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Textes externes - Page 7

  • Égypte : quand le Wall Street Journal souhaitait l’émergence d’un Pinochet … remake de la stratégie de choc des Chicago Boys ? (Elisabeth Studer)

    pinochet-democraty-300x213.jpg"On ne pouvait trouver meilleur indice pour confirmer nos soupçons d’un lien éventuel entre la stratégie du choc menée par les USA au Chili via Pinochet et les événements actuels en Égypte.

    Comment ? via le Wall Street Journal lui-même. Lequel, en début juillet, affirmait ni plus ni moins qu’il fallait « un Pinochet en Egypte ».

    Manière en quelque sorte d’indiquer que les théories des Chicago Boys et de Mielton Frideman pourraient être appliquées à l’heure actuelle en Égypte, dans une stratégie du choc ? … laquelle permettant  une meilleure acceptation  de nouvelles règles économiques par les populations « choquées ».

    En vue – au final – d’ouvrir la voie à un libéralisme accru, et à la privatisation des richesses du sol et sous-sol – voire off-shore – du pays. Et ce, alors même que d’immenses réserves gazières viennent récemment d’être découvertes au large de ses côtes, ressources sur lesquelles Chypre et Israël semblent vouloir afficher leur suprématie, au grand dam, des pays environnants tels que Egypte, Liban, SyrieTurquie …

    En tout état de cause, rappelons que le 4 juillet dernier, le Wall Street Journal affichait en guise d’éditorial – non signé – que « «Les Egyptiens seraient chanceux si leurs nouveaux généraux s’avéraient être de la trempe d’Augusto Pinochet au Chili, qui arriva au pouvoir en plein chaos mais engagea des réformateurs libéraux et instigua une transition démocratique. Si le général Abdel Fattah al-Sisi essaie de restaurer l’ordre de Moubarak, il souffrira au bout du compte du même destin que Morsi.»

    Il est vrai qu’à la mort de Pinochet lui-même, en 2006, Forbes s’insurgeait contre la nécrologie du New York Times jugée trop sévère. Regrettant de devoir « vraiment chercher » dans l’article du New York Times « pour trouver un mot sur le fait que Pinochet a sauvé le Chili du chaos économique infligé par son prédécesseur socialiste, Salvador Allende.»

    Lequel éditorial rappelait que le général Pinochet avait pris le pouvoir le 11 septembre 1973 lors d’un coup d’Etat sanglant qui a renversé le gouvernement marxiste du président Salvador Allende. Précisant qu’il avait « ensuite mené le pays dans une ère de croissance économique ». Mentionnant tout de même au final que « sous sa présidence plus de 32.000 personnes ont été exécutés ou ont disparu et des milliers d’autres ont été détenues, torturées ou exilées.»

    Dans son ouvrage intitulé « La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre », la journaliste canadienne Naomi Klein fournit quant à elle les éléments détaillés d’une enquête édifiante sur le dévoiement du capitalisme depuis plus de trente ans.  Naomi Klein remontant tout d’abord aux années 50, période durant lesquelles, un universitaire américain de Chicago, Milton Friedman avait mis au point une doctrine économique reposant sur un capitalisme sans entrave, que l’Etat, les services publics et même la volonté politique ne pourraient freiner.

    Cette doctrine ne pouvant néanmoins être mise en œuvre qu’à la « faveur » d’un « choc » émotionnel et brutal, volontaire ou non, frappant les peuples et offrant une voie royale pour l’émergence d’un libéralisme sauvage dans tous les sens du terme.

    Milton Friedman devra ainsi attendre  1973 pour voir  sa doctrine confrontée avec la réalité économique et politique d’un pays en voie de développement … le Chili.  Rappelons que le 11 septembre 1973,  le général Augusto Pinochet  arrivait au pouvoir dans le pays, à l’issue d’un coup d’Etat militaire. Renversant alors la sociale-démocratie du président élu démocratiquement, Salvador Allende.

    Si certes le gouvernement déchu dérangeait quelque peu les intérêts de Washington, le coup d’Etat aura offert l’opportunité à une équipe de jeunes économistes sud-américains formés à l’école de Milton Friedman de s’implanter au plus haut sommet du pays.  Lesquels, surnommés les « Chicago Boys » mettaient alors les bouchées double pour appliquer leur nouveau credo néolibéral basé sur la privatisation, la déréglementation et la réduction des dépenses sociales.

    Cette recette économique allait toutefois se trouver rapidement indigeste pour la population chilienne, entraînant des dégâts considérables pour l’économie du Chili : inflation des prix de presque 400%, flambée des prix des denrées alimentaires de base, privatisation des entreprises publiques au profit de multinationales …. souvent américaines, sans condition de réinvestissement dans le pays ni obligation d’embaucher de la main-d’oeuvre locale, explosion du chômage, délabrement des services comme la fourniture d’eau potable et d’électricité, mais également médecine et hôpitaux publics 

    Le principe de base ? Le chaos économique et social résultant de l’application de la doctrine des « Chicago Boys » n’aurait jamais pu se faire sans le soutien d’un régime dictatorial, ce dernier faisant usage de ses moyens militaires et policiers sa force pour soumettre les citoyens à la nouvelle politique. Les syndicats et les mouvements de gauche étant réprimés férocement, leur opposition au diktat des conseillers économiques d’un nouveau genre leur ayant été fatale.

    Milton Friedman nia quant à lui jusqu’au bout ses responsabilités dans la mise en place d’un Etat fasciste. Estimant parallèlement que Pinochet ne fut pas assez dur dans l’application de sa doctrine économique, ce dernier changeant de cap au final, le chaos économique menaçant son propre régime."

    Sources : WSJ, Reopen911, AgoraVox, Naomi Klein « La Stratégie du Choc »

    Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 17 aout 2013

  • L'école de la françaméricaine

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/07/26/a-l-ecole-francaise-des-liberaux-conservateurs_3452554_823448.html

     

    Le Monde.fr | 26.07.2013 à 12h39 • Mis à jour le 29.07.2013 à 18h33 |Par Samuel Laurent

     

     

    A gauche, Alexandre Pesey, fondateur de l'IFP, à Washington avec des étudiants, dans le cadre de la bourse Tocqueville.

     

    "De la falsification du mariage à l'eugénisme" ; "Une imposture intellectuelle, le keynésianisme" ; "Apprendre à aimer la France"... Si vous êtes jeune, de préférence d'une sensibilité politique plutôt à droite, et prêt à régler une somme modique, voilà quelques-uns des cours auxquels vous pourrez assister dès septembre lors du prochain séminaire de l'Institut de formation politique (IFP).

    Avec un petit local administratif à Sèvres (Hauts-de-Seine), dans la proche banlieue parisienne, et un site Internet affichant l'objectif de l'école"former des jeunes pour redresser la France", cette petite structure n'est pas la plus connue des formations parisiennes. Pourtant, l'IFP, qui fêtera en 2014 ses dix ans d'existence, a formé plus de 600 jeunes à "rejeter l'interventionnisme économique et le relativisme moral" et à "servir [leur] pays".

    "Media training", cours de rhétorique, ateliers-débats, conférences... Parmi les centaines d'"auditeurs" qui ont suivi les week-ends de formation de cette petite structure – qui ne délivre pas de diplôme, on trouve quelques figures de la lutte anti-mariage gay, comme Samuel Lafont, ancien responsable national du syndicat étudiant de droite UNI, ou Vivien Hoch, jeune militant très actif dans les sphères radicales des anti-mariage gay comme le Printemps français. Il confirme : "Parmi les dirigeants de la Manif pour tous, certains sont sortis de l'IFP. Lorsqu'on a eu les premières interpellations, il y avait pas mal d'auditeurs de l'école, dans les 'paniers à salade [fourgons de la police]'!"

    "AMBIANCE LIBÉRALE-CONSERVATRICE"

     


     

    L'IFP ne s'en cache pas : elle se destine essentiellement à des jeunes qui se situent politiquement à droite. "Il n'y a pas de corps doctrinal"assure Alexandre Pesey, cofondateur et directeur de la structure. Mais il assume que l'IFP ait des valeurs comme "la primauté de la personne, l'attachement aux corps intermédiaires, aux racines, pas spécialement racines chrétiennes, mais l'ordre naturel des choses, la nature humaine".

    Il suffit de consulter les programmes des sessions de formation et leurs intervenants pour comprendre comment ces valeurs sont mises en avant. Deux aspects sont très travaillés : l'économie et les questions de société. Pour le premier, les personnes qui interviennent sont le plus souvent issues d'une sensibilité économique assez fortement libérale. Pour la session de septembre, les intervenants seront par exemple Nicolas Marques, économiste associé à l'institut Molinari, d'orientation résolument libérale, ou encore Agnès Verdier, duthink tank libéral Ifrap (Institut français pour la recherche sur les administrations publiques), proche des Contribuables associés

    Mais l'IFP fait aussi la part belle à des représentants de divers courants conservateurs. Le prochain séminaire de niveau 1 réunira ainsi Arnaud Gasset, invité régulier des "camps de la Rose blanche" (PDF) de la fondation "Liberté politique", engagée dans la lutte contre le mariage gay et dans la volonté depropager les idées de l'Eglise ; Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, là encore d'inspiration chrétienne, et qui lutte contre l'IVG et l'euthanasie ; Alexandre del Valle, essayiste et géopolitologue, cofondateur du courant de La Droite libre, un courant situé très à droite au sein de l'UMP, et aux positions résolument pro-israéliennes et peu islamophiles ; Renaud Dozoul, assistant parlementaire du sénateur de Paris Pierre Charon et directeur de l'Observatoire de la christianophobie, ou encore Ludovine de la Rochère, présidente du collectif Manif pour tous et ancienne porte-parole de la fondation Lejeune. Des personnalités toutes classées à droite, et toutes situées dans ce qu'on appelle la "cathosphère", la défense des idées, valeurs et traditions chrétiennes.

    UNE ÉCOLE FONDÉE POUR DIFFUSER DES VALEURS LIBÉRALES

    Universitaire, auteur d'une thèse sur les mouvements conservateurs américains, et ancien journaliste à Washington, le directeur de l'IFP, Alexandre Pesey, est l'un des trois cofondateurs de l'école. Avec ses deux associés, Jean Martinez, avocat et initiateur du collectif Liberté j'écris ton nom, qui protestait contre les mouvements sociaux de 2003 ; et Thomas Millon, chef d'entreprise lyonnais et fondateur en 2002 de Duel, une association qui organisait des débats entre étudiants, ils se sont rencontrés à l'occasion d'actions menées par quelques jeunes étudiants de sensibilité libérale, un mouvement alors très peu représenté en France.

    Alexandre Pesey a passé une partie de ses études à Washington, où il a découvert les think tanks, structures encore inconnues en France à cette époque.Un vieux reportage du site Salon.com le cite, en 2003, lors d'une réunion de jeunes militants du Parti républicain. Surtout, lui et ses deux associés font partie d'une génération de jeunes diplômés qui s'enthousiasment pour les thèses "ultra-libérales" alors surtout en vogue aux Etats-Unis, mais peu développées en France."On a fait le constat qu'il n'y avait pas de lieu où se former et rencontrer en direct des intellectuels, experts, entrepreneurs, mais avec une ouverture à toutes les sensibilités", explique M. Pesey.

    C'est Bernard Zimmern, l'un des fondateurs de Contribuables associés, puissante association qui lutte contre la fiscalité, qui va aider les trois jeunes hommes àmonter leurs structure, une association, en leur ouvrant ses réseaux. "On a commencé à organiser une formation, puis trois, puis six, puis huit, ainsi de suite,s'amuse M. Pesey. Aujourd'hui, on en est à douze week-ends de formation par an." Si l'école insiste sur le fait qu'elle n'est affiliée à aucun parti, et si les statuts de l'association interdisent à un dirigeant d'exercer des responsabilités politiques, le public des formations est assez souvent un public militant, qui varie en fonction de l'actualité. Cette année, confirme M. Pesey, "le phénomène 'Manif pour tous' nous a amené un grand nombre d'étudiants, au point qu'on ne peut pas faireassez de séminaires". 

    Ceux-ci sont d'un coût modique : moins de cent euros pour un week-end de trois jours de formation. "Nous ne sommes pas chers", reconnaît M. Pesey, qui précise que les frais d'inscription ne financent que 20 % de l'activité de l'IFP, les 80 % restants étant assurés par des dons. "Ce ne sont ni des entreprises ni des fondations, mais des individus", assure-t-il, promettant qu'il n'y a "aucun gros mécène". Certains donateurs sont sollicités pour "parrainer" un étudiant. Quant aux intervenants, ils le sont en général à titre bénévole. 

    TRÈS À DROITE ?

     


     

    A l'UMP, on ne voit pas forcément d'un bon œil cette formation, qu'on juge "trop à droite", et plus proche des idées de l'UNI, le syndicat étudiant de droite, indépendant du parti tout en en restant proche. M. Pesey tempère : "On dit à nos étudiants 'engagez-vous, quelle que soit la forme d'engagement, allez-y', mais on ne leur donne aucune piste particulière. Cependant, lorsqu'on reçoit des intervenants, ils viennent échanger avec eux de façon assez informelle." Militant très engagé dans la Manif pour tous, Vivien Hoch, qui a suivi plusieurs week-ends de formation depuis trois ans, l'assure, "même si ce n'est pas revendiqué, l'ambiance est clairement libérale-conservatrice". 

    Les intervenants, eux, sont marqués à droite, voire très à droite. Proche des thèses libérales au départ, l'école a développé ses liens avec divers acteurs de partis ou de mouvements conservateurs sur le plan social. Fin 2012, Maxime Tandonnet, ancien conseiller immigration à l'Elysée, proche de Patrick Buisson, venait parler immigration. Jean-Yves Le Gallou, figure historique de l'extrême droite, est venu évoquer les médias, quand Yvan Blot, cofondateur avec M. Le Gallou du Club de l'horloge, l'un des creusets de l'extrême droite moderne, a échangé avec les auditeurs autour de la "démocratie directe", son dernier cheval de bataille. On peut encore citer Dominique Venner, autre "vieux sage" de l'extrême droite française, passé à la postérité en se suicidant par balle à l'intérieur de Notre-Dame-de-Paris, le 21 mai, qui était venu présenter un ouvrage en 2010."C'est un intervenant comme nous en avons trois cents", justifie M. Pesey.

