Devant l’offensive actuellement menée par l’association SOS Education, il convient de réagir. Sachant que l’on marche sur des œufs puisque suivant une logique venue d’outre-Atlantique, elle attaque en justice quiconque s’intéresse de trop près à sa filiation.
Quelle étrange manière a-t-elle pourtant d’envoyer une pétition destinée à défendre la politique familiale française, en anglais ! Et quelle étrange coïncidence entre la politique éducative qu’elle préconise et celle menée aux Etats-Unis avec l’idée d’un réseau d’établissements indépendants sur la base d’une chartre minimale imposée par l’Etat. Ils souhaitent la mise en place d’écoles distinctes pour les enfants de « ceux qui ne lisent pas les mêmes journaux, ne votent pas pour les mêmes partis, n’ont pas les mêmes genres et styles de vie, etc. »
Vision ultralibérale de l’éducation, on ne s’étonnera donc pas qu’elle propose une prochaine conférence avec Yvon Gattaz, ancien président du MEDEF, à la questure de l’Assemblée Nationale, où elle a donc ses entrées. Cette association rend un diagnostic correct du niveau catastrophique actuel des élèves. Mais comme certains le préconisent au niveau de l’OCDE ou de l’OMC, elle pourrait profiter de cet échec pour faire disparaître le service public de l’éducation nationale, celui qui , a priori devrait consister en une école républicaine forte, capable de transmettre à tous les élèves, quelles que soient leurs origines, sociale, confessionnelle, culturelle, un patrimoine commun de connaissances, une instruction qui serait un véritable ciment de la Nation et qui permettrait la promotion sociale de chacun. SOS Education arrive à exercer une certaine pression sur les gouvernements ( mais bien sûr, les lobbies n’existent pas en France), ainsi se vente-elle d’avoir abouti aux prises de position de Gilles de Robien sur les méthodes de lecture, avec toutefois le succès que l’on sait dans la pratique.
Nos ministres de l’Education nationale ne sont que des pantins et les mêmes causes ayant les mêmes mes effets, c’est aujourd’hui Xavier Darcos qui tente une courte offensive, nous verrons ce qu’il en restera. Je peux témoigner du fait que la plus pure des méthodes globales sévit encore dans nos écoles, de la maternelle jusqu’au CP où l’on apprend les mots entièrement globalement avec le système des étiquettes, à laquelle vient se substituer la méthode dite semi-globale vers le deuxième trimestre du CP, qui relève du même apprentissage global qui consiste à partir de l’objectif que l’on devrait atteindre au lieu de partir du plus petit élément vers le plus complexe qui est le seul moyen de structurer le cerveau correctement, nous sommes biologiquement construits ainsi. La fronde de tous les syndicats de l’Education Nationale, ainsi que les associations de parents d’élèves est en marche.
Associations de Parents d‘élèves, c‘est-à-dire des « indépendants » de gauche comme des « indépendants » de droite, puisque chacun est sommé de croire à leur indépendance totale sous peine d’être taxé des pires tares possibles. Pourtant essayer donc de seulement émettre un avis divergents dans leurs pseudo réunions démocratiques. Ceci dit le risque n’est pas grand de voir un parent d’élève sortir de la pensée unique et il est assez pénible de constater que l’on est toujours assez isolé pour ne pas dire complètement lorsqu’on émet la moindre contradiction .
Et voir que le mécontentement peut être récupérer par des personnes très peu motivées par le sort de l’école républicaine comme nous l’entendons est tout aussi préoccupant. Prenons quelques points techniques sur les programmes du primaire où le rôle de l’instruction de l’enfant est fondamental :
- la semaine des quatre jours : une idée où les partisans du " apprenons moins" et ceux du « économisons plus » se rejoignent, sur le dos des enfants car d’une part, il paraît aberrant de ne travailler que quatre jours sur sept, quatre jours et demi , ce n’était pas la fin du monde. Certaines familles en profiteront judicieusement pour faire travailler leurs enfants tandis que d’autres n’auront que le choix de rester devant un écran, accentuant le différentiel de niveau. D’autre part, les spécialistes ont émis des critiques quant aux rythmes du sommeil de l’enfant, qui se levant plus tard deux jours consécutifs est perturbé biologiquement . Les parents qui profitent des RTT pour partir reviennent avec des enfants très fatigués. Et le papa des familles déstructurées qui ne prend l’enfant qu’un week-end de temps en temps, est déresponsabilisé puisqu’on réserve la charge de la vie scolaire à la maman pour la grande majorité des cas. Accordons que dans la vie menée actuellement, ce sont trois heures où certains enfants, dont les parents ne travaillent pas le samedi , peuvent passer plus de temps en famille.
- la réorganisation des horaires : beaucoup de bruit pour rien car le nombre d’heures de français et de mathématiques, qui sont les matières fondamentales, stagne ou baisse !!! (8,8 heures contre 8,4 en français avec même une baisse au CP ! 5 heures contre 5 heures 30 en mathématiques) Or, la maîtrise de la langue est la base de tout, elle est la base de l’accessibilité à toutes les autres matières. De nombreuses études scientifiques incontestées le montrent. Il faudrait au moins rétablir la base des 10 heures par semaine. Jack Lang qui prétend une moins value culturelle parce que compte tenu de la réduction du nombre d’heures du samedi et l’introduction de l’étude de l’histoire de l’art (chaque ministre veut imposer sa patte), il restera effectivement moins de temps pour un tas de projets superflus - prêt-à-penser, vendus clés en main - chers au ministre le plus bling-ding de sa génération ; n’oublions pas qu’il a voulu , avec Philippe Mérieu, la disparition de l’étude de la grammaire car elle était prétendument inégalitaire !!! Monsieur BLED, dont on devrait honorer le nom en a eu le bien triste spectacle avant de mourir. La grammaire, pour laquelle nos ancêtres érigeaient des statues, est la base même de l’instruction.
- le retour de la grammaire: ce point voudrait qu’à lui seul, nous soutenions le projet Darcos. Même si cette réintégration n’est que parcellaire, son apprentissage, défini par une progression rigoureuse avec la réintroduction de notions qui n’étaient plus étudiées, est une grande bouffée d’oxygène. (A l'heure où j'imprime ce texte, nous apprenons que le ministre vient de faire marche arrière sur ce point !!! )
- les leçons de morale : c’est l’instruction qui éduque. La barbarie s’est installée dans nos écoles proportionnellement à la baisse de son niveau d’instruction. L’éducation devrait rester l’œuvre des familles mais l’école doit se doter de règles à respecter sous peine de sanctions effectives pour se protéger, tous les discours en la matière ne sont souvent que du théâtre. (Face aux derniers coups de couteaux dans le collège de Lyon, le CPE promet... une "charte pour la paix"qui viendra faire doublon avec le blabla du débat scolaire qui lui aussi n'a cessé de croître proportionnellement aux dites "incivilités". On a les enfants qu'on mérite.)
- suppression de postes, cours de soutien : bien sûr, les enseignants s’indignent dès lors qu’on touche à leurs conditions de travail, dont la baisse est toute relative. Ils s’attachent de toute façon plus à des choses secondaires qu’au principal, il me semble que le plus important dans ce noble métier est le niveau d’instruction donné aux élèves. Quand on voit ce qu’il est, on devrait d‘abord se battre contre ce déclin qui s'est initié depuis trente alors que le budget de l’Education Nationale n’a cessé d’augmenter durant la même période, où est l'erreur ?
Oriane Borja
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