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Oriane BORJA

Née le 18 décembre 1970 à Nice, deuxième d‘une fratrie de quatre enfants, Raphaël, Blancheflore et Florian. Mon grand-frère, après des études universitaires en mathématiques, vit retiré du monde après avoir épousé une Sénégalaise musulmane, fille d’enseignants -le Sénégal abrite une forme particulière d'islam qui fonctionne comme une secte à laquelle les expatriés envoient une quote-part de leurs revenus,- union dont il a un fils; ma sœur est médecin en Guadeloupe, après avoir fait ses études et son internat à Nice, et mère de trois enfants issus d‘un mariage avec un chirurgien niçois de confession juive qui s‘est également installé aux Antilles; et la dernière fois que j’ai eu des nouvelles de mon petit frère, père d’une petite fille, il naviguait sur l’océan pour le compte de plaisanciers. Fille du Docteur Albert Borja et petite fille du Docteur Asso, j’ai passé les premières années de ma vie dans les HLM des Chênes Verts à la Trinité où nous habitions l’appartement en face du cabinet médical de mon père où il exerce toujours. Mon père a choisi de s’installer dans cette banlieue pauvre dans les années 70 à une époque où tout le monde le lui déconseillait et où il aurait pu choisir une brillante carrière dont il avait refusé le clinquant. Bac philo et mathématiques en poche à l’âge de 16 ans, il fut musicien professionnel (piano, flûte traversière, Conservatoire de Marseille puis de Paris) avant de rompre avec le milieu à 24 ans, âge où il entame ses études de médecine. Né à Marseille dans les années 30, il grandit en Afrique (Alger, Dakar, Djibouti) où son père meurt de la tuberculose dans les caves d’Algérie où il fut Radio en 1940. Au moment de la guerre d'Algérie, il est envoyé pour se battre comme tous les jeunes de son âge, il refuse de tuer un homme et est condamné à mort par le Général de Gaulle, puis gracié parce que sa mère est veuve de guerre. Mon grand-père, Armand Borja est issu de la noble lignée des Borjas, de la branche qui fut corsaire en Méditerranée pour le compte de la couronne espagnole et s’installa sur les rives Sud de la Mer au XVII ème siècle. Sa famille fut naturalisée française en 1830. Ma grand-mère se retrouve veuve avec ses deux enfants, puis un troisième, ma tante, Marie-Jeanne Malika, franco kabyle née dans des circonstances troubles, qui épousera un Capitaine au long-court sur un pétrolier géant qui occupera des responsabilités aux Ports du Havre puis de Marseille-Fos, chiraquienne, elle deviendra adjointe de Jean-Sébastien Vialatte à la mairie de Six-Fours et directrice des Affaires Sociales du département. Mon oncle Henri était lui, dentiste à Antibes, où un de leurs oncles Borja fut Commissaire. Mon père fut élevé dans des pensionnats catholiques en Afrique puis dans les Hautes-Alpes où il reçut une solide formation classique, puis Marseille où il passa son concours d‘Internat, qu‘il fait en pédiatrie à Nice à la fois à l‘Hôpital Saint-Roch et à Lanval. Il parle plusieurs langues dont le latin, le grec et l’hébreu. Très tôt, il se passionne pour l’étude de la Torah à laquelle il se consacre tous les matins. Il nous élève dans la religion juive. Il me fait lire particulièrement depuis mon plus jeune âge et parce que je suis la seule de ses enfants à m’y intéresser, des tas de livres portant sur divers sujets dont la religion et la politique. Il n’a jamais voté et ne s’est jamais inscrit sur les listes électorales. Ma grand-mère paternelle était très catholique. Je me souviens qu’à l’âge de cinq ans alors que je passais les vacances chez elle à Gap, elle nous faisait apprendre et écrire les prières pendant qu’elle recevait ses patients. Elle nous faisait aussi moudre du grain qu’elle leur offrait ensuite. Ma grand-mère était une disciple de Lanza Del Vasto, nous avons ainsi reçu par ce biais une éducation très écologiste, nous étions tous végétariens et mon père tenait l’alimentation et un mode de vie sain pour première des médecines. Du côté de ma mère, la famille Asso d’origine piémontaise, s’est