    "L'accusation de radicalisme ne m'étonne pas, renchérit Vivien Hoch, "on est peut-être trop à droite pour certains, mais nous on se bouge." Pour le jeune militant, les valeurs qu'enseigne l'IFP la situent dans "les lignes de séparation actuelles au sein de l'UMP", entre tenants d'une droite plus modérée et partisans d'une "droite des valeurs", dans la ligne suivie par Patrick Buissonconseiller de Nicolas Sarkozypour la présidentielle. L'école, en tous cas, prépare ses étudiants à l'action politique. On y apprend à "faire un tract, un discours, écrire pour d'autres"... 

    LA "CATHOSPHÈRE" ET ICHTUS TRÈS REPRÉSENTÉS

    Plus récemment, l'IFP a fait la part belle à la "cathosphère". En mars, les étudiants ont ainsi pu entendre Philippe Darantière leur "décrypter l'extrême gauche". Ancien para, ce personnage de la sphère traditionnaliste catholique est considéré, ainsi que l'avaient révélé Le Monde et Mediapart, comme l'un des grands inspirateurs, avec Béatrice Bourges, des actions du "Printemps français". M. Darantière, à l'instar de Mme Bourges, gravite autour d'une fondation baptisée Ichtus, héritière du mouvement contre-révolutionnaire d'extrême droite de la "cité catholique".

    En 2012, en marge de la formation, l'IFP proposait d'ailleurs aux étudiants d'assister à une réunion du "réseau juristes d'Icthus", qui réunit les femmes et hommes de loi proches de la fondation et de ses idées. Et en mars, Bruno de Saint-Chamas, président d'Ichtus, venait évoquer des "morceaux choisis pouraimer la France".

    On trouve dans les formations de l'IFP une bonne partie du noyau dur de la Manif pour tous : Aude Mirkovic, juriste qui a fourni nombre d'argumentaires anti-mariage gay ; Pierre de Balincourt, consultant en communication et porte-parole, de la "life parade", une association anti-IVG dont la campagne était soutenue par la fondation Jérôme-Lejeune, Alliance Vita et d'autres acteurs des mouvements "pro-vie" qui étaient aussi mobilisés contre le mariage ; Béatrice Bourges, chef de file du Printemps français, était intervenue en 2010 au nom de son "collectif pour l'enfant" ; Elizabeth Montfort, elle aussi figure des catholiques traditionalistes et adversaire déclarée du "lobby du gender" évoquait la question fin 2012 devant les étudiants de l'IFP.

    Et ceux-ci sont nombreux à s'être engagés dans la lutte anti-mariage. Il suffit, surFacebook ou Twitter, de croiser les mots-clés IFP et "Manif pour tous" pour leconstater.

    DES INTERVENANTS PARFOIS "LIMITE"

    Tous les formateurs de l'IFP ne sont pas aussi engagés ni aussi radicaux. Des économistes, des politologues plus "neutres" viennent également, de même quedes journalistes, par exemple Eric Le Boucher, des Echos, Guillaume Perrault, duFigaro, ou Raphaël Stainville (ancien de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles qui travaille désormais au Figaro magazine). Mais quelques thématiques sont abordées par le biais d'acteurs et de discours d'un genre particulier. C'est le cas des questions d'immigration et d'Islam.

    Outre Alexandre del Valle, auteur de textes violents contre l'Islam, on peut citer, sur les questions de sécurité, un membre de l'Institut pour la justice, organisation de victimes aux méthodes parfois douteuses, ou encore Anne-Marie Delcambre, islamologue et théoricienne de l'unicité entre islam et islamisme, et souvent citée par divers groupes d'extrême droite, ou Marie-Thérèse Urvoy, autre islamologue aux positions là encore très critiques sur l'islam, et régulièrement reprise par des groupes islamophobes comme Riposte laïque. "On va chercher des gens qui sortent des sentiers battus, qui présentent ce qu'on n'entend pas trop", explique M. Pesey.

    INSPIRATIONS AMÉRICAINES 

    "C'est une formation différente, un peu à l'américaine", se félicite Vivien Hoch, quand Alexandre Pesey reconnaît lui aussi que ce sont les think tanks américains qui l'ont amené à réfléchir à une formation "militante" comme l'IFP. Il a d'ailleurs monté, en parallèle, la "bourse Tocqueville", qui lui permet d'emmener quelques étudiants aux Etats-Unis.

    Le directeur l'assure : "Nous ne travaillons avec aucun institut [américain] en particulier." Les étudiants font un "circuit" dans plusieurs organisations, en général politiquement plus proches des républicains que des démocrates. "On a une cinquantaine de rencontres, avec les médias, les think tanks, c'est 'grand angle'", assure M. Pesey, qui précise que les think tanks en question ne financent pas ces voyages ni l'activité de l'IFP. 

    L'institut a pourtant bénéficié de quelques bourses et prix outre-Atlantique. Et l'épouse de M. Pesey a travaillé au sein du Leadership Institute, un think tank qui veut "identifier, entraîner, recruter des conservateurs dans la politique, le gouvernement et les médias", selon son fondateur, Morton C. Blackwell, conseillerdu président Reagan. Le leadership institute consacrait en 2012 une interview au directeur de l'IFP. La fondation Templeton, organisme fondamentaliste protestant et conservateur, qui finance des recherches créationnistes, a accordé un "Freedom Award" à l'IFP en 2008. On peut encore citer la Federalist Society, autre organisation conservatrice "libertarienne" (militant pour un Etat minimal), qui évoque dans son rapport annuel 2012 de "nouvelles relations" établies avec différents groupes, dont l'IFP.

    INFLUENCER LE DÉBAT

    Les parcours des anciens étudiants de l'IFP sont multiples et variés. "Certains vont dans l'entreprise, d'autres militent sur des sites, d'autres encore vonttravailler en politique, deviennent élus municipaux, collaborateurs d'élus, journalistes, associatifs, etc.", se félicite M. Pesey. "Ravi" du cursus, Vivien Hoch évoque aussi les mérites du "réseau de personnes sûres" constitué par les anciens de la formation. "On a ce réseau à disposition, y compris américain, on a les coordonnées de tous les anciens et des offres d'emploi dans des lettres mensuelles", explique-t-il.

    Récemment, l'école a créé un prix "Razel de la Toile", destiné à récompenser les étudiants qui agissent au moyen d'Internet. "Avec le Web, on peut être acteur tout seul ou à trois ou quatre", se félicite M. Pesey. Les sites récompensés de ce prix ont été le "pure player" libéral Contrepoints et le portail conservateur Nouvelles de France, qui comptent parmi leurs collaborateurs nombre d'anciens de l'IFP.

    Au final, que cherche à accomplir l'IFP ? Alexandre Pesey se défend de tout sectarisme. "On veut créer le débat en France, mais aussi à droite, où ce n'est pas toujours la tradition", explique le directeur. "Après, si les idées qu'on défend avancent, on ne sera pas plus mécontents." A l'heure où la "droitisation" divise l'UMP, et où l'on voit renaître un courant conservateur, notamment autour de questions des "valeurs", comme on a pu le voir lors des débats autour du mariage gay, les idées libérales et conservatrices de l'IFP semblent connaître un succès croissant. Ce dont se réjouit Vivien Hoch, pour qui l'école représente avant tout "un lieu où, enfin, la jeunesse de droite peut être libre et exister".
     

    Comment l'on retrouve toujours le patronat et l'atlantisme derrière La Manif Pour Tous :
    http://www.ndf.fr/poing-de-vue/20-03-2013/le-syndrome-de-boulanger#.UWKhaKuAuWc

    Catholique traditionaliste, présenté par son éditeur comme un militant « engagé dans le combat pro-vie et la défense de la famille », Darantière réclame, dans un livre écrit en 2005, une « action politique catholique » Selon sa fiche Linkedin, il travaille comme « expert en relations sociales et syndicales », après « trente années d’expérience en prévention des risques et des crises », en qualité de « directeur des études chez IST Social Entreprises », une « société de conseil, études et formation en relations sociales et sociétales ».

    L’Institut supérieur du travail est en réalité une structure liée au patronat de la métallurgie, bien connue pour avoir assuré la reconversion de nombreux militants d’extrême droite.

    Mais Darantière a surtout été commandant de compagnie de l’armée française et instructeur en opérations extérieures, en Afrique et dans l’océan Indien, ce qui lui vaut de solides amitiés dans les milieux mercenaires, et parmi l’équipe du célèbre Bob Denard, auteur de deux coups d’État aux Comores. Par la suite, il a rejoint l’équipe de Philippe Legorjus, l’ancien chef du GIGN passé au privé après l’affaire d’Ouvéa, comme « directeur des projets » chez PHL consultants (de 1991 à 1994), puis « directeur associé » d’Atlantic Intelligence (de 1995 à 2001).
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    • Toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles ou ayant existé serait purement non fortuite et totalement dépendante de ma volonté

      Justicier de New York (le).jpgAMERICAN PARANOS


      Pourquoi la piste de l’extrême droite américaine a-t-elle été évoquée pour l’attentat de Boston ?

      Stéphane François : L’extrême droite américaine est connue pour ses actions violentes et symboliques. Par le passé, elle a fait des attentats très violents comme à Oklahoma City, en 1995, ou à Atlanta, l’année suivante… Nous pourrions multiplier les exemples, en partant depuis les années 1960, et les attentats perpétrés par les Minutemen entre 1968 et 1972.

      S’agirait-il d’organisations, de groupuscules, de milices ?

      Il peut s’agir aussi d’individus seuls, pratiquants la stratégie du « Loup solitaire », une stratégie élaborée, en 1978, par un militant d’extrême droite.

      Quel est leur lien avec le Tea Party ?

      Il y a des porosités entre l’extrême droite américaine dure et le Tea Party, mais nous sommes quand même face à deux milieux différents, les seconds étant plutôt la frange radicale du parti républicain.

      Où en est l’extrême droite américaine, depuis la réélection de Barack Obama ?

      L’extrême droite américaine s’est considérablement radicalisée depuis l’élection de Barack Obama. En 2008, on dénombrait environ 250 mouvements d’extrême droite aux Etats-Unis. En 2012, on en compte plus de 1300, soit une augmentation de 750% depuis l’élection de Barack Obama ! Depuis le début des années 2000, on a vu le retour de théoriciens de la supériorité de la race blanche, dont certains sont des universitaires, comme Jared Taylor.

      Quel est leur poids réel ?

      Il est difficile à déterminer, car certains mouvements évoluent vers le séparatisme blanc : certains militants s’installent à l’écart des villes et du multiculturalisme pour vivre entre « blancs », selon un mode de vie assez survivaliste. Au-delà de cela, on a constaté le retour de sites et de revues faisant l’éloge de l’antisémitisme et du racisme… On a vu aussi la multiplication de milices. S’ils sont marginaux, ces groupes, mouvements ou milices peuvent avoir une capacité de nuisance assez forte tout de même.

      Nous avions tendance à oublier la menace intérieure américaine, le dernier attentat remontant à 1995. Avions-nous tort ?

      Complètement ! L’extrême droite américaine n’a jamais disparu. Elle a évolué, mais elle reste fidèle à ses discours, et à ses thèmes. Elle condamne toujours l’Etat centralisé, le melting pot, l’homosexualité, la décadence des mœurs en général, l’« invasion » des immigrés, etc. De manière récurrente, des attentats d’extrême droite sont perpétrés aux Etats-Unis, en particulier de la part des mouvements anti-avortements. Simplement ces informations ne traversent pas l’Atlantique.

      Dans le cas d’un attentat lors du Patriot Day, suspecter l’extrême droite est rationnel. La violence sert certes à terroriser, mais elle a aussi une fonction symbolique, car elle renvoie à une forme de refus de l’Etat, les terroristes se présentant comme des patriotes face à un Etat qu’ils jugent illégitime, surtout depuis qu’il est dirigé par un afro-américain… C’est un classique pour l’extrême droite américaine que de faire des attentats ce jour-là : de mémoire, il y en a eu 5 depuis son instauration. Les milices américaines se présentent comme les descendantes des Minutemen de la guerre d’Indépendance. Ces milices se voient comme des patriotes se battant contre un pouvoir corrompu et se posant en défenseur de la liberté des individus. Pour cette extrême-droite-là, le jour de Patriot’ Day est particulièrement bien choisi.

      De quoi se nourrissent ces milices ?

      A la fois d’anticommunisme (au sens américain, bien sûr, puisqu’un social démocrate européen est déjà perçu comme un dangereux communiste), d’esprit libertaire aussi : l’Etat veut forcément restreindre la liberté des individus. Il y a cet esprit libertarien, qui peut se résumer par ‘la bible, le flingue, je défends mes droits et ma liberté’. Il y a aussi un refus de la société multiculturelle. Elire et réélire un président noir est un fait qui évidemment ne passe pas quand on est un suprématiste blanc. Le débat sur les armes est afférent à celui sur les libertés : ‘l’Etat veut me priver de ma possibilité de me défendre pour me soumettre ensuite’. Avec la liberté d’expression, c’est le cœur du problème. On trouve enfin un combat pour les valeurs chrétiennes : la défense des minorités, comme les homosexuels ne passe pas non plus. Il y a un terme pour résumer ces différentes facettes de l’extrême-droite américaine : les paléoconservateurs. Ce qu’on appellerait chez nous de francs réactionnaires, populistes et xénophobes. .

      C’est donc d’abord le refus de l’Etat fédéral ?

      C’est un classique de la droite et de l’extrême-droite américaines quasiment depuis l’Indépendance. Est-ce une fédération réelle d’Etats avec chacun un gouverneur qui fait ce qu’il veut dans son Etat ou est-ce un Etat avec un gouvernement centralisé ? Le débat est présent dès les origines des Etats-Unis. Ce courant de l’extrême-droite, c’est un refus du gouvernement. Et cette question n’existe pas seulement à l’extrême-droite. Prenez les films de Clint Eastwood : ses films montrent méthodiquement un refus du gouvernement.

      Ces mouvements se nourrissent de beaucoup de paranoïa non ?

      La paranoïa et la théorie du complot sont inhérentes à la culture américaine. Pour nous Européens, c’est d’autant plus inimaginable à comprendre que la société américaine est quand même très transparente. Plus la société est transparente, plus ils sont paranoïaques. Ils se disent : ‘s’ils nous montrent quelque chose, c’est qu’en fait ils nous cachent encore plus. De toute manière, le gouvernement n’est pas le gouvernement, derrière, il y a des officines.’ On retrouve ces thématiques dans des séries à succès comme X-Files. Les Américains sont paranoïaques. C’est propre à la culture américaine, comme l’a mis en avant Richard Hofstadter dans Le Style paranoïaque. Théorie du complot et droite radicale en Amérique, dès les années 60.

