifiants que je vous laisse découvrir. Juste un pour le plaisir : Nous serons certainement le seul parti à faire apparaître une arme à feu sur une affiche de campagne. C’est aussi ça, être libertarien.
Enfin, un point qui nous a paru important, c’est que les personnages ne soient pas en interaction les uns avec les autres. Il s’agit de sortir de cette obsession du collectif qui caractérise notre époque. Ce sont des individus libres et autonomes. Chacun vit sa vie sans faire porter par autrui le coût de ses choix. Comme le rappelle le slogan, il faut vivre ET laisser vivre. Nous sommes finalement très proche du serment de John Galt. Mais avec moins de mots !
L’affiche reste étonnante car on vous aurait attendu sur un thème plus austère comme l’économie ou les impôts.
La gauche comme la droite veulent nous cantonner dans un discours économique, la gauche pour conserver le monopole de la morale, la droite pour recevoir gratuitement des cours particuliers.
C’est un choix délibéré de notre part de sortir du rôle que les autres veulent nous faire endosser. Nous voulons d’abord faire percevoir notre identité. Oui, nous sommes un parti en pointe sur les questions économiques, peut-être le seul à avoir
Patrick Smets, président du Parti Libertarien
pris pleinement conscience de la faillite inévitable de nos États Providence. Oui, nous sommes le parti le plus profondément anti-fiscal de la scène belge francophone. Mais nous voulons rappeler que ces positions prennent place dans la cadre plus large des libertés individuelles. La liberté d’entreprendre, c’est d’abord et avant tout le droit de choisir sa vie, de prendre des risques et d’en assumer les conséquences, heureuses ou malheureuses. Et, si l’impôt est un vol pur et simple, c’est parce qu’il agresse le droit naturel de propriété et qu’il nous prive de notre liberté de choix.
C’est à travers ce rapport à la liberté que se comprennent les positions économiques et fiscales des libertariens. Nous ne sommes pas des technocrates cherchant à identifier l’optimum de la courbe de Laffer. Nous sommes des insoumis qui refusons la loi du groupe et le pouvoir de l’État.
Vous vous présentez avec un visuel qui se veut franchement « sympa » et qui se démarque positivement de l’ambiance plombée actuelle.
Oui, nous avons voulu rompre avec la sinistrose actuelle. Les gens sont en colère et je les comprends. Depuis des dizaines d’années, le gouvernement promet d’échanger leur liberté contre le confort matériel. Aujourd’hui, ce système a trouvé ses limites et tout le monde réalise que si la liberté a bel et bien disparu, le confort matériel n’est plus assuré. Ils ont raison de râler.
Mais râler ne suffit pas. La râlerie pousse au cynisme ou à la fuite. Elle n’ouvre pas sur l’action. Pour agir, il faut nécessairement porter un espoir et une certaine joie de vivre. La civilisation ne va pas disparaître. La lumière brille encore dans les ténèbres et la crise actuelle cessera dès que les États cesseront de l’alimenter. Nous avons besoin d’espoir, nous avons besoin d’idéalistes.
Est-ce qu’il y a des personnages que vous n’avez pas mis ? Il en manque certains…
Oui, forcément, il y a 7 milliards d’êtres humains. Autant d’individus qui ont leur vie, leur histoire, leurs problèmes, leurs projets, leurs rêves… Ils pourraient tous être sur l’affiche mais il n’y aurait pas eu assez de place ! Nous avons choisi les plus emblématiques, ceux qui illustrent le mieux notre programme. Nous avons également choisi de parler plus spécifiquement aux jeunes parce que c’est chez eux que l’on trouvera le terreau le plus fertile pour des idées nouvelles comme celles des libertariens.
Pour achever cette interview, parlez-nous un peu de la campagne. Est-ce que vous allez présenter des listes ?
Oui, quand même ! Nous faisons tout pour et, sauf accident, nous devrions être présents au moins à Bruxelles et à Liège. Ceci étant, ce n’est pas une sinécure. Il faut savoir qu’en Belgique, on ne peut pas se présenter aussi facilement qu’en France. Pour avoir le droit de participer à l’élection, nous devons récolter des centaines de signatures d’électeurs qui nous « parrainent » et ça consomme une énergie phénoménale.
Tout d’abord, merveille d’absurdité bureaucratique, il est pratiquement interdit de tracter dans les espaces publics et d’accoster les gens pour leur demander de nous soutenir. Quand vous êtes échevin ou député, personne ne vous dira rien. Mais, pour un jeune parti comme le nôtre, il y a toujours un flic, un steward ou un gardien de square pour nous demander d’aller chercher une autorisation spécifique auprès d’un quelconque fonctionnaire inconnu qui ne reçoit qu’aux heures de bureau.
Ensuite, vous seriez surpris du nombre de gens qui ne connaissent pas précisément leur adresse, ou dans quelle commune ils sont domiciliés. Comme toutes nos signatures doivent ensuite être validées par les communes, chaque erreur est un formulaire de perdu pour nous. En pratique, notre présence se jouera en fonction du taux de rejet dans les communes. Nous nous battrons comme des chiens, éventuellement avec des recours en justice, mais rien n’est acquis.
Si les lecteurs belges de Contrepoints veulent nous soutenir, qu’ils téléchargent le formulaire de présentation sur notre site et qu’ils le fassent signer autour d’eux. Ce sera une aide précieuse.www.parti-libertarien.be/formulaires-de-signature-pour-les-elections/