installée au XIXème siècle entre Monaco et Nice. Mon arrière grand-père paternel fut Directeur des Jeux des casinos de Monaco. La famille Asso est très nombreuse et compta notamment un Commissaire principal à Nice ainsi qu’un homme politique universitaire, Bernard Asso. Mes arrières grands-parents Asso s’installent parmi les premiers à la Trinité, le long des rives du Paillon dans une propriété qui a vu naître ma mère, ainsi que mes oncles et tantes -mon grand-père a mis au monde la majeure partie des Trinitaires avant les années 60-, elle est née dans la chambre qu’elle occupe encore aujourd’hui puisque c’est elle qui a hérité de cette propriété située en plein centre, sous l’Eglise où elle s‘est mariée et où un des mes oncles, prêtre, a célébré la plupart des baptêmes et les mariages de la famille. Elle fut réquisitionnée pour devenir Kommandantur pendant le Seconde Guerre, les Allemands habitaient au premier étage quand ma famille était reléguée au second. Cette famille est également très catholique. Mon grand-père, médecin, avait des réseaux et participa de la Résistance. Les Trinitaires reconnaissants lui demandèrent de devenir Maire de la Trinité au sortir de la guerre, ce qui ne lui semblait pas une vocation mais qu’il accepta tant il avait alors senti le besoin de la population. C’est dans cet esprit de regain qu’il fonda une troupe de théâtre (ses textes en niçois furent étudiés par la suite notamment au Lycée Masséna de Nice). Un de mes cousins, qui fut banquier avant d‘abandonner cette profession il y a quelques temps, conserve ses œuvres). Par la suite, il eut le privilège de pouvoir écrire librement des tribunes dans le journal Nice-Matin, je me souviens de celle où il recadrait le rôle des communistes dans la résistance, qui avaient tendance localement en emberlificoter l’histoire. Le maire de Drap, communiste, était pourtant un cousin. Mon autre arrière grand-père maternel, l’Amiral Hawk, est issu d’une famille qui fut chassée d’Angleterre au XVIIème siècle parce que catholique et s’installa prioritairement en Bretagne. Mais à Nice, il habitait une sorte de château sur la colline où l’on trouve aujourd’hui les Facultés de Lettres et d’Histoire, il fut bombardé pendant la guerre. Ma grand-mère paternelle fut le pilier de ma famille, fille de militaire, sœur et cousine de religieuses et de prêtre blanc, la religion occupait une place prépondérante dans sa vie, et je dois avouer qu’elle était assez malheureuse que je ne soit pas baptisée, seul mon grand-frère l’a été sous la pression familiale. Quant à mon oncle, il ne manque jamais dans son sermon en notre présence, de parler de la place au Paradis pour les baptisés. Nous verrons bien, je me contente ici-bas, d’essayer de faire le Bien dans la mesure de mes moyens, et de vénérer la Sainte Vierge dont j’ai le sentiment qu’elle peut me comprendre. J’ai reçu de mon père un profond respect pour le religion juive, pour la connaissance en général. Ma mère, élevée de l’âge de deux ans à dix-huit ans au pensionnat des Dames de Saint Maur sur le rocher de Monaco avant d'intégrer la Croix Rouge, n’a pas souhaité nous faire baptiser, mon père non plus. J’ai une myriade d’oncles, de tantes et de cousins Asso. Certains sont toujours impliqués à la mairie de la Trinité. Voilà en gros pour ma famille. Pour mon compte, j’ai fréquenté respectivement les écoles publiques du Chêne-vert à la Trinité, celle du Col de Villefranche à Nice puis celle de Terra-Amata (où j’ai connu le dessinateur et réalisateur Johann Sfar, fils d'un avocat Conseiller municipal de Jacques Médecin -nous avions écouté son très beau discours de Bar Mitsva sur Radio Chalom Nitsan-, ainsi que sa femme, Sandrina, qui était notre amie d’enfance depuis la maternelle jusqu’au Lycée et dont je dois notamment à la maman d’avoir été une redoutable élève en anglais). J’ai fait du piano et de la gymnastique pendant une dizaine d’années. On m’a toujours dit que j’étais douée, mais que j’avais tendance à me laisser aller sur mes lauriers. Je suis passée par le Collège Port Lympia dont je