      L’image d’une Amérique où le blanc chrétien est en train de devenir minoritaire accentue-t-elle cette paranoïa ?

      Les thèses racialistes qui font la promotion de la supériorité de la race blanche se redéveloppent aux Etats-Unis depuis les années 2000, y compris dans les milieux universitaires. L’Amérique est de plus en plus métissée et, face à ça, il y a un repli des séparatistes blancs qui sont de plus en plus violents, au moins au niveau des textes. Se retrouvant en minorité, ces milieux se radicalisent.

      On est donc dans un cycle de paranoïa qui génère une haine absolue et finit en  violence ?

      Je renverserais peut-être la proposition. Il y a au départ une haine absolue qui elle dégénère en paranoïa. Malgré les avancées de la société américaine depuis les années 1960, il y a des milieux qui restent foncièrement racistes. Le Ku Klux Klan n’a toujours pas disparu ! Ces personnes sont racistes, et sont persuadées qu’elles sont persécutées parce qu’elles ont une vérité qui dérange. Au mieux, ces milieux-là sont des séparatistes blancs. Ils font le constat que les Etats-Unis sont devenus une nation multiethnique. Ils demandent à vivre dans les montagnes, en communauté blanche, sans être dérangés par qui que ce soit. Et à partir du moment où ils se sentent envahis, ils passent aux armes. Pour eux, à la fin, vu que l’Amérique s’est vendue à un président noir, il n’y a plus rien à en tirer, autant la faire sauter, malheureusement. Il peut y avoir en effet une radicalisation nihiliste.

    • Bastiat, repère intellectuel de la droite américaine


      par Michael C. Behrent
       , le 16 juin 2010

      Domaine(s) : Politique

      Mots-clés : libéralisme | socialisme | États-Unis

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      Ironie du sort : alors que beaucoup d’Américains associent spontanément « France » et « socialisme », c’est un auteur français, Frédéric Bastiat, que la droite américaine évoque pour dénoncer l’immoralité des tendances « socialisantes » de leur gouvernement.

       

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      La droite américaine n’est pas particulièrement connue, du moins dans sa forme actuelle, pour sa francophilie. Rappelons, par exemple, l’épisode des «  freedom fries », conséquence de la vague d’indignation que la politique irakienne du gouvernement français suscite dans l’opinion américaine, surtout lorsque celle-ci est conservatrice. Ou encore la « méchanceté » que certains républicains attribuaient au candidat démocrate aux élections présidentielles de 2004, le sénateur francophone John Kerry, qui disait-on « ressemblait même à un Français ». Plus récemment, lorsque des militants conservateurs accusent Barack Obama d’être « socialiste », ils sous-entendent qu’il épouse une doctrine anti-américaine, européenne, et, sans doute, un petit peu française par-dessus le marché …

      Il semblerait ainsi pour le moins surprenant que la droite américaine actuelle (que l’on pourrait caractériser comme l’amalgame du libéralisme économique et du conservatisme proprement dit), notamment dans cette forme particulièrement virulente qu’est le mouvement anti-gouvernemental des « tea partiers », se réfère à un penseur français pour définir son programme et lui donner un fondement philosophique. Pourtant, c’est le cas : les pourfendeurs américains du « tout État » ont trouvé un champion intellectuel dans l’économiste et publiciste français Frédéric Bastiat.

      Bastiat et la droite américaine, une vieille histoire

      Bastiat ? Plutôt oublié aujourd’hui en France, il fut un des grands défenseurs du principe du libre échange au dix-neuvième siècle. Né en 1801, il ne se fait une renommée, après s’être essayé aux affaires et à l’agriculture, qu’à partir de 1844, en défendant les idées antiprotectionnistes de Richard Cobden dans un article publié par le Journal des économistes intitulé « De l’influence des tarifs anglais et français sur l’avenir des deux peuples ». Il participe à la fondation d’une association ayant les mêmes buts que Cobden dans sa campagne contre les Corn Laws. Bastiat rédige les Sophismes économiques, dans lequel, à coup de petits textes aussi limpides qu’ironiques, il entreprend de détruire les raisonnements des socialistes et des protectionnistes. Après la révolution de février 1848, il est élu député des Landes. À cette époque, il participe à une célèbre polémique avec Pierre-Joseph Proudhon. Mais après quelques années seulement passées dans la vie publique, il succombe, en 1850, à une tuberculose. Le livre qu’il destinait à être son chef d’œuvre, les Harmonies économiques, reste inachevé.

      L’engouement actuel de certains secteurs de la droite américaine pour Bastiat a des racines déjà anciennes. La redécouverte de ses écrits, et leur réédition en vue d’en faire des manifestes libertariens, fait partie de la réaction libérale contre la pensée « collectiviste » (mot qui englobe aussi bien le nazisme, le communisme, le keynésianisme, et le « libéralisme » américain du New Deal) dans la foulée de la deuxième guerre mondiale. Un de ces « apôtres » américains du néolibéralisme fut l’homme d’affaires Leonard Read, qui découvre Bastiat en 1935 grâce à Thomas Nixon Carver, professeur à Harvard. À l’époque, Read anime un petit réseau de libéraux (au sens économique), dont 3000 figurent sur sa liste de distribution. En 1943, il envoie à chacun un petit pamphlet de Bastiat surnommé La loi. C’est sans doute à cette date que commence l’étrange carrière de ce texte comme instrument de propagande du mouvement conservateur américain (rappelons que dans le lexique politique américain, l’épithète « conservateur » est couramment utilisée pour se référer à la doctrine économique qui en France sera décrite comme « libéral »). Read créa en 1946 la Foundation for Economic Education (FEE), ayant pour mission de répandre la bonne parole libre-échangiste et de former intellectuellement une avant-garde libérale et individualiste au milieu du « collectivisme » ambiant. Ludwig von Mises (émigré aux États-Unis) en est un adhérent ; Friedrich Hayek y collabore de même (ce dernier fonda, l’année suivante, une association sœur : la Société du Mont-Pèlerin).

      Sous la tutelle de la FEE, Read fait retraduire La loi de Bastiat par un universitaire du nom de Dean Russell. La nouvelle traduction parait en 1950, et devient le bestseller de la fondation : en 1971, elle avait déjà vendu 500 000 exemplaires (cette traduction est toujours disponible sur le site web de la FEE) [1]. Un autre personnage important du mouvement libertarien, le journaliste Henry Hazlitt, publie en 1946 une sorte d’abrégé de la théorie économique, intitulé Economics in one lesson (lui aussi distribué par la FEE), dans lequel il reconnaît sa dette intellectuelle à l’égard de Bastiat, plus spécialement envers son essai Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Hazlitt remarque que son propre ouvrage « peut en fait être considéré comme une modernisation, un élargissement et une généralisation de l’approche que l’on trouve dans le pamphlet de Bastiat » [2].

      Renouveau de Bastiat sous Obama

      Si donc aujourd’hui le nom et les slogans de Bastiat circulent actuellement dans les mouvements de protestations contre le plan de relance du président Obama (en 2009) ainsi que sa réforme du système de santé (en 2010), c’est seulement parce que ses écrits sont depuis longtemps en circulation, et sont comme canonisés par les milieux libertariens et libre-échangistes. Le 15 avril 2009, lors d’une des premières grandes journées d’action nationales des tea partiers (le jour où les américains doivent déclarer leurs impôts), un professeur d’université prononce un discours à Washington, dans lequel il évoque la mise en garde de Bastiat contre la tendance des gouvernants à pratiquer la« spoliation légale ». Le même jour, en Broward County (Floride), un blogueur raconte avoir vu un manifestant lors d’un « tea party » portant une pancarte étalant le même slogan (« spoliation légale »), expression, rappelle-t-il utilement pour ses lecteurs, « utilisée par Fréderic Bastiat dans son livre de 1849 La loi pour parler des socialistes » (en réalité La Loi fut publiée pour la première fois en 1850).

      Plus récemment, sur le site « meetup.com » (qui permet d’organiser en ligne des réunions réelles), un chapitre floridien du « 9-12 Project » (l’association fondée par le journaliste conservateur Glenn Beck qui fait partie de la galaxie des tea partiers) encourage les intéressés à venir discuter de « La loi de Frédéric Bastiat », tout en expliquant que « Bastiat […] fut un des plus éloquents champions du concept du droit à la propriété et de libertés individuels émanant du droit naturel (le même concept qui a servi de fondation à la Constitution américaine) », que La loi est « une réfutation puissante du Manifeste communiste de Karl Marx » (bien que Bastiat ne cite aucunement ce dernier), et que ce livre est « aussi pertinent aujourd’hui qu’il y a 160 ans ».

      Comment expliquer ce « retour à Bastiat » américain ? En premier lieu, il s’agit d’une sorte de contrecoup au « retour à Keynes » que l’on a vu à la suite de la crise financière de l’automne 2008, et dont une conséquence politique évidente est le plan de relance adopté peu après l’inauguration de Barack Obama. Pour certains conservateurs, la crise est vécue comme une menace à l’encontre du triomphe aussi bien politique qu’intellectuel du libéralisme et du libre-échangisme depuis les années 1980. Elle est vue comme une opportunité pour les partisans de l’intervention étatique de se réaffirmer. C’est surtout le plan de relance, que les démocrates se mettent à adopter aussitôt après l’inauguration d’Obama le 20 janvier 2009, qui attire la foudre des conservateurs et déclenche la mobilisation anti-gouvernementale qui deviendra le mouvement « Tea Party ». Dès le 22 janvier, l’Investor’s Business Daily (un journal national spécialisant dans les questions économiques, généralement tendant à droite) s’inquiète du fait que la célèbre prophétie de Bill Clinton selon laquelle « l’ère du big government est révolue » est en train de devenir désuète, en citant la définition que propose Bastiat de l’État : « c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde » (passage que les amateurs américains de Bastiat citent avec une fréquence particulière) [3].

      Ensuite, ce que Bastiat permet de dénoncer, ce n’est pas uniquement le principe même de l’intervention étatique, mais le « solipsisme économique » sur laquelle elle se repose. Pour Bastiat, l’étatisme est la conséquence d’un problème épistémologique, voire phénoménologique : la conviction que les seules conséquences importantes d’une action sont celles qui sont accessibles à la vue. C’est la grande idée de son essai sur Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Ainsi, le Pittsburgh Tribune Review (journal régional, plutôt conservateur), commentant le plan de relance, remarque que « l’administration d’Obama est en train d’offrir une leçon préventive de l’incompréhension de principe Bastien du visible et de l’invisible » [4], citant l’exemple des « emplois verts » que le plan propose, mais dont les coûts, selon le journal, risquent à long termes d’être plus importants que les effets stimulateurs, tout en n’étant pas immédiatement perceptibles.

      La Vitre cassée

      Dans la même lignée, beaucoup évoquent l’analyse que fait Bastiat du solipsisme de la« vitre cassée » (qui parait aussi dans Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas). Bastiat raconte l’anecdote suivante : le « terrible fils » du « bon bourgeois Jacques Bonhomme » lui casse un carreau de vitre. Aussitôt, des assistants au drame le consolent ainsi : « À quelque chose malheur est bon. De tels accidents font aller l’industrie. Il faut que tout le monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l’on ne cassait jamais de vitres ? » Toutefois, ce constat se fonde uniquement sur ce qui est visible, soit l’argent que M. Bonhomme verse au vitrier. Ce que l’on ne voit pas, c’est que « s’il n’eût pas eu de vitre à remplacer, il eût remplacé, par exemple, ses souliers éculés ou mis un livre de plus dans sa bibliothèque ». La force de cet argument réside avant tout dans la manière dont Bastiat l’applique : il se trouve que ce que l’on voit est décidément toujours de l’ordre de l’État ou de la puissance publique. L’erreur distinctive de toute politique économique ayant recours aux moyens de l’État est qu’elle privilégie les effets visibles (les dépenses, l’impôt) en négligeant les effets invisibles (le marché, l’initiative individuelle). Ainsi, concernant les effets apparemment positifs des impôts, Bastiat constate : « Vous comparez la nation à une terre desséchée et l’impôt à une pluie féconde. Soit. Mais vous devriez vous demander aussi où sont les sources de cette pluie, et si ce n’est pas précisément l’impôt qui pompe l’humidité du sol et le dessèche ».

      Le « broken window fallacy » (l’erreur de la vitre cassée) a joué un rôle essentiel dans la réception américaine de Bastiat. Sur YouTube, on trouve une vidéo dans laquelle John Stossel, journaliste de télévision aux opinions libertariennes, explique l’erreur des vitres cassées avec une étonnante littéralité … La parabole de Bastiat peut même être utilisée à des fins explicitement partisanes. Sur un site conservateur, on trouve le commentaire suivant : « Le plan de relance du président Obama a échoué parce qu’il a ignoré l’erreur de la vitre cassée, comme le font tous les projets gouvernementaux pour stimuler l’économie en dépensant. Est évidente dans le plan d’Obama l’idée que le gouvernement peut dépenser l’argent mieux et de manière plus efficace que le secteur privé. Ce qu’Obama et les liberals [au sens américain, c’est-à-dire « ceux de la gauche »] ne comprennent pas, c’est que chaque dollar qu’ils dépensent doit venir de quelque part […] En somme, tout dollar dépensé par le gouvernement en est un que le secteur privé ne dépensera pas ». L’auteur conclut (c’est la raison d’être de son site) que le meilleur disciple actuel de Bastiat n’est autre que… Sarah Palin, l’ancienne colistière de John McCain lors des dernières élections présidentielles, ancien gouverneur de l’Alaska (de 2006 à 2009), et grande héroïne des tea partiers : « Quelque part, Frédéric Bastiat est en train de sourire, tout content qu’il est de savoir que sa philosophie de gouvernement limité est en pleine forme grâce au gouverneur Sarah Palin ».

