Comme moi, vous regardez et appréciez peut-être la diffusion du traditionnel Concert du Jour de l'An qui s'est déroulé cette année 2014 à la Fenice de Venise.
A la baguette, Diego Matheuz.
Le jeune chef d'orchestre, 29 ans, a bénéficié d'El Sistema, programme public vénézuelien qui sort les enfants de la pauvreté par la musique et la pratique orchestrale, hélas financé par les banques de Washington contre (= en échange de) l'ouverture de marchés commerciaux.
Dans l'histoire, le pauvre Chavez fut encore le dindon de la farce, tout son système éducatif est gangrené par l'Empire.
J'avais expliqué comment il était enrôlé dans le LifeLong Learning mis en place par l'oligarchie industrialo fiancière et comment les logiciels de Murdoch se chargeaient d'"éduquer" les petits vénézuéliens à qui on a offert si gracieusement des millions d'ordinateurs ...
A travers cet exemple, nous voyons le jeu pernicieux du Système qui, d'un côté, permet une merveilleuse façon de révéler des talents, tout en organisant de l'autre versant, les moyens d'asseoir encore et toujours une pauvreté via un système économique qui la génère.
Le sujet me touche beaucoup puisque j'ai à la maison, une petite fée violoniste qui a intégré un orchestre des bords de Loire.
L'exercice est intéressant et encourage des progrès effectifs pour les enfants les plus motivés.
En France, le prix de l'accès à la culture musicale est extrêmement variable.
J'avais inscrit mes deux premiers enfants dans des écoles de musique quand j'habitais en région parisienne, le coût était très élevé.
Quand j'ai déménagé pour rejoindre ma commune natale de la Trinité (Nice), le coût était dérisoire pour un professeur bien plus qualifié que celui que nous avions à Neauphle-le-Château.
A Thouaré-sur-Loire où nous sommes à présent, l'investissement est conséquent et les places chères dans tous les sens du terme puisqu'elles sont rares, il est pratiquement impossible de trouver une place pour faire du piano.
Autant, je trouve ridicule -parce que la discipline est exigeante et ne souffre pas la légèreté- de vouloir introduire la musique en classe de primaire autrement que via la petite chorale des kermesses de fin d'année, autant il serait formidable que l'Etat aide au financement de cet accès réservé à ceux qui en ont les moyens (et même si les associations reçoivent quelques subventions, ce n'est pas suffisant).
Donner les moyens à des enfants non motivés par cette discipline rigoureuse est stupide, les cours du Collège sont suffisants.
En revanche, empêcher pour des raisons économiques les éléments les plus appliqués de pénétrer ce monde si intense en émotions que procure la musique, est barbare.
Je suis fière de faire tous les efforts du monde pour donner cette grande joie à ma petite fille qui est boursière et ne bénéficie d'aucun tarif préférentiel, mais j'ai eu peur de ne pas pouvoir lui permettre de continuer de suivre ses cours qu'elle mérite tant.
Changer trois cordes coûte plus de quarante euros ...
J'aimerais que mon pays offre un visage plus civilisé aux enfants de France qui désirent jouer d'un instrument quels que soient les moyens financiers de leurs parents.
Les Conservatoires nationaux appliquent déjà ce principe, mais ils ne sont géographiquement pas accessibles aux jeunes enfants dont le ou les parents travaillent et qui ne peuvent accompagner leurs enfants loin de chez eux.
En tout cas il faut réfuter l'idée de Chèque culture comme celui de chèque éducation que proposent les lobbies américains en France.
Les structures publiques et les normes nationales doivent être encouragées, le royaume où l'on devient client d'une prestation éducative la fait dégénérer, le client-roi demande des méthodes spéficiques en général adaptées à la fainéantise des enfants-rois eux-mêmes.
L'on voit ainsi les cours de musique devenir des foutoirs parce que les parents demandent autre chose que des véritables cours, poussant les professeurs vers le toujours plus ludiques et le moins-disant disciplinaire s'ils veulent garder leurs clientèles.
Du reste, les activités éducatives et culturelles ne doivent pas faire l'objet de profit, l'éducation de nos enfants de doit pas être un marché et doit être accessibles à tous.
Quant au financement philanthropo-éducato-affairiste du genre de celui que les Américains et les multinationales distillent sur la planète, on sait ce qu'il signifie. Il est impératif de la même manière de ne pas (plus) laisser le marché se mêler d'éducation nationale.
Il en va là, encore et toujours, d'une différence essentielle entre la mentalité anglo américaine et l'esprit français.