garde de merveilleux souvenirs d’une élève épanouie (j’étais une très bonne élève) et soutenue par des maîtres que j’admirais et pour lesquels je garde une éternelle reconnaissance pour la rigueur de leur enseignement, je pense spécialement à madame Galice (professeur d‘anglais), monsieur Cohen (professeur de mathématiques), madame Jardel (professeur d‘anglais et maman de Sandrina), à la très passionnante madame Guérini (professeur d’histoire-géo), et à un très grand petit bout de femme, madame Didier (professeur de français et d‘histoire), à qui je dois toute la sagesse de l‘apport de la grammaire (ainsi qu‘à mademoiselle Bottero), mais encore mes premiers émois et envies littéraires, ce formidable accès à notre patrimoine linguistique et à l‘écriture dont je mesure chaque jour l‘importance; je dois encore à madame Didier pour m’avoir sélectionnée pour le Concours de la Résistance et permis d'obtenir un Prix, ainsi que de m‘avoir fait jouer le rôle d‘Antigone, un personnage qui sans doute, ne me quittera plus; je pense aussi à mademoiselle Olivero qui m’a également repérée et fait travailler le chant plusieurs fois par semaine en cours particulier et gracieusement, et offert le rôle principal de Cendrillon. J’ai ensuite rejoint le Lycée Masséna où j’ai vécu une vie intense grâce à une bande de copains attachants et débordants de vie, ma copine Bérénice Bonnardo (tellement intelligente et délicieusement cynique), Medhi Blanchard (tellement sage), Hervé Gotra (tellement drôle), Patrick (tellement complice), où j’ai recontré Simon (tellement beau) et sa musique, et sa bande, et Thierry Bensaude (tellement, tellement je ne sais quoi , seigneur peut-être, mais je peux pas l'omettre), et son cousin David tellement gentil, et les soirées où je faisais le mur en cachette, et les plages, et les bateaux, et le ski … J’étais enthousiaste face au programme de première en français et à l’unique année de philo que je ferai où j’obtiendrai les meilleures notes de la classe. Je suis meilleure en lettres qui ne me demandent aucun effort, qu’en sciences, même si je souhaitais absolument suivre ce cursus auquel on est quasiment intégré d'office quand on obtient de bons résultats et qui permet la formation la plus généraliste et donc la plus enrichissante possible. J’en suis sortie avec un Bac scientifique mais une trop grande envie de découvrir le monde pour n’aborder qu’un bref instant la Faculté de Médecine et me diriger vers la Faculté de Lettres et de Civilisations Etrangères, à laquelle j’ajoutais bientôt celle de Droit (public et privé pour finir par une Maîtrise Carrières Judiciaires puis une Maîtrise Droit International qui correspondait plus à ce qu'on me demandait dans mon travail) pour satisfaire à ma curiosité politique. Je pense y avoir reçu une formation qui correspondait précisément à mes besoins et me permet d’appréhender chaque jour les sujets qui m’intéressent. Si j’ai fait avorter ma préparation au CFPA (formation d’avocat) et à l’entrée en IUFM, je ne regrette rien. J’ai travaillé un an dans une entreprise, je m’étais installée à mon compte sans plus dépendre de mes parents qui venaient de se séparer et qui laissaient une maison vide et effrayante, une famille en lambeaux. Je voulais fuir ce contexte. Politiquement, la France, la Nation me parlaient dès mes quinze ans, sinon depuis toujours avant que je ne puisse le conceptualiser. Je lis Maurras, Barrès, Simone Weil très tôt car ces livres qui avaient appartenu à ma grand-mère paternelle, étaient à la maison. Je me délecte des pamphlets politiques, je découvre tant Upinsky que Péan, que la littérature anglo saxonne, de Shakespeare à James Joyce, Wilde, en passant par Graham Green, Chomsky et approfondis la littérature française. Orwell (que j’avais découvert en français avec madame Didier), mais que j’analyse en profondeur avec madame Laroque, redoutable universitaire (et accessoirement maman de l’actuelle épouse de monsieur le Ministre Baroin). En 92, je m’engage résolument en politique contre le Traité de Maastricht. J’ai de longues conversations