      Procès du « socialisme »

      Mais la raison principale pour l’engouement actuel pour Bastiat est à trouver dans sa manière particulière de dénoncer le « socialisme ». Son utilité ne réside pas seulement dans le fait qu’il critique le socialisme, mais dans sa manière même de le définir. Selon Bastiat, l’homme, tout occupé par sa nature à la conservation de son être, est destiné à gagner sa vie de deux façons possibles : grâce à son propre travail, ou grâce au travail d’autrui. Les hommes ont une « disposition à vivre et à se développer, quand ils le peuvent, aux dépens les uns des autres » [5]. Par conséquent, la loi et la politique peuvent s’organiser eux aussi selon deux principes différents : la défense de la liberté individuelle (et donc de la propriété), ou la spoliation (c’est-à-dire, le fait de vivre du travail d’autrui). Le premier est évidemment, aux yeux de Bastiat, le régime le plus juste. Mais une fois que la loi n’est plus que la simple organisation des droits individuels, « chaque classe voudra faire la Loi, soit pour se défendre contre la spoliation, soit pour l’organiser aussi à son profit » [6]. La spoliation devient la norme. Le socialisme est la conséquence logique de cette tendance : il est la spoliation décomplexée, la « spoliation légale ».

      La rage des tea partiers contre Obama et le « big government » est donc avant tout un cri de colère, un sursaut d’indignation contre un État qui est, à leur vue, de plus en plus spoliateur. Dans une tribune écrite pour la presse de l’église baptiste, au moment des grandes manifestations du 15 avril 2009, Kelly Boggs remarque : « L’impôt sur le revenu en Amérique est depuis longtemps un exemple de ce que l’économiste français Frédéric Bastiat surnommait la ‘spoliation légale.’ Selon Bastiat, la spoliation légale a lieu lorsque le gouvernement prend, par la force, ce qu’un citoyen a légitimement gagné pour le donner à un autre ». Il continue : « Lorsqu’un simple citoyen pratique ce que décrit Bastiat, on appelle cela le vol. Quand c’est le gouvernement qui le fait, on l’appelle la redistribution des revenus ».

      Ainsi, pour les militants de droite, Bastiat est devenu une sorte de père fondateur honoris causa. Le Tea Party de Boston annonce la création d’un « caucus Bastiat » en expliquant que la « philosophie » de l’économiste français « ressemble à celui de Thomas Jefferson ». D’autres le comparent à James Madison. Pour l’historien, de tels rapprochements ne sont pas sans ironie : si ces représentants du républicanisme américain que sont Jefferson et Madison se méfièrent sans doute des tendances tyranniques de tout pouvoir établi, leurs premières luttes politiques après la promulgation de la constitution en 1789 furent contre Alexander Hamilton et les « fédéralistes » – le parti des grands intérêts financiers. Il n’empêche que les tea partiers voient le fil directeur de l’histoire américaine comme étant une trahison progressive des principes de l’individualisme et d’un gouvernement minime. Un blogueur qui a pris le pseudonyme d’Andrew Mellon (grande figure du libéralisme conservateur des années 1920), écrivant pour le site conservateur « Big Government », constate : « Au fur et à mesure que notre pays vieillit, l’État nous dépouille de nos droits au lieu de les garantir. Le gouvernement s’élargit, alors que l’individu se rétrécit. Alors que la loi était censée nous protéger contre la diminution de l’homme, elle est plutôt utilisée comme moyen de le spolier ». Il poursuit en citant La loi de Bastiat sur le socialisme comme la somme sur toute spoliation légale.

      La référence à l’économiste français sert finalement, de manière assez paradoxale, à mettre en évidence le caractère étranger (et donc dangereux) des démocrates et autres « collectivistes ». Le bloggeur libertarien Clay Barham le confirme explicitement lorsqu’il écrit : « Alors que Bastiat disait [dans l’introduction de ses Harmonies économiques ] ‘Tous les intérêts légitimes sont harmoniques,’ les démocrates américains contemporains disent que les intérêts de la communauté sont plus importants que les intérêts de l’individu. Ces deux approches s’opposent. L’un est purement américain, bien que proclamé par un Français, et l’autre est européen, ou du Vieux Monde, bien que proclamé par des Américains ».

      Ainsi, bien que ses disciples américains le décrivent le plus souvent comme un « économiste », c’est surtout en tant que moraliste que Bastiat exerce sa puissance d’attraction. Il offre moins une démonstration irréfutable des erreurs du « socialisme » et de l’intervention étatique que des objections de principes, ayant au moins le mérite d’une certaine lucidité. Comme le note l’historien du libéralisme Lucien Jaume, « dans la rhétorique de Bastiat tout phénomène économique ou social reçoit son doublet moral, voire religieux : la marche du progrès est fatale mais l’homme est libre, la concurrence est un fait indestructible, mais elle n’existe qu’en ‘l’absence d’une autorité arbitraire comme juge des échanges’, etc. C’est le passage constant de l’objectif au subjectif, du descriptif au prescriptif qui fait l’originalité de Bastiat … » [7]. Ironie du sort : c’est un auteur français, alors même que beaucoup d’américains associent spontanément « France » et « socialisme », que la droite américaine évoque pour dénoncer l’immoralité des tendances « socialisantes » de leur propre gouvernement.

       

      par Michael C. Behrent , le 16 juin 2010


       
      Un des suppôts de l'Amérique, Jean Robin -qui s'affronte avec Soral et autres alors qu'ils ne sont tous que des petits pions de la même maison-mère américaine :


      http://www.enquete-debat.fr/archives/frederic-bastiat-a-propos-du-socialisme-21267

      www.enquete-debat.fr
      Frédéric Bastiat (portrait) était un libéral de gauche qui a été oublié en Franc...Afficher la suite

    • Aidons-nous et Dieu donnera la victoire !

      Nicolas-Sarkozy-signe-de-croix-Vatican.jpg Marine Le Pen nous l'a dit, en cette fête-anniversaire de Jeanne d’Arc, nous sommes libres de voter en conscience au second tour de l’élection présidentielle.

      Je me sens donc la haute responsabilité de sacrifier mon vote en mettant le bulletin Hollande dans l'urne, il en faut bien qui contrebalancent l'hérésie des autres, je rappelle que le pire reste le piège de l’ Union des Droites, projet mondialiste pour liquider les nationaux.


      Et ma foi, pour les chouineurs, faire élire Hollande grâce à nos voix et ensuite créer un mystérieux Comité Théodule qui exigera la démission de celui qui doit son élection aux voix du Front National.

      Nul besoin ainsi de faire repentance, on ne voterait pas pour lui, on lui ferait la peau -lui qui entend aussi nous brosser ces temps-ci dans le sens du poil-, nous serons ainsi responsables …mais pas coupables.


      Cela n’étonna pas vraiment, Bruno Gollnisch a expliqué dans un entretien accordé au quotidien Le Progrès qu’ « à titre personnel, (il) penche plutôt pour un vote Sarkozy que pour un vote Hollande » le 6 mai.


      De même, nous figurons tous - de façon totalement usurpée - dans les fichiers de Minute, nous avons donc ainsi pu recevoir concomitamment l’appel à voter Sarkozy tant d’un Larebière que d’un triolet de prêtres conseillant leurs zouaves dans ce qu’il faut bien appeler la minute des abbés, pour le « bien commun » il va sans dire, il existe tout de même des voix plus pénétrables que d’autres.
      Ceux-là mériteraient d’éprouver la surprise assez désagréable qu’on leur dise un jour du combat pour le rétablissement du catholicisme et de la royauté : « C'est pour demain ! ».

      En attendant je me charge de leur décocher un bon coup de pied de mule, après tout je descends bien directement d'un pape, on a le droit de s'inspirer du plus bel exemple de rancune ecclésiastique.



      Même son de cloche entendu par la laicarde Christine Tasin qui riposte au communautarisme mondialiste en appelant au vote … mondialo communautaire.

      Quand les lobbyistes du genre Catholiques en campagne, du même tonneau, font dans le subtil : « Nous n’avons pas reçu de réponse du candidat Hollande » …

      Chez les autres lobbies de l'extrême-droite liés ainsi à l'Heritage Foundation (CIA, sachant que d'autres réseaux de la CIA appellent évidemment à voter Hollande; je pense à l'Afev, Jeunesses Solidaires, Universités et territoires), font lourdement comprendre que Hollande est incompatible même si les intérêts de la boutique peuvent faire pour certains qu'ils appellent à voter blanc.
       Les zouaves de Frigides Bardot invités à voter enfin pour leur candidat naturel.
      Même chacals aux Mnr, Carl Lang, Rivarol mitigé mais qui compte le père de Guillaume Peltier qui appelle au vote Sarkozy, bref avec Larebière , les réseaux Buisson. Manque que Synthèse Nationale, dommage, c'est paraît-il parce Sarkozy est trop juif pour eux.

      Restaient encore les deux crypto mondialistes Collard et PMC, c'est fait (j'ai complété mon texte avec l'actualité).

      Mais le véritable mouvement national ne compte heureusement pas que cette fange d'extrême-droite dont il faudrait bien un jour se débarrasser vraiment pour être enfin à la hauteur de notre peuple, enfin à la hauteur de la France.

      Nous sommes un certain nombre à appeler à voter Hollande -dont nous savons pertinemment qui il est, faut-il le rappeler, et sûrement mieux que beaucoup de gens qui ignorent tout en réalité du mondialisme-, d'une part parce que nous savons qu'il remportera l'élection quoi qu'il arrive, d'autre part pour contrer cette extrême-droite, et encore, pour le temps que nous pensons gagner.


      En aucun cas de toute façon, il ne faut croire à l'implosion de l'Ump et ne la souhaiter même surtout pas.

      L'Ump est déjà une alliance hétéroclite issue d'une implosion, elle était déjà cela par essence, ce groupement d'intérêts électoral. De plus, l'alternance mondialiste était prévue, Copé est aux anges, il se positionne déjà pour 2017 où il jouera sur le fait que Sarkozy -l'Ump- avait "endigué la crise".
       
       Il ne faut souhaiter aucun transfert de la part de potentiels éléments de l'Ump qui "se reconnaîtraient davantage dans nos valeurs que dans celles de Sarkozy", ne pas vouloir de ces éternels gamellards, aveugles, velléitaires, ignorants, imposteurs, roublards, hâbleurs, commerciaux, j'en passe et des pires.

      Ils ne nous apporteraient que leur sale mentalité de lobbyiste et on voit aujourd'hui le retour de bâton :
      on a vu Collard le soir du premier tour sur le plateau de France 2, devant 20 millions de téléspectateurs, dire que nous étions "la droite moderne" (double fois envie de vomir). 
      Mais il semble que Collard ne soit plus nommé porte-parole pour les prochaines échéances ..., et il a récidivé sur le plateau d'I-Télé avec sa droate. Cela nous flingue à présent bien plus que le "détail".

      D'autant que même s'il est vrai que nous avons besoin d'ancrage, ne nous leurrons pas, si les candidats en question courent et s'entretuent pour l'étiquettes Ump, c'est bien que chacun sait qu'on peut présenter un chèvre sous une étiquette, et qu'en l'absence, l'ancré en question ne se retrouverait que dans la nasse. Et puis la rangaine d'Union des droites des souverainistes nous bassine, d'autant que nous savons pertinemment le piège derrière.

      Cela brouillera encore notre message auprès des électeurs qui en ont assez de tous les bidouillages.
       

       
      Ces attardés d’une guerre font qu’à présent, tout nationaliste (celui qui ne fait que mettre la Nation au centre de tout, notre Nation étant tant notre peuple que le cadre institutionnel national, inextricablement liée à notre terre, notre Patrie) qui entend les termes de "fausse droite", de « droite molle » ou de "droite nationale" dans la bouche de quelqu'un, sait qu’il a affaire à un vrai con, ou un con dur, au mieux, un idiot international, au pire.

      Il est certain qu'à la tarte à la crème : "Rassemblons-nous" -se croire obligé de s'allier à des boulets qui ont toujours prouvé tant leurs seules versatilité qu'inutilité-, j'eus préféré "Ressemblons-nous".

       

      Pour parodier les cathos crypto mondialistes, choisissons donc le candidat du moindre mal :


      quand Sarkozy accélèrera toujours plus la fuite en avant libérale, Hollande sera toujours freiné par la cour qu'il arrose (encore qu’en matière de Défense, il faut noter que l’appel à l’accélération de la libéralisation émane de la gauche qui, rappelons-le, a ouvert au marché bien plus de secteurs sous Jospin que sous tout autre), mais on note tout de même dans le domaine qui à mon sens reste le plus important, puisqu’il s’agit de celui de la transmission, davantage de résistance près des enseignants ralliés à Hollande tandis que les mêmes, tenants de Sarkozy, courent toujours plus rapidement que les premiers vers le non retour en sacrifiant l'Ecole française en lui coupant la tête quand Hollande l'ampute des jambes et des bras mais se heurte encore chez ses partisans à quelques pudeurs libérales, même s’ils ont clairement servi et serviront toujours d‘idiot utile à la mise en place des directives de l’Ocde et de l’Omc. On note par exemple des résistances de gauche au Livret de compétences alors même que, paradoxalement (mais tout paradoxe qui se respecte n'en est pas un), ce sont les réseaux de l'Afev (de gauche) qui sont à l'origine de sa mise en place en France, respectant ainsi les desiderata des grands groupes industrialo financiers.

      Et puis quelle galéjade que le puritanisme des chaisières quand le sarkozyste Richard Descoing introduit les Gender Studies façon suppo …


       Idem en matière judiciaire où l’on voit que les juges et législations rouges sont en train de faire le lit de la justice libérale, laissant libre champ au super lobby atlantiste, mondialiste (pléonasme) : l' Institut pour la Justice/Rassemblement pour la Justice 2012, monte ne puissance et se permet même de convoquer les politiques qui rappliquent le doigt sur la couture.



      Alors comme ce n'est pas dit, je le dis :

      Sarkozy, c'est Hollande, en pire !

      Les deux ne sont que des valets mondialistes (L’Umps vice-préside le Cercle de l‘Industrie en les personnes de Pierre Moscovici et d’Alain Lamassoure, allié à l'Institut de l'Entreprise, ces organisations regroupent tous ceux que l'oligarchie industrialo financière compte comme donneurs d'ordre. Il suffirait seulement de savoir que ce sont tant Terra Nova et la Fondation Jaurès, que Fondapol, l'Institut Montaigne et l'Institut Turgot, dont les "experts" sont interchangeables, qui nourrissent les politiques,  et qui ne sont aussi qu'à la bottes des mêmes puissances industrialo fiancières), mais Sarkozy n'a aucune tenue quand Hollande se sentira retenu, avec Sarkozy on va dans le mur à Vitesse grand V quand Hollande devra prendre son trantran. Sans compter qu'au pire, nous récupérerions un peu de proportionnelle ...

      Gagnons toujours un peu de temps, le temps, c'est de la France !

       

    • Saint-Nazaire, ville française !



      chantiers stx,saint-nazaire,france,marine le pen,présidentielles,législatives,jean-claude blanchard,ouvriers,paysans,ni droite ni gauche français
      A Saint-Nazaire, nous sommes tous avec Jean-Claude Blanchard, candidat de la France aux prochaines législatives.

      La chute de plus en plus vertigineuse des Chantiers navals et le sacrifice sur l’autel du globalisme des derniers pans industriels français que le Front avait lus dans la lie mondialiste, ne laissent que le choix de la France.

       

       

      Il n’est nul besoin d’expliquer aux nazairiens : 

       

      comment l’immigrationnisme -qui est un mondialisme- fait baisser les salaires et leur spolie leurs emplois

      nul besoin d’expliquer ce que signifie la flexibilité mondialiste

      nul besoin d’expliquer comment les politiques UMPS et les socio-traîtres qu’ils couvent, ont ruiné leur pouvoir d’achat, n’amenant qu’insécurité sociale en particulier et insécurité vitale en général

      nul besoin d’expliquer que les derniers artifices -promesses de contrats achétées contre accords inavouables avec des pays étrangers : saura-t-on un jour ce qui se cachait derrière le dernier contrat coulé avec la famille Kadhafi ?- n’étaient que prémices du feu qui allait s’en suivre quand toutes les mèches avaient été grillées (vente du savoir-faire, location d’ingénieurs jetables pour former les pays étrangers à bas coût à faire chez eux ce que l’histoire nous avait légué en héritage).

                        A Saint-Nazaire, beaucoup connaissent l’histoire de Michel le paludier, qui était des nôtres.

      Michel est un symbole.

      Michel travaillait aux Chantiers à la belle époque où sortait une immense vague d’hommes qui déferlait sur le port où les longues tablées des cantines ouvrières accueillaient et réconfortaient leur labeur.

      Michel a été licencié comme tant d’autres.

      Comme tant d’autres, il a tenté de s’en sortir, il a mis sa vitalité au service de la terre et de l’eau, travaillant une saline abandonnée.

      C’était compter sans l’acharnement des kolkhozes, exploitant une main-d’oeuvre idéologique esclave, qui s’efforçaient de tuer les indépendants.

      Les politiques venant porter le coup de grâce en augmentant d’un coup exorbitant les loyers des entrepôts servant à stocker le sel.

      Michel a mis fin à ses jours par un coup de fusil dans la tête et c’est son père qui est allé nettoyer sa chambre …

      Michel était un homme jeune, vaillant et admirable, nous avons vu souvent à nos BBR, sa vareuse couleur de voiles rouges burinées par l’air marin, il était un ouvrier-poète, amoureux de la langue, amoureux des livres, amoureux de la France.
      Il aimait accueillir sur sa saline, ses amis, les enfants, les étrangers, leur expliquer le vent, l’histoire des marais.

      En Michel, reconnaissons le martyr de ce que nous laisse espérer le système.

      Nous sommes beaucoup des Michel, et à Saint-Nazaire plus qu’ailleurs.

      Et ne nous demandez jamais si nous sommes de droite ou de gauche, nous sommes, comme dans l’Affiche rouge, amoureux de la France, à en mourir !


      http://www.dailymotion.com/video/xpivro_leo-ferre-l-affiche-rouge-piano-solo_music

    • Notre-Dame-des-Landes, priez pour nous.

      Notre-Dame-des-Landes.pngAlors qu'a eu lieu hier à Nantes un gigantesque rassemblement contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, je reproduis le Communiqué que j'avais fait il y a quelques mois pour le compte du Front National, la position du FN 44 est évidemment toujours la même.

      J'avais déjà défendu cette position entant que tête de liste départementale pour le FN de Loire-Atlantique aux dernières Elections Régionales, je reproduis à la suite du communiqué mon argumentaire général transmis à la presse à cette occasion, afin de réinscrire le sujet de l'aéroport dans une vision politique globale.

      La vacance de monsieur Hulot et de sa famille politique redécomposée

      Communiqué d’Oriane Borja pour le Front National de Loire-Atlantique

      En déplacement hier à Notre-Dame-des-Landes sur le site du futur aéroport Grand Ouest, Nicolas Hulot a reçu un seau d’épluchures sur la tête, lancé par d’un jeune militant qui dénoncait l’écologie-spectacle et les liens de l’ancien animateur de télévision avec la grande industrie.

      Le Front National de Loire-Atlantique rappelle que ce soutien d’EELV contre le projet de cet aéroport, relève entièrement de la politique spectacle, que c’est toute la majorité PS -verte, tant au niveau départemental que régional que national – si tant est que cette strate existe encore – mais surtout euro mondialiste qui promeut et organise ce projet.

      Concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes :

      - Le Front National rappelle qu’il est un mouvement patriote, nous défendons l’attachement à la terre dont nous pensons qu’elle a une âme, et nous comprenons la détresse face au déracinement que certaines des personnes expropriées éprouveraient.

      - Le projet s’inscrit dans un objectif de concentration des services opérant une rupture d’égalité des citoyens dans l’accès au service des transports, dans un objectif de profit. Derrière la règlementation européenne qui découpe la taille de nos aéroports comme celle de nos fromages, et qui, quoi qu’il arrive, nous imposera ce choix, se cache une logique marchande de rentabilité.

      - La démarche d’EELV est proprement répugnante, elle discrédite la classe politique, ils viennent la main sur le cœur se fendre du sort réservé à nos paysans dont les terres sont menacées par ce projet dorénavant dépendant des directives européennes, alors que les Traités de l’UE auxquels ils nous ont enchaîné (de la même manière que l’ont fait les autres formations politiques), ont sciemment programmé la mort de la paysannerie française et la mise en jachère de nos terres, portant un coup de poignard décisif dans le dos de notre identité nationale. Cette démarche purement électoraliste relève d’un comportement humain abject.

      - La vision eurorégionaliste mondialiste a pour objectif de diviser le monde en entités régionales aux normes uniformisées, sur le modèle états-unien. Chaque région veut donc son aéroport international pour marquer sa puissance dans un système auquel elle s’asservirait immanquablement. Messieurs Auxiette, président socialiste du Conseil régional allié à EELV, ou Béchu (opposition Ump d’opérette) sont là pour mettre ce système en place; le président du Conseil régional rose-verdâtre, n’est que le patron d’une baronnie mondialiste au service d’un système et non des citoyens.

      - D’autant que nous allons vraisemblablement au devant d’une crise économique et énergétique sans précédent qui ne manquera pas d’engendrer un ralentissement considérable du trafic aérien.

      En conséquence, le Front national demande un moratoire immédiat sur le projet, et un referendum local, comme il le demande sur tous les grands projets locaux, afin que les citoyens soient informés de ses tenants et aboutissants véritables.

      15.02.2010 Réaction à l’annulation, faute de combattants, du débat entre les candidats aux élections régionales de 2010

       

      Chère madame,

       

      Je déplore, au nom du Front national que les responsables politiques des autres formations n’aient pu trouver un peu de temps pour la démocratie dont le débat d’idées est la forme la plus aboutie.

       

      Je vois dans ce manquement, une volonté délibérée d’échapper à la contradiction et la peur d’être mis face à des incohérences et à une vérité que les citoyens méritent d’entendre.

       

      Compte-tenu de la forme que va prendre l’émission, je vous prie de recevoir quelques-unes de mes analyses sur les sujets locaux que je n’aurais pas eu peur de défendre seule, face à tout le « staff » et autres conseillers en communication dont les autres ont besoin de s’entourer pour défendre des convictions dont je me demande seulement s’ils en ont, tant ils ont à cœur de les confronter.

       

      Voici un synopsis non exhaustif des mesures que nous soutenons, je ne vais pas en égrainer la totalité, ce serait trop long ici, pour davantage développer la logique qui nous anime.

       

      Je vous prierais d’accorder une attention particulière au thème de la formation, même si tous les sujets nous intéressent, je comptais insister sur la façon dont le mondialisme s’insère dans nos régions, c’est sans nul doute, le problème le plus crucial pour lequel les citoyens auraient besoin qu’on les défende dans l’objectif des régionales, et que seul le Front national est à même de discerner.

       

      A - TRANSPORTS

       

      - Vigilance quant au respect du principe d’égalité d’accès au service des transports. La logique euromondialiste dans laquelle Monsieur Auxiette, comme monsieur Béchu, s’inscrivent totalement (« leur région dans le monde »), glisse progressivement d’une idée de service vers une idée de profit. La décentralisation contient en elle ce vice pervers d’éloigner l’Etat régulateur de cette mission, lui seul est à même de veiller à l’équilibre sur notre territoire, d’autant plus si l’on tient compte des futures réformes qui entendent faire « s’évaporer » selon les termes de monsieur Balladur, les petites communes trop parcimonieuses et si inutiles dans un monde marchand.

       

      - Réinscrire le coût des transports dans l’optique générale de baisse du pouvoir d’achat. Le budget transport devient une charge considérable compte-tenu de la faiblesse des salaires moyens, pour ceux qui en ont encore. Les représentants de la classe politique dirigeantes (Umps) en sont les responsables, ils représentent leurs partis et doivent être sanctionnés en conséquence.

       

      - Une fois ceci rappelé, nous devons prendre acte du fait que le Conseil régional n’est là que pour mettre en soins palliatifs un système malade.

       

      - Concrètement, nous demandons une coordination entre le Conseil général dont dépendent la Tan et les transports Lila, et le Conseil régional dont dépendent les Ter, afin de ne pas imposer le plus souvent, un abonnement-semaine pour les premiers, doublé d’un abonnement fin de semaine (regroupement familial, etc.) ou vacances pour les seconds. Beaucoup de familles renoncent aujourd’hui aux transports en commun du fait de leur coût, et ne sont pas concernées par les mesures sociales.

       

      - Anecdotique mais révélateur : l’économiste Michel Godet (France 5, C dans l’air) révèle une discrimination à la carte famille nombreuse qui donne accès aux réductions sur les Ter (mais pas à la Tan d’ailleurs où la minoration est dérisoire), en faveur des populations d’origine immigrée à qui on l’octroie en faisant masse du nombre d’enfants quel que soit le nombre de lits dont ils sont issus, quand on la refuse à une famille recomposée alors même qu’on en aurait la charge, et dont je rappelle que pour les familles éclatées, un des parents ne peut y avoir droit, contrairement à lorsque la famille était réunie.

       

      - Concernant les problèmes d’horaires non respectés qui enveniment nos gares, rendant très pénible la vie des personnes qui travaillent, la responsabilité en incombe au système que les responsables locaux cautionnent et dont ils font partie intégrante, la logique de rentabilité maximale entraîne des disfonctionnements par manque d’entretien et de contrôle des machines. Aujourd’hui, les risques dus à ce genres d’économies sont calculés comme des aléas collatéraux moins coûteux que les frais engendrés par un entretien normal (exemple flagrant avec l’Eurotunnel-Eurostar, mais aussi sur les avions, etc., mais cette logique devient partout la norme). Là encore nous glissons d’une logique de service vers une logique de profit.

       

      - Concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes :

       

      - Le Front national rappelle qu’il est un mouvement patriote, nous défendons l’attachement à la terre dont nous pensons qu’elle a une âme, et nous comprenons la détresse face au déracinement que certaines des personnes expropriées éprouveraient.
      - Le projet s’inscrit dans un objectif de concentration des services opérant une rupture d’égalité des citoyens dans l’accès au service des transports, dans un objectif de profit. Derrière la règlementation européenne qui découpe la taille de nos aéroports comme celle de nos fromages, et qui, quoi qu’il arrive, nous imposera ce choix, se cache une logique marchande de rentabilité. La démarche de monsieur Bayrou pour le Modem local est proprement répugnante, elle discrédite la classe politique, il vient la main sur le cœur se fendre du sort réservé à nos paysans dont les terres sont menacées par ce projet dorénavant dépendant des directives européennes, alors que lui-même entant que ministre de l’agriculture, et les Traités de l’UE auxquels il nous a enchaîné (de la même manière que l’ont fait les autres formations politiques), ont sciemment programmé la mort de la paysannerie française et la mise en jachère de nos terres, portant un coup de poignard décisif dans le dos de notre identité nationale. Cette démarche purement électoraliste relève d’un comportement humain abject.
      - La vision eurorégionaliste mondialiste a pour objectif de diviser le monde en entités régionales aux normes uniformisées, sur le modèle états-unien. Chaque région veut donc son aéroport international pour marquer sa puissance dans un système auquel elle s’asservirait immanquablement. Messieurs Auxiette ou Béchu sont là pour mettre ce système en place, patron d’une baronnie mondialiste au service d’un système et non des citoyens.
      - D’autant que nous allons vraisemblablement au devant d’une crise économique et énergétique sans précédent qui ne manquera pas d’engendrer un ralentissement considérable du trafic aérien.
      - En conséquence, le Front national demande un moratoire immédiat sur le projet, et un referendum local, comme il le demandera sur tous les grands projets, afin que les citoyens soient informés de ses tenants et aboutissants véritables.

       

      B - ECONOMIE

       

      Dans ce domaine également, le Conseil régional serait chargé de donner les derniers sacrements puisque la voie choisie nous est imposée par nos dirigeants euro mondialistes. La désindustrialisation de la France, l’anéantissement de son agriculture et de sa pêche, vont croissant. La « zone » France, est destinée à devenir un lieu de tourisme essentiellement. Nos derniers pans industriels, se trouvent précisément dans cet arc côtier dans lequel nous nous enserrons, et notre région va être durement touchée. Lors des dernières grèves concernant le fret ferroviaire, les syndicats ont révélé qu’étrangement, l’effort n’était pas dirigé vers les lieux qui en avait réellement besoin. Ce qui semble clairement déterminer les priorités de nos dirigeants.

       

      Après les régionales, nos entreprises vont logiquement connaître des plus fortes obligations de délocalisations jamais rencontrées. Le processus va s’accélérer car le système pour ne pas s’effondrer est obligé à cette fuite en avant.