avec l’universitaire et abbé Ecole pendant que j'époussette sa vaste et majestueuse bibliothèque tout en bois chaleureux qui donne sur une petite chapelle intérieure et un joli petit cloître extérieur (mais on trouvera chez lui des livres partout et dans les moindres recoins, du sol au plafond), ou quand il vient m‘aider à balayer son jardin. Grand érudit mais si simple, si humble, un véritable catholique, qui habite au-dessus de chez moi, qui est un patient de mon père avec qui il part aussi dans de longues discussions, et dont je m‘occupe de la maison et du jardin, de son potager dont il m’offre même ensuite les fruits, les étés. Je travaille aussi à garder des enfants, garde de maisons parmi les plus belles de la côte, faire des ménages, donner des cours, en petits boulots depuis mes quatorze ans (j’ai eu à m’occuper de bébés à peine nés quand je n’avais même pas quinze ans, pour mon plus grand bonheur, l’adorable petit Nicolas, puis Lucas et Nicolas dont le papa était un russe juif du Cnrs), les Sayag, fille au pair à Londres dans le cadre de mes études, et tant d’autres enfants. Je réalise le plus grand et plus beau rêve de ma vie en 95 quand je deviens maman. [Mes enfants se nomment Lothaire, Tugdual, Othilie et Gauvain. Lothaire signifie la force et la gloire, la racine est Louis, nous l'avons appelé ainsi en hommage à Clovis car il est né en 1996, année du mille cinq centième anniversaire du baptême de Clovis que nous faisons correspondre à la naissance de la France. Tugdual signifie le bon peuple, les bonnes valeurs, c'est un des saints fondateurs de la Bretagne. Othilie veut dire la richesse au combat, la richesse du peuple. Gauvain signifie l'enraciné, il est le plus fidèle chevalier de la Table ronde.] Je démissionne de mon travail pour rejoindre le père de mes enfants et par là-même, le siège du Front National. Il travaille en collaboration avec Samuel Maréchal et Marine Le Pen. Abandonné par son père à la naissance, il est confié à la DASS pour se faire adopter dès la naissance et porte ainsi le patronyme de Philippe Pierre François. Sa mère revient sur sa volonté juste avant le délai définitif, et il est élevé dans des familles d’accueil, sa mère ne se sentant pas la force de le faire. Il grandit ensuite avec elle, elle est enseignante au Lycée professionnel de Saint-Nazaire, mais aura des problèmes psychologiques toute sa vie qui lui feront arrêter sa carrière rapidement. Philippe fréquentera le Lycée de la Baule, Bac scientifique, intègre l’INSA Lyon pour y faire ses classes préparatoires en mathématiques et où il découvre les milieux politiques nationalistes et sans doute un début de vie dissolue. Il doit rentrer à la Baule où sa mère est hospitalisée et poursuivra ses études en Faculté de Droit à Nantes. Il obtient des concours administratifs et sa bonne position lui permet de choisir un poste d’Attaché au Ministère de l’Agriculture à Paris, poste de fonctionnaire dont il se mettra en disponibilité pour se consacrer entièrement à la politique et à servir le Front National. Avec Samuel, il structure le FNJ et donne un nouveau dynamisme au Front National. S’impose une nouvelle définition de notre mouvement, nous bannissons le terme de « droite » dans lequel nous ne nous reconnaissons absolument pas, le Front devient le Mouvement national, social et populaire. Le Front, c’était pour moi l’unique défenseur de la France, idée moquée dans ces années 90, et à l’époque, l’idée de rompre avec les relents d’extrême-droite, les bas du front racistes, et la droite en général, était de mise au FNJ. Je m’inscrivais parfaitement dans ce cadre, même si je reconnais m’être souvent sentie seule et en permanence en bataille contre les membres mêmes de mon camp. A Nice, de 92 à 96, je seconde le Secrétaire Département du FNJ, issu de la famille Médecin et dont je fus l‘amie, fais la campagne contre Maastrich, et suis responsable FN du XII ème canton. Je sors vice-major des Universités d’Eté du FNJ 95 sur le thème de « Ni droite ni gauche Français » et m’occupe de la formation des jeunes et des