       

      En matière d’équipement automobile, domaine dans lequel notre région compte bon nombre d’entreprises, la fin du versement de la prime à la casse va servir de prétexte. Cette prime était d’ailleurs vue par l’UE comme une entrave à son sacro-saint principe de concurrence libre et non faussée. Elle n’a que servi de variable d’ajustement pour limiter la vitesse de l’impact.

       

      - Concrètement, le Front national demande à ce que la région consente des prêts aux entreprises, pour les aider, mais non des subventions, de manière à ce que le contrat inclue le remboursement en cas de délocalisation. Il est hors de question que l’argent du contribuable chèrement gagné serve à entretenir sa perte.
      - Nous encourageons également la région à se porter garante des finances des Pme-Pmi, artisans-commerçants-petits entrepreneurs, en leur apportant une aide en prenant en charge à 100 % les frais d’analyse financière de ces entreprises déjà lourdement fragilisées par une conjoncture dégradée et une pression fiscale insupportable alors qu’elles sont les premières structures créatrices d’emplois.
      - Nous refuserons systématiquement les aides aux entreprises multinationales qui n’ont pas besoin des contribuables pour conforter leurs bénéfices.

       

      C - EDUCATION

       

      1) LYCEES

       

      - Les problèmes d’insécurité dans les lycées n’ont cessé de croître parallèlement aux mesures irresponsables engendrées par l’idéologie de l’enfant-roi qui va de paire avec l’idéologie de l’enfant au centre des savoirs. Le principe est le même, la transmission disparaît au profit d’un égalitarisme contre-nature, l’autorité disciplinaire et des savoirs a été méprisée, au profit de discussions, de débats inopportuns et de mise en recherche où l’enfant doit construire son « propre savoir » (Sic), le sabordage du service public d’instruction a été scientifiquement mis en place, soutenu par les néopédagogues, jouant à plein leur rôle d’idiots-utiles. L’Ocde a prévu que devant l’échec, la privatisation deviendra inéluctable, nous allons bientôt connaître de cette seconde étape, via les régions, destinées à devenir les cellules de base de la politique mondialiste. La façon dont cela se met en place a été théorisée par Christian Morisson dans le Cahier de Politique Economique n°13 publié par l’OCDE en 1996, intitulé " La Faisabilité politique de l’ajustement ", Chef de division à l’OCDE, Consultant auprès de la Banque Mondiale, il recommande une politique « d‘ajustement« , concernant l’éducation. Ils préconisent les propositions suivantes : " Il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. (…) Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. " Les prémices de cette politique sont déjà en place, et les mères de famille n’ignorent pas les efforts financiers de plus en plus conséquents qu’il leur sont demandés, pour telles ou telles sorties, pour tels ou tels projets dits pédagogiques.

       

      L’insécurité et les coûts tant pour les collectivités que pour les particuliers, n’ont cessé d’augmenter parallèlement au changement de sens et de contenu imposés par les nouvelles « sciences » de l’éducation. Le modèle de base venant d’outre-Atlantique, il n’est guère étonnant de retrouver les mêmes phénomènes d’insécurité gravissime puisqu’il en va de la vie de nos enfants, et ce, dans des lieux qui devraient être des sanctuaires, et d’un niveau scolaire généralement bas. Le phénomène de l’immigration massive venant aggraver le phénomène, puisque les enfants perdus inassimilés, ne se sentent pas chez eux, et déversent leur rancœur par tous les moyens possibles.

       

      En l’absence de retour radical à tout ce qui avait fait le modèle français d’instruction, reconnu dans le monde entier, et qui formait des citoyens à l’esprit critique aiguisé, le Conseil régional que peut que mettre des pansements sur des plaies béantes.

       

      - Le Front national demande la création d’une carte d’identité scolaire infalsifiable qui servira aussi de « pass-culture ».
      - La mise en place et à disposition des chefs d‘établissement, d’une police de sécurité des lycées qui interviendrait aux abords et à l’intérieur des établissements.
      - Le Front national souhaite recentrer la mission des établissements sur l’enseignement proprement dit en refusant les projets citoyens idéologiques contraires au principe de neutralité politique, et en faisant entendre ses explications lorsque la région souhaitera aider financièrement certains projets.

       

      2) FORMATION

       

      - Le Front national est grandement favorable à l’apprentissage traditionnel des métiers et ce, dès l’âge de 14 ans. Nous souhaitons renforcer ce dispositif.

       

      - En revanche, nous remettons en cause la politique euromondialiste de la formation tout-au-long-de-la-vie, par laquelle les organisations économiques et financières internationales nous imposent leur modèle éducatif, prenant le contre-pied de notre enseignement traditionnel auquel les pseudo « sciences de l’éducation », elles-mêmes d’origine mondialiste et en rupture totale avec notre modèle classique d’enseignement, ont radicalement tourné le dos, en donnant par ce biais le coût de grâce à notre identité nationale en s’attaquant à sa transmission. La conception utilitariste de l’éducation est le moyen, ignorant que le but ne sera en plus jamais atteint. Pagnol citant son père nous disait qu’« un paysan instruit en vaut deux, peut-être trois », il en va de même pour toutes les catégories d’apprentissage.

       

      Dans l’optique euromondialiste, l’« apprenant » (terme propre à cette idéologie) va devoir s’adapter à une vie ponctuée de périodes travaillées et de périodes non travaillées, la main-d’œuvre humaine devant dans ce système, s’adapter et être « flexible », terme pudique qui signifie qu’elle devra également accepter des changements géographiques, de missions, et de salaires : l’homme est au service du marché et non le marché au service de l’homme dans cette conception économiste.

       

      La plupart des personnels politiques et enseignants, ignorent la source des évidences qui leur sont imposées. Ce sont pourtant des organismes très éloignés de la démocratie qui les élaborent et les contrôlent. Lors du premier forum mondial sur l’éducation et la formation tout au long de la vie, qui s’est tenu à Paris au Conseil régional d’Ile-de-France les 28 et 29 octobre 2008, présidé par une femme conseiller régional Ump et sous le parrainage d‘honneur de Jacques Delors, se sont retrouvé tous les acteurs de cette nouvelle politique mondialiste, au centre de laquelle se trouvent les instances économiques et financières qui les élaborent (Ocde, Banque mondiale, multinationales, etc.), qui s’inscrivent dans la mise ne place d’une gouvernance mondiale, en l’occurrence, du nouvel ordre éducatif mondial. Il est question d’uniformiser le modèle américain à l’ensemble de la planète, le monde occidental dans un premier temps, pour une meilleure coordination et efficience économique. Ils entendent s’occuper de l’apprentissage, je cite, « de la petite enfance à la retraite », « ce concept (d’apprentissage) dépass(ant) les frontières, les temps et lieux de vie dans la nouvelle “ société apprenante ” » Ils s’intéressent tout particulièrement aux territoires régionaux où, je cite , « se pose la question d’une nouvelle gouvernance des politiques d’éducation et de formation », et où « préfigure la création d’un réseau mondial ».

       

      - Outre ce contexte, les sessions de formation, si elles enchantent parfois les bénéficiaires parce qu’elles permettent de s’éloigner un moment d’un rythme de travail soutenu, n’en restent pas moins un sujet des plus risibles s’il n’était pris sur l’argent des contribuables, l’apprentissage du « vivre ensemble » et bientôt de la façon dont il faudra respirer, laisse circonspect. Il est vrai que le rendement demandé devenant de plus en plus intensif et les objectifs de plus en plus difficiles à atteindre, les entreprises se trouvent confrontées à de nouveaux problèmes engendrés par les nouvelles méthodes de « management ». Le système a inventé le mouvement perpétuel, créant les maux et les moyens d’y remédier tout en les maintenant par une fuite en avant, jusqu’où et jusqu’à quand ?

       

      Le Front national demande un contrôle et une évaluation des ces formations.

       

      Les responsables de ces politiques économistes ne considèrent l’homme que comme une variable d’ajustement dans une région au service d’un modèle marchand sans frontières, nous souhaitons, nous, retrouver une région à visage humain et demandons aux citoyens de dire stop, en sanctionnant les dirigeants qui nous les imposent. En votant Front National, nos dirigeants comprendront que les citoyens demandent enfin qu’on les protège face à une jungle mondiale incontrôlable en l’absence d’un Etat-Nation fort, seul cadre protecteur de l’âme, de la sécurité et de la prospérité du peuple.

       

      En vous remerciant respectueusement d’avoir fait votre devoir de journaliste en tentant d’organiser ce débat, je vous prie de bien vouloir croire à mon engagement sincère au service de mes compatriotes.

       

      Oriane Borja, tête de liste Front national pour la Loire-Atlantique

       

      Voir en ligne : Réaction du Front National

    • Gouverner par le chaos

      Politique manipulation réel méthode de résistanceGouverner par le chaos
      Anonyme
       
      Gouverner par le chaos
      Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cet essai et le choix de l’anonymat ?

      Comme beaucoup de monde, j’ai été frappé par ce que l’on a appelé l’affaire de Tarnac. Pour rappel, fin 2008, une dizaine de jeunes gens vivant essentiellement dans le village corrézien de Tarnac se fait arrêter de manière extrêmement brutale et médiatique par la police et les brigades de l’anti-terrorisme avec comme chef d’inculpation le sabotage de voies ferrées de Trains à Grande Vitesse. Le nom de Julien Coupat ressort particulièrement car il est supposé être le cerveau de ce groupe appartenant à l’ultra gauche et auteur d’un ouvrage intitulé L’insurrection qui vient, rédigé sous le prête-nom de « Comité invisible » et qui annoncerait les actes de terrorisme à venir.

      Cette publication d’inspiration plutôt situationniste fait suite à d’autres, notamment celles du groupe Tiqqun, dont la plus connue est la fameuse « théorie de la Jeune-Fille » (jeunisme et féminisme comme outils de contrôle social). Ayant circulé moi-même pendant des années dans les milieux d’extrême gauche, d’abord à l’université de Paris 8 (Vincennes/Saint-Denis) où j’ai fait mes études, puis dans les squats et les réseaux anarcho-autonomes-libertaires, pour finir par l’action syndicaliste sur mon lieu de travail, il m’est arrivé à plusieurs reprises, dans des soirées ou des réunions, de croiser la route de certains membres de cette nébuleuse intellectuelle et militante. Quelle ne fut pas ma surprise quand je les ai vus placés au cœur de l’attention médiatique, et en plus de cette façon ! Même si je n’ai jamais été un de leurs amis proches, j’ai senti le vent du boulet passer, car nous fréquentions les mêmes cercles. Je n’ai pas pu m’empêcher de me sentir concerné par ce qui leur arrivait et j’ai donc commencé à suivre systématiquement tout ce qui touchait à cette affaire.

      Dans la même période, quelqu’un m’avait demandé de faire une conférence sur l’ingénierie sociale, thème sur lequel je travaillais depuis un certain temps. Quand il a commencé à apparaître que ce groupe de Tarnac n’était qu’un bouc émissaire, les dégradations de voies ferrées ayant été revendiquées par des écologistes allemands, je me suis mis à rédiger un texte qui associerait les deux thèmes qui m’occupaient. Après l’annulation du projet de conférence, je suis parti sur l’écriture d’un article assez long, qui a rapidement atteint la taille d’un opuscule. N’ayant pas encore d’éditeur à l’époque, je l’ai mis directement sur Internet, avec le titre « Ingénierie sociale et mondialisation ». Par solidarité et hommage envers ce groupe de Tarnac, j’ai repris le prête-nom d’auteur de « Comité invisible », ce qui a attiré l’attention de quelques personnes, dont Aude Lancelin, qui en a fait un article dans Le Nouvel Observateur. Quand les éditions Max Milo l’ont publié dans une version revue et augmentée, nous avons demandé à Éric Hazan, l’éditeur du premier Comité invisible, s’il acceptait de nous accorder la franchise, et il a refusé. D’où la publication sous anonymat, car l’identité des auteurs n’a pas d’importance, seul compte le texte, que j’ai écrit comme un manuel d’introduction à quelque chose de méconnu, pas pour attirer l’attention sur moi.

      Gouverner par le chaos porte pour sous-titre « Ingénierie sociale et mondialisation ». Qu’est-ce que l’ingénierie sociale ? En quoi est-elle liée à la mondialisation ?

      En un mot, l’ingénierie sociale, le social engineering, consiste à considérer le fait social comme un objet. Normalement, le fait social est considéré comme subjectif. Un groupe social est constitué par des sujets individuels, qui, ensemble se mettent à constituer un sujet collectif. Ça, c’est l’approche classique, qui induit un rapport d’interlocution, puisqu’on est dans des rapports intersubjectifs, de sujets à sujets. Ces rapports d’interlocution sont médiatisés par le langage (du moins par un code) et peuvent être pacifiques, belliqueux, neutres, ou de toute autre nature. Dans tous les cas, on s’adresse la parole, oralement ou par écrit, voire on s’apostrophe, on s’engueule ou on se menace, mais on reste des « sujets parlants », comme dit la psychanalyse. En un mot, je produis des signes et j’attends qu’on me réponde.

      À l’opposé, dans une approche d’ingénierie, la sphère du sujet parlant est littéralement zappée. Tout est dé-subjectivé. Ici, on ne se parle plus. Autrui n’est donc plus l’adresse d’une interlocution mais l’objet d’une gestion, d’un contrôle, d’un management. Les idées, les émotions, les vécus, tout est objectivé. Autrui, mais aussi soi-même, peuvent alors être décrits comme des objets « en chantier », c’est-à-dire à reconfigurer, à reformater, à réinitialiser, un peu comme en informatique, en génétique ou dans le BTP, d’où l’appellation d’ingénierie, qui n’est même pas métaphorique. Il s’agit bel et bien de « faire des travaux » sur la subjectivité, de recombiner les parties, etc. Cette mécanisation de l’humain vient directement de l’approche cybernétique. Quelque part, c’est le mépris maximum pour le vivant. En même temps, c’est le type de relation à autrui que l’Occident libéral-libertaire essaie de normaliser sous le concept de « mondialisation » : relation instrumentale, de soi à soi, ou de soi à autrui.

      Compte tenu que sur un chantier il est souvent moins coûteux de tout casser et de tout reconstruire à neuf que de modifier l’ancien, on voit où cela peut mener dans les sociétés humaines. Cela revient à normaliser un rapport à autrui complètement psychopathe. 1) Le sujet est un objet, 2) je peux le détruire pour un bien supérieur (ou que j’estime tel). Je sais qu’il existe en France un diplôme d’ingénierie sociale pour les gens qui veulent travailler dans le social. Mais justement, le vrai travail social est aux antipodes de l’esprit de l’ingénierie et consiste à réinjecter du langage, de l’interlocution, du sujet parlant, donc du respect, dans les couches populaires. À mon humble avis, le nom de ce diplôme devrait être changé.

      Qui sont, aujourd’hui, les principaux ingénieurs sociaux ?

      On pourrait reformuler : qui, aujourd’hui, considère autrui comme un objet ? Je cite pas mal de noms dans mon bouquin. Ils se répartissent en catégories. Globalement, il faut distinguer :

      1) les « petites mains », qui font de l’ingénierie sociale au quotidien dans leur travail et qui sont souvent des idiots utiles du système, tous ces gens qui travaillent dans le consulting, le management, le marketing, le business, la stratégie militaire, le Renseignement, l’informatique de haut niveau (intelligence artificielle, cryptologie), la robotique, la sécurité des systèmes, etc. ;

      2) les « concepteurs », qui sont souvent des esprits très brillants, plus ou moins conscients du danger de leurs recherches, les Norbert Wiener, Kurt Lewin, Pavlov, Skinner, Albert Bandura et autres Gregory Bateson ;

      3) les « salauds », eux-mêmes subdivisés en deux sous-catégories : les financiers dans la haute banque, avec leur projet de gouvernement mondial, écrit noir sur blanc et assumé en toutes lettres par un David Rockefeller dans ses Mémoires ; et les planificateurs tels que Edward Bernays (et la « com’ »), Milton Friedman (et la stratégie du choc), Zbigniew Brzezinski (et le tittytainement) ou Georges Soros (et les révolutions colorées).

      Quant au corpus bibliographique, il est assez vaste et n’est pas toujours perçu comme procédant d’une même inspiration. On peut citer quelques célèbres textes aux origines douteuses, ce qui n’a à ce stade aucune importance car c’est la méthodologie qu’il faut retenir comme Armes silencieuses pour guerres tranquilles, voire le plan Pike-Mazini ; ensuite, tout ce qui tourne autour de la guerre cognitive/guerre psychologique/guerre culturelle (Gramsci, la mémétique) ; les publications de l’École de Guerre Économique fondée par Christian Harbulot ; les recherches de l’historien de la publicité Stuart Ewen, notamment son ouvrage Consciences sous influence qui synthétise beaucoup de données.

      Deux textes récents définissent également des programmes : le mémo révélé par Wikileaks de Charles Rivkin, ambassadeur des USA en France, qui ambitionne de reformater la culture française dans un sens plus américanophile en s’appuyant sur les minorités, et l’étude pour la RAND Corporation de la féministe Cheryl Benard, Civil democratic Islam. Partners resources and strategies, qui vise à adapter l’Islam à la modernité libérale occidentale.

      Politique et manipulation ne sont-elles pas traditionnellement liées ? L’ingénierie sociale possède-t-elle une spécificité, un caractère de nouveauté ?

      Du point de vue de la morale, la politique s’adresse à des sujets que l’on cherche à convaincre en s’adressant à leur raison. Mais du point de vue de la Realpolitik, c’est plutôt la manipulation qui l’emporte, et depuis longtemps effectivement. Ensuite, on peut manipuler un corps social de deux façons : une façon « conservatrice », à la Platon ou à la Machiavel, et une façon « progressiste », à la Joseph Goebbels ou à la Bernard-Henri Lévy. Autrement dit, il y a deux manières de faire du contrôle social : par la construction d’un ordre conservateur simple, ou par la construction d’un ordre à partir du chaos. L’ordre conservateur construit et impose un ordre unique, le même pour tout le monde, auquel on peut s’opposer de l’extérieur.

      En revanche, l’ordre à partir du chaos, l’ordre progressiste, détruit pour construire, il impose son ordre en semant le désordre au préalable. C’est la différence entre contrôle social simple et ingénierie sociale : la même chose pour tout le monde, ou alors deux poids et deux mesures. En effet, dans un cadre d’ingénierie, je ne dois pas être moi-même affecté par la déstabilisation que je provoque, au risque de ne plus pouvoir la provoquer. Je dois donc réussir à me dissocier, à me désolidariser, à me distancier de l’objet social que je déstabilise. L’opération de calcul de ce découplage a pour nom « shock testing », test de choc. C’est le complément organique de la stratégie du choc du capitalisme, dont la méthodologie doit veiller à faire en sorte que les chocs provoqués n’affectent pas en retour ceux qui les provoquent. Luis de Miranda, dans L’art d’être libre au temps des automates, évoque ce sujet assez confidentiel. Je vais tenter d’en résumer les grandes lignes.

      Quand l’ordre s’impose à tout le monde et se répète à l’identique au fil du temps, c’est le signe que l’on se trouve dans un système de société traditionnel, conservateur. Mais quand mon ordre et ma puissance s’appuient nécessairement sur la déstabilisation d’autrui, c’est le signe qu’on est entré dans le mode de fonctionnement du capitalisme, où les riches ne peuvent s’enrichir qu’en appauvrissant les pauvres et en semant le chaos dans leur mode de vie. Pour faire mieux accepter le chaos et la déstabilisation aux populations, on a appelé ça du « progressisme ».

      Dans le vocabulaire du management, c’est de la « conduite du changement », ou changement dirigé. L’ingénierie sociale est le mode de contrôle social spécifique du capitalisme, qui consiste donc à dissocier le système en lui appliquant des boucles de feed-back positif. Pour revenir aux mécanismes de feed-back de la cybernétique appliqués à la société, on a l’opposition entre ce que l’on appelle les « boucles négatives », qui homogénéisent et égalisent le système avec un effet de thermostat régulateur qui oriente vers une moyenne, et les « boucles positives » qui découplent le système en accusant les différences. C’est cette accentuation des différences aboutissant à une dissociation croissante des classes sociales qui est aujourd’hui recherchée.

      Ce travail perpétuel de désolidarisation intentionnelle de l’oligarchie vis-à-vis du peuple, Bourdieu l’a appelée « la distinction ». Son analyse est poursuivie par les Pinçon-Charlot. De nos jours, cette distinction passe par la création d’espaces de vie physiquement dissociés, en édifiant des apartheids de toutes sortes, mentaux ou physiques, comme le mur que les Israéliens dressent en Palestine, ou les gated communities, ghettos de riches protégés par des milices privées et qui fleurissent dans de nombreux pays.

      L’étude de ces procédures d’ingénierie sociale permet de comprendre pourquoi il n’y aura pas d’effondrement économique global à la « Mad Max », c’est-à-dire hors de contrôle et qui impacterait toutes les classes sociales, pas plus en France qu’en Suisse, d’ailleurs. Pour en rester à ces deux pays, la France permet d’envahir militairement d’autres pays (Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye) et la Suisse est une place forte de la finance cosmopolite en Europe. Le tourisme de luxe est également très développé dans ces deux pays. Pourquoi voulez-vous que l’oligarchie se mette à casser ses jouets ? Les pays sont des outils, des instruments, et les diverses crises actuelles sont toutes provoquées et sous contrôle.

      Un effondrement global impacterait aussi la qualité de vie de trop nombreux riches, et ce n’est pas le but de la manœuvre. Les dominants du système ne détruiront le système que dans la mesure où ils ne seront pas touchés en retour. Ils ne sont pas masochistes et ne vont pas se mettre à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Ce qu’ils veulent, c’est purger le système de leurs adversaires mais sans être affectés eux-mêmes, donc sans détruire intégralement le système, du moins dans un premier temps, car ils appliqueront la politique de la terre brûlée s’ils voient qu’ils ont perdu.

      Pour éviter d’en arriver là, le processus de découplage des classes sociales piloté par l’oligarchie doit se faire sans heurt et sans risque pour elle. Cette atténuation des conséquences se modélise précisément en termes de shock testing par l’application du calcul balistique aux circuits socioéconomiques afin de répondre à la question : comment minimiser le choc en retour dans une partie du système qui inflige un impact à une autre partie du système ?

      La cybernétique a été inventée entre autres pour calculer et minimiser le choc en retour et l’effet de recul subis par un véhicule ou un canon au moment d’un tir de missile. Les résultats des tirs de projectiles ont été ensuite transposés dans une sorte de balistique sociale, inscrite dans un vrai programme de calcul des impacts. En effet, à tout choc infligé, il y a un choc en retour, c’est une loi universelle. Quand on inflige un coup à autrui, il y a toujours le contrecoup. En termes balistiques : l’effet de recul.

      L’oligarchie essaie toujours de s’affranchir des limites et des conditionnements universels, ce qui l’a conduite à se poser la question : comment frapper autrui sans se faire mal soi-même ? Comment détruire l’ennemi sans conséquences pour soi ? Comment réduire le choc en retour quand je provoque une crise ? Comment faire pour qu’il n’y ait aucun coût à infliger des coups ? En termes hindouistes, comment supprimer tout karma ? En termes monothéistes, comment abolir toute culpabilité ? En termes orwelliens, comment s’extraire de la décence commune ? En termes psychanalytiques, comment abolir tout surmoi, toute vergogne, toute empathie, tout scrupule, et devenir un parfait sociopathe pervers ? En clair : comment les riches vont-ils s’y prendre pour éliminer physiquement les pauvres sans que cela ne provoque trop de remous, révoltes, révolutions, insurrections, donc une instabilité trop forte du système global dans lequel ils vivent aussi ? Pour l’oligarchie, la mixité sociale reste l’ennemi numéro 1.

      Afin de réduire ces effets de choc en retour, il faut donc déjà dissocier physiquement les circuits des flux de valeurs économiques et symboliques, les infrastructures matérielles (eau, gaz, électricité, transports, alimentation, éducation, etc.), ainsi que les populations elles-mêmes en les faisant vivre dans des espaces différenciés, avec des quartiers de riches et des quartiers de pauvres. Cette désolidarisation existe déjà, mais pas encore suffisamment. Les riches et les pauvres vivent encore de manière trop entrelacée et imbriquée, trop solidaire, d’où l’attaque massive de tout ce qui est facteur d’égalité, services publics, États-nations, afin de tout privatiser et de morceler la société en fonction du capital de chacun.

      Ce patient travail de découplage des parties a besoin de normaliser les chocs afin que le peuple accepte de souffrir. Des laboratoires de sociologie travaillent notamment sur la notion d’« acceptabilité du risque », ou comment faire accepter le risque aux populations ? On peut, par exemple, communiquer sur « les excès » du principe de précaution, comme le font Jean de Kervasdoué dans La peur est au-dessus de nos moyens. Pour en finir avec le principe de précaution, ou Alain Madelin dans divers éditoriaux. Le principe de précaution et son arsenal juridique sont des problèmes pour l’oligarchie car ils protègent le peuple contre les risques qu’elle veut lui faire courir. Le principe de précaution, comme tout dispositif légal, induit une certaine rigidité qui fait obstacle à la flexibilité libérale et à la « société liquide » (Zygmunt Bauman) que le Pouvoir cherche à normaliser. Ce principe fait donc obstacle à une docilité totale, à l’instrumentalisation complète et à la réduction du peuple à un objet complètement plastique. On remarquera que cette acceptation du risque est elle-même toujours découplée. Les producteurs d’OGM ou de pesticides chimiques mangent bio, comme l’ont prouvé des activistes américains en fouillant leurs poubelles. Et quand il était premier ministre, Tony Blair voulait faire interdire des compléments alimentaires que lui-même et ses enfants utilisaient.

      Quelles sont ses méthodes ? Aidée par les découvertes scientifiques – notamment cybernétique et psychologie sociale – l’ingénierie sociale, arme du pouvoir, sait anticiper sur nos réactions, écrivez-vous. Cela peut même aller jusqu’à les provoquer. Pourriez-vous développer ?

      On peut effectivement programmer des algorithmes comportementaux. Comment ? Pour l’espèce humaine, la structure élémentaire de la perception du monde est un rapport de dualité. Pour que nous percevions un monde qui fasse sens, quel que soit son contenu, il faut percevoir une structure d’opposition entre au moins deux choses : intérieur/extérieur, yin/yang, papa/maman, jour/nuit, Bien/Mal, ami/ennemi, etc. L’astuce du management des perceptions consiste à produire, non pas un discours auquel on peut s’opposer, mais d’emblée les deux discours situés aux deux pôles de la dualité, afin de mettre en scène une pseudo opposition complète, un faux débat, ce qui permet de prendre le contrôle complet du monde de quelqu’un. À ce stade, on est déjà au-delà de la simple description scientifique des réactions et des comportements, on passe à leur conditionnement.

      Le socle théorique de l’ingénierie sociale est fourni par les sciences humaines et sociales, et plus particulièrement les approches comportementales ou inspirées des sciences naturelles. La grosse différence avec ces sciences vient de ce que l’on ne se contente pas de décrire les choses, on intervient dessus, on les modifie. C’est ce que l’on appelle aussi une « logique proactive ». Afin d’anticiper sur les comportements populaires et de les garder sous contrôle, il faut aller plus loin que la simple observation et le recueil d’informations, en un mot le renseignement ; il faut aller jusqu’à provoquer ces comportements, y compris les comportements d’opposition, critiques et contradictoires. Cette démarche proactive est celle de la communauté du Renseignement, en particulier depuis les années 1950 et le programme Cointelpro (Counter Intelligence Program), élaboré aux États-Unis dans le cadre du maccartisme et de la chasse aux sorcières anti-communiste. Les services secrets américains (FBI, CIA) ont ainsi consciemment créé pour la jeunesse une contre-culture beatnick et hippie totalement inoffensive, à base d’expressionisme abstrait (Pollock, De Kooning), de « bougisme » (Kerouac), d’art pop psychédélique et de produits stupéfiants incapacitants, comme un circuit de dérivation hors de l’institution du potentiel de subversion autrement plus dangereux que représentait le communisme orthodoxe, qui était situé, lui, au cœur de l’institution.

      La même méthodologie est employée de nos jours, avec les Indignés, par exemple. Il y a évidemment des gens sincères dans ce mouvement, mais ils se font manipuler. Le Système cherche à éliminer toute incertitude, toute critique ; pour ce faire, il crée lui-même une pseudo incertitude et une pseudo critique, lesquelles seront surmédiatisées afin de monopoliser l’attention et d’attirer les énergies potentiellement critiques dans une visibilité hors système qui les neutralise. En termes hégéliens, la thèse produit elle-même son antithèse ; de la sorte, la thèse est sûre de garder le contrôle de sa propre contradiction antithétique ; elle est donc sûre de ne jamais être contredite fondamentalement, seulement à la marge, et de garder le contrôle tout court.