relations avec la presse. En 95, je suis candidate sur la liste des municipales de Nice contre Jacques Peyrat, dont nous avions fait toute l’ascension et qui trahit juste avant les municipales pour ensuite adhérer à l’UMP. Dès 1996, je milite entre la région parisienne où nous habitons, et la Loire-Atlantique, où Philippe a sa maison. Il sera Secrétaire départemental de la Loire-Atlantique et Conseiller régional sous la présidence de Fillon. En parallèle, j’élève mes enfants (la famille s’agrandit d’un enfant tous les deux ans et demi), je les emmène partout en France avec moi au gré des besoins du Front (mon aîné n’a pas trois ans qu’il a déjà participé à trois UDT FNJ ). Je suis candidate sur le canton de Saint-Nazaire qui jouxte La Baule et Philippe sur celui de La Baule où il monte une première liste aux municipales en 95 puis en 2001, il doit toutefois la sacrifier cette seconde fois, Samuel et Nantes étant prioritaires. Durant ces années, la bataille interne est rude, voire violente, nous sommes la jeune garde qui entend dépoussiérer le Front, nous sommes la bête noire des caciques libéraux, le clan Mégret, puis Stirbois, Lang, Bild, Gollnisch , réussit par manœuvre à couper les têtes proches de Marine, lors du Congrès de Nice de 2003, c’est la déroute. En 2004, il est à nouveau candidat aux régionales en Loire-Atlantique, mais Samuel et lui, en tant que Lepénistes et proches de Marine, sont la cible principale du MNR, qui leur fait perdre leurs sièges. Philippe perd ses derniers appuis, Marine et JMLP sont obligés de le sacrifier pour ne pas se voir déstabiliser eux-mêmes. Philippe est éjecté sans merde ni merci. Un mois avant les régionales, il avait dû choisir entre sa réintégration au Ministère, sa période de disponibilité prorogée prenant fin, ou continuer l’aventure. Il ne se voyait pas abandonner le pont en pleine tempête, tout en sachant pertinemment la bataille plus qu’incertaine. Il savait les chiffres, savait la région inaccessible cette fois-ci, mais croyait au militantisme, au travail sur leur bilan, il fit ce qu’il avait toujours fait, tracter et militer sous toutes ses formes comme un fou. Marine, connaissant le risque, me place en position éligible sur sa liste aux régionales après avoir proposé une place à Philippe, qui n’entendait pas disjoindre sa fonction de ses attaches. Je suis obligée d’accepter, je dois le dire aujourd’hui, avec colère, j’allaitais encore ma fille qui venait de naître, je ne voulais pas de cette place. Sans compter que je travaille à mon domicile, notamment en tant qu’Assistante maternelle agréée, ce qui me permet d’élever mes enfants. Mais il faut obéir. En vain. Ni lui ni moi ne passons le cap. Nous nous retrouvons sans rien du jour au lendemain, sans chômage, Philippe percevait son indemnité de Conseiller ainsi qu’un salaire variable en CDD reconduits … pendant une dizaine d’années pour servir le Front 24H/24, collaborer à NH et diriger sa SARL des Editions Objectifs France pour le Front (maison d’Editions qui permettait au Front d’éditer des livres gratuitement, ce qui était d’ailleurs très mal vu des éditeurs vautours qui gravitaient avant sur le pactole national, et qui voulaient évidemment aussi sa peau. Ils se confondaient comme par hasard admirablement aux réseaux libéraux). La SARL a des dettes, importantes, auprès d’imprimeurs, un procès est en cours parce que Jany le pen avait assuré que la photo de couverture de Sos Enfants d’Irak, faite pas un de ses proches, était libre de droit, Philippe n’a pas osé vérifier (on ne remet pas en cause une telle parole), résultat, le gars fait un procès réclamant des sommes colossales. Notre maison doit être vendue en urgence et à perte, je ne peux plus exercer mon métier, lui se retrouve sans rien du jour au lendemain, plus les dettes. Il vacille, ne rentre plus à la maison. En, juin-juillet 2004, je l’avertis que je devrai partir s’il ne revient pas. Je cherche des solutions, mais il est au fond du trou et n’écoute même pas. Fin août, je suis obligée de partir. J’ai un ulcère d’estomac très douloureux que je ne soigne pas bien, je n'ai pas le temps, je dois m’occuper de mes enfants, le dernier vient de naître. Je loue une voiture, et pars avec mes quatre enfants et une valise, et je fais 800 km d’une traite jusqu’à Nice où je peux vivre dans une cave pendant une année. Je vis de mon Congé Parental, d’Education qui s’avère en dessous du RMI pour une femme seule avec quatre enfants à l’époque. Je n’arrive pas à dormir la nuit tant la douleur me ronge, mais il faut faire face quand même, mes enfants sont scolarisés, le deuxième entre au CP, je lui ai appris à lire pendant les vacances et il faut suivre cette année rigoureusement. Ma troisième entre à la maternelle et j’ai mon quatrième bébé. Occupée par le quotidien qui s’enchaîne, j’arrive à leur faire mener une vie normale, je prends des médicaments, mais rien n’y fait. Je n’ai heureusement mal que la nuit, je dors de dix heures du soir à minuit, puis de cinq heures à sept heures, impossible de dormir entre tant les douleurs sont intenses. Une nuit, une douleur plus vive encore et je pars, je suis hospitalisée d’urgence (je sus peu après que des calculs pénétraient dans le canal hépatique et y jouaient au yoyo, le passage dans le canal hépatique est une des douleurs les plus aigues qui soient. Ensuite, le canal qui se bouche provoque une cirrhose). Mais à l’hôpital Saint-Roch, ça cafouille, le chirurgien, averti par mon aimable mère que je vis des moments difficiles, me dit que tout est dans la tête et me conseille un psychiatre. Ma sœur m’a raconté ensuite que j’avais eu de la chance de sortir vivante, que ce chirurgien était l’ennemi juré de son mari après que celui-ci soit passé au journal de Claire Chazal pour une opération en chirurgie de la main qu’il était le seul à maîtriser. Dès le lendemain, je suis vue par un autre médecin, pancréatite, il me dit qu’il ne me reste qu’une heure à vivre si on n’intervient pas, je suis opérée par un cancérologue dans la foulée. Mon ulcère avait totalement dégénéré en gagnant plusieurs organes. Mon père était en Chine à ce moment-là. Le père de mes enfants vient les chercher et les emmène chez sa mère à La Baule. Je reste une quinzaine de jours à l’hôpital, puis suis hospitalisée à domicile. Je risque une embolie en cas d’effort, et je suis paralysée au niveau du diaphragme, ce qui m’empêche de me relever, et sans que les médecins puissent me dire si cela se résorbera. Je retrouve mes enfants, un mois après, je revis et ai récupéré totalement. La vie semble depuis d’une facilité extrême. Je cherche un logement en Loire-Atlantique pour me rapprocher du papa, un mois après, je suis installée dans une petite maison avec jardin à Thouaré-sur-Loire à dix minutes de Nantes, grâce aux aides au logement et aux prix des loyers peu élevés. J’ignorais tout à l’époque des aides sociales, j’étais bien allée voir une assistance sociale, mais celle-ci m’avait reçu froidement en disant qu’étant donné qui j’étais (j’ignorais qu’elle me connaissait), elle ne m’ouvrirait même pas de dossier. Elle ignorait que personne ne m’aidait, ma mère me fournissait bien une cave, mais je payais, et nous ne pouvions pas vivre en campement à cinq indéfiniment, et la peur de ma mère face à ma situation, et son aigreur vis-à-vis de mon père dont elle était divorcée, de celui de mes enfants, l’avait rendue encore plus méchante que d’ordinaire, notre relation atteignait un point de non-retour. Il est vrai que l’assistante sociale devait savoir que mes parents, chacun de leur côté, possédaient largement de quoi me loger, ma mère possédant deux maisons juste à côté de sa permanence, dont une qu’elle réservait aux enfants de son ami. Quant à mon père, il regardait cela de loin, les trucs des enfants, ça n’a jamais été son inquiétude. Mais je n’y étais pour rien et cela ne faisait pas avancer ma situation, d’autant que pour rien au monde je ne voulais dépendre de l’un d’eux. Le temps passe vite et une fois mon denier enfant scolarisé, je trouve du travail petit à petit, que j'adapte aux emplois du temps de mes enfants, et n’ai plus qu’à jongler avec une vie qui ressemble à plusieurs parties de ping-pong au cours desquelles il ne faut sous aucun prétexte perdre la balle. Mais ça me convient. J’aime ce rythme, cette responsabilité, et mes enfants sont tellement merveilleux que je mène une vie qui me semble être des plus belles. Mon aîné vient d'être intégré au dispositif (même s'il a préféré décliner l'offre) Brio de l'Ecole des Mines de Nantes, Centrale Nantes et SupAgro, qui repère des dossiers des élèves boursiers capables de suivre les classes préparatoires. Ils travaillent tous très bien et sont très faciles à vivre, ils ne m'apportent que de grandes satisfactions. A la Trinité, je n’avais pas renoncé à mes activités politiques, et c’est logiquement que je les reprenais à mon retour en Loire-Atlantique où je connaissais parfaitement la fédération. Les nouveaux tenanciers me firent certes payer leur ancienne jalousie en ne faisant plus les lèche-cul qu’ils étaient du temps où Philippe était aux responsabilités. Il a bien fallu que je me plie à la débilité d’illettrés qui se trouvaient à la place par le plus grand des hasards, mais je ne militais pas pour eux, je passais outre, même s‘il fallait assumer cette situation surréaliste et affligeante quand on a un minimum le souci de sa mission vis-à-vis de la population. Toutes ces choses étant indépendantes de ma volonté et échappant même à une direction nationale dépassée et sans moyen, on a fait avec. Il y aurait un livre cynique à écrire sur le sujet, mais je n’ai pas envie de faire l’effort de le coucher sur le papier. Je peux me permettre de traiter directement avec le siège du Front, je milite souvent seule dans une fédération fantôme avec mes propres moyens. La vie politique s’enchaîne comme auparavant, à une vitesse folle, une élection en chassant une autre. Mais au fur et à mesure des élections et des études des dossiers, l’envie croît, l’assurance aussi, consolidée par des recherches qui m’amènent toujours plus loin. J'écris pour Marine Le Pen sur le site Nations Presse Info et dans Nations Presse Magazine. Papiers qui me valent autant de soutiens que de virulentes attaques bientôt suivies de censures. Je pense devoir ma relative bonne position au Comité Central à ce travail et alors que je n'occupe aucune place vraiment déterminée au sein du mouvement. J’écris de plus en plus, même si mes papiers ne doivent pas prendre plus de temps que je n’en ai le matin et le soir avant et après le travail, les enfants, les repas, la maison, et le militantisme de terrain, mais je dis l’essentiel de ce que j’ai envie de dire, et qui ne se trouve en général pas ailleurs, hélas. J’ai atteint un stade où peu de personnes peuvent comprendre et me suivre mais ce n’est pas grave, il faut bien que quelqu’un fasse le travail. J’ai démissionné de toutes mes responsabilités au sein du Front en novembre 2011 suite au premier voyage officiel de Marine, aux USA auprès de différents lobbies et du Tea Party dont je tiens l‘idéologie pour notre principal ennemi. La suite me donnera raison, Marine se met à la traîne de ces réseaux, je ne peux pas faire autrement que de les dénoncer. J’avais été élue deux fois au Comité Central, mais sur injonction de Marine, je sais que ça ne sert à rien qu’à une tambouille de forces ponctuelles tout aussi dérisoires que nous en sommes les marionnettes impuissantes. Ca ne sert qu’à ceux qui veulent faire un semblant de carrière -si précaire et ridicule au Front- et où on se demande qui détient vraiment un réel pouvoir. Je préfère nettement ne pas me compromettre dans ce qui ne me correspond pas. Et ce d’autant que je persiste à croire contre vents et marées, que la politique propre, honnête, cohérente peut exister, que c'est même le sens du politique, qu’il s’agit de volonté, que c’est le sens même du politique, et que l’inverse ramènera toujours à une justice immanente qui nous rendra ce que nous y apportons. Pour plus de détails, mes textes, dont on me pardonnera qu’ils soient toujours écrits dans l’urgence mais avec sincérité, permettent de comprendre mon cheminement actuel.