      Le Pouvoir en vient donc à organiser lui-même sa propre contestation. Il met en scène de la pseudo incertitude, avec des faux terroristes (Tarnac, 11 Septembre, etc.) et des faux mouvements d’opposition. Par exemple, en France, le Ministère de l’Intérieur ne se contente pas d’infiltrer les milieux gauchistes, il organise lui-même les grèves et les manifestations au moyen de ses indicateurs et agents doubles (naguère trotskistes, aujourd’hui plutôt libertaires). Depuis les grandes grèves de 1995 et le « Plus jamais ça ! » de Juppé, de gros moyens ont été déployés. Toute l’extrême gauche, que je connais bien, est aujourd’hui complètement sous influence, noyautée et infiltrée par la police. J’en ai eu des preuves au fil du temps. On en voit la conséquence dans l’inefficacité totale du syndicalisme révolutionnaire, qui a complètement cédé sa place au syndicalisme de cogestion réformiste.

      Le seul type de grève vraiment efficace serait une grève pendant laquelle on ne perd pas d’argent. On peut ainsi la poursuivre indéfiniment. C’est une « grève durable », ce qu’on appelle généralement une grève du zèle. On vient au travail, mais on ne fait rien, ou presque, et surtout on organise collectivement cette absence de travail, évidemment sans préavis de grève ni aucune déclaration officielle. Ce ne serait guère que de la désobéissance civile de bon aloi. Arriver à cette conclusion et commencer à la mettre en pratique est juste du bon sens, mais tout est fait au niveau des directions syndicales pour qu’on n’y arrive jamais.

      Cette pro-activité du Renseignement va au-delà de l’organisation de grèves inefficaces et de manifs purement carnavalesques, et même au-delà de l’organisation artificielle d’émeutes en banlieue au moyen de racailles payées en barrettes de shit par les flics pour les aider à compléter leurs propres effectifs de casseurs en civil (ou « appariteurs »), cela touche aussi les idées, avec la diffusion de virus mentaux incapacitants conçus à l’image du système, tels que la théorie du genre, nouvelle mouture du féminisme d’antan mais en plus hystérique encore, à la sauce « girl power » et « gay friendly ». Le résultat est devant nous : il n’y a plus de différence aujourd’hui entre la gauche et les Spice Girls. Hollande, Cohn-Bendit, Besancenot et Lady Gaga : même combat !

      Dans la continuité, j’observe aussi depuis des années un gros travail de fond accompli pour que l’extrême gauche devienne pro-israélienne. On part de loin et cela semble improbable mais le retournement s’opère petit à petit. Comment s’y prennent les agents d’influence ? On évite soigneusement de se mettre à militer explicitement CONTRE la cause palestinienne, cela paraîtrait louche, et à raison, mais en revanche on se met à militer à fond POUR la cause des homos et des transsexuels. Il faut qu’en cas de radicalisation des tensions, si l’extrême gauche est sommée de choisir un camp définitif entre les combattants barbus du Hezbollah et la gay-pride de Tel-Aviv, ce soit la seconde qui l’emporte parce qu’elle aura été rendue plus familière. Sur tous ces sujets, on lira avec fruit Frédéric Charpier, La CIA en France : 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises, ou l’article de Christian Bouchet, « À l’extrême gauche de l’oncle Sam ».

      Cela dit, l’extrême droite n’est pas en reste, question noyautage et infiltration, comme le prouve l’obsession « identitaire », inventée dans les think-tanks du Pouvoir pour remplacer le « communautarisme » devenu péjoratif avec le temps. Aujourd’hui, l’ingénierie sociale s’appuie beaucoup sur la question « identitaire », de gauche comme de droite, notamment par la production de rivalités identitaires dans les classes populaires afin de les morceler, d’empêcher leur organisation et de « diviser pour régner ». Il y a une théorie identitaire de gauche, avec les questions de genre et de sexe, et une théorie identitaire de droite, avec les questions de race et de culture. Pendant qu’on perd du temps avec ces questions-là dans des débats « pour ou contre » surmédiatisés et complètement oiseux, les questions socioéconomiques sérieuses ne sont pas abordées et le Pouvoir continue d’avancer ses pions. Les bonnes vieilles ficelles sont usées jusqu’à la corde mais fonctionnent toujours, cela ne cesse de m’étonner.

      En effet, depuis la nuit des temps, la guerre cognitive menée par le Pouvoir contre le peuple consiste toujours : 1) à essentialiser les petites différences identitaires pour les dresser les unes contre les autres, 2) à coloniser son « temps de cerveau disponible » avec du bruit informationnel et des questions anecdotiques ou secondaires comme leurres de diversion à ce qui est important. La question des identités est au cœur du lien social, évidemment, comme le montrent les sciences humaines, mais ces identités ne définissent votre destin que dans les systèmes pré-capitalistes ; quand c’est votre compte en banque qui définit vos conditions de vie réelles, donc tout ce qui vous arrivera dans la vie, il est illégitime d’en parler autant. Pour approfondir le sujet, je renvoie le lecteur à l’article « Les rivalités identitaires comme instrument de contrôle social », publié dans le collectif Le 11 Septembre n’a pas eu lieu…, aux éditions Le Retour aux sources.

      Cela dit, il y a encore pire que de recevoir l’étiquette de facho, qui est bien commode et rassurante finalement, car les rôles sont clairement définis. D’ailleurs, à ce propos, un contact m’a attesté que la campagne sur le thème de l’antifascisme (les anti-fa, Ras l’front, « Conspis hors de nos villes », etc.) relancée récemment dans les milieux d’extrême gauche a été en fait élaborée depuis un brainstorming commun de la DCRI (les ex-RG) et du journal Le Monde pour tenter de dénigrer toute critique trop appuyée du système.

      Déjà, son mode d’apparition met la puce à l’oreille, car il est beaucoup trop concerté et discipliné pour être une émergence spontanée de l’extrême gauche (laquelle est trop individualiste et désorganisée pour se trouver en état de lancer ce genre de campagne), avec tous ses éléments de langage préfabriqués et livrés « clé en mains » : accusation de « confusionnisme » droite/gauche quand on veut faire la synthèse du meilleur (façon CNR ou Soral) ; accusation des gouvernements « autoritaires » et « populistes », de Chavez à Poutine, pour dissuader de les prendre comme modèles ; accusations en vrac d’antisémitisme, de misogynie, d’homophobie ou de théorie du complot, etc. Bref, le pseudo débat entre les fachos et les gauchos est une routine de contrôle social sans risque et bien huilée, entièrement fondée sur la vieille technique bien connue de « disqualification avant débat », qui consiste à attaquer l’auteur du message pour éviter d’avoir à examiner la pertinence intrinsèque du message.

      Maintenant, si vous voulez vraiment mettre les gens mal à l’aise dans un dîner en ville, faites un tour de table en demandant à chacun combien il gagne, puis orientez la discussion sur les différences de revenus et de capital, les clivages et les hiérarchies que cela induit en termes de qualité de vie, voire d’espérance de vie, et est-ce que c’est bien mérité ?! Vous verrez le résultat. J’ai déjà testé, ambiance marécageuse ou électrique assurée (c’est selon). C’est encore pire que de passer pour le facho de service car vous ne correspondez à aucun rôle prédéfini.

      Dès lors, comment éviter le piège du contrôle ?

      Justement, en ne rentrant dans aucun rôle prédéfini. Le principe de la « gestion de risques », qui est une branche de notre étude, consiste à réduire l’incertitude, en créant de la fausse incertitude si nécessaire. Il faut donc réinjecter de la vraie incertitude dans le système. Réinjecter de la vraie contradiction. Comment être sûr que c’est de la vraie contradiction ? Comment être sûr que je ne suis pas une antithèse générée de manière proactive, une fausse contradiction ? La seule solution consiste à s’extraire totalement du système thèse/antithèse. N’être la contradiction de rien. N’être l’antithèse de rien. Comment ? Ne pas se situer dans des rapports « pour ou contre » quoi que ce soit. Pour cela, il faut apprendre à méta-communiquer : quand je suis face à un débat, « pour » ou « contre » quelque chose, ne pas prendre parti mais monter à l’échelle logique supérieure pour découvrir le tronc commun des thèses contradictoires en présence.

      En général, le « pour » et le « contre » possèdent un présupposé commun, qui est au moins la pertinence du débat en question. Puis, s’extraire de ce tronc commun également. À ce moment-là, on sort d’un débat d’idées pour aller voir la structure de ce débat d’idées et si cette structure correspond à quelque chose dans les faits. Questionner l’origine du débat plutôt que de rentrer dedans. On fait alors de l’analyse de systèmes (systémique et cybernétique), ou de l’analyse de modèles, dont l’ossature obéit à la théorie mathématique des ensembles : les systèmes se chevauchent ou s’emboîtent les uns dans les autres et il y a des systèmes de systèmes, toujours plus intégrateurs, qui permettent de dégager la structure des structures, etc. C’est aussi la logique du Concept et de l’Esprit, qui consiste à subsumer toujours plus.

      Cette procédure de méta-communication permanente sur les idées doit en outre être confrontée à des faits. La base à laquelle nous revenons toujours doit être neutre sur le plan des idées : sortir du jeu des contradictions et des antithèses pour penser les choses uniquement au regard des faits concrets. Les faits, rien que les faits, tous les faits. Ça, c’est totalement irrécupérable. La subversion maximum, à jamais irrécupérable, c’est juste la bonne vieille méthode scientifique expérimentale : des raisonnements logiques appuyés sur des faits concrets.

      Attention, pas de malentendu, je ne parle pas de scientisme ou de positivisme. Je parle d’une attitude simplement non idéologique face au monde, c’est-à-dire avec le moins d’idées possible. Je me méfie comme de la peste des idées et des systèmes d’idées (les idéologies). Les idées et les théories, on ne peut pas s’en passer totalement, mais il faut toujours garder présent à l’esprit que ce ne sont que des hypothèses, plus ou moins cohérentes et consistantes, mais des hypothèses seulement. Les idées et les hypothèses doivent toujours être soumises à l’autorité des faits bruts, l’autorité du Réel, la seule autorité que je reconnaisse, pour ma part. (À une époque, je voulais lancer un mouvement baptisé « La Communauté du Réel », d’après l’article sur la reality-based community de Ron Suskind, mais l’initiative est restée foireuse, faute de temps et de moyens.)

      Le Réel, c’est la manière dont les choses sont, indépendamment de ce que l’on voudrait qu’elles soient. Autres définitions du Réel, celles de la topologie lacanienne : « Ce qui revient toujours à la même place », « Ce qui ne se contrôle pas ». Je milite donc en faveur d’un empirisme intégral, un « factualisme » avec le moins d’idées possibles, car ce sont les idées et les idéologies qui se manipulent, qui se mettent en scène dans des débats « pour ou contre ». Il faut donc savoir rester « trivial » au sens épistémologique, c’est-à-dire au ras des pâquerettes, et sans idées préconçues. Je défends donc une méthode vide, sans contenu, sans idées, ce qui réduit considérablement les risques d’être manipulé. Cette vision de la méthode scientifique, composée d’une méta-communication sur les systèmes, c’est-à-dire sur nos formes mentales, associée à un retour constant à la trivialité factuelle, est également assez proche du bouddhisme zen. Pour tout dire, c’est juste du « bon sens ».

      La désinformation, expliquez-vous, passe notamment par les glissements sémantiques via la promotion de nouveaux mots à des fins de propagande. Qu’en est-il ?

      Pour le Pouvoir, la manipulation du langage en général est essentielle car c’est de cette façon-là qu’il construit une réalité. Je disais au début de l’interview que dans un cadre d’ingénierie, on ne se parle plus. Pour être plus précis, on peut continuer de se parler « en apparence », mais c’est du pseudo langage, de la langue de bois ou de coton, du langage qui n’est plus indexé sur le Réel. Les grands totalitarismes du 20ème siècle ont fait avancer l’art de la déréalisation au moyen du langage jusqu’à une extrême sophistication. Orwell a tout dit avec son concept de Novlangue, mais on le complétera judicieusement par les ouvrages de Victor Klemperer, Éric Hazan et Christian Salmon.

      Pourquoi le storytelling marche-t-il aussi bien ? Comment se fait-il que nous soyons sensibles à ce point aux histoires qu’on nous raconte et que ces narrations souvent fictives pèsent malgré tout d’un tel poids dans nos vies et sur la marche du monde ? Cela vient du fait que l’homo sapiens n’est jamais en contact direct avec le réel brut. Nous n’avons accès au réel que par l’intermédiaire d’une construction sémantique, langagière, qui fournit la représentation, la carte du territoire dans lequel nous subsistons. Cette carte, c’est l’ensemble de ce que nous savons sur le monde, c’est la grille de lecture culturelle que nous apprenons et perfectionnons depuis la naissance et sans laquelle nous ne pourrions survivre. Pour plus d’explications sur ces affaires de sémiotique appliquée à la psychogenèse, on se reportera aux recherches de Dany-Robert Dufour, notamment dans On achève bien les hommes. Je vais essayer de résumer.

      Tout part du fait que l’espèce humaine est néotène, c’est-à-dire prématurée. L’héritage génétique seul n’est rien, il a besoin d’être activé par de la fiction. Dans une vie d’Homme, la fiction représente une part plus importante que le Réel. La mise en fiction du vécu humain est inscrite dans notre condition de sujets parlants. En fait, tout ce qui fait Sens relève peu ou prou de la fiction. Cela inclut tous les grands récits identitaires et communautaires, tous les grands mythes historiques, religieux, politiques, mémoriels, et pas seulement ceux dont la censure interdit le questionnement depuis quelques années. Pour comprendre cela, il faut examiner les mécanismes de l’acquisition du langage, puisqu’il n’y a pas de production de sens sans un code, sans un véhicule langagier. À la naissance, sur un plan strictement génétique, le bébé est capable de produire tous les sons. Or, aucune langue humaine ne contient tous les sons. Pour entrer dans une langue et commencer à échanger du sens, le bébé doit donc apprendre à inhiber certaines potentialités génétiques, certaines potentialités réelles et naturelles, au bénéfice du renforcement d’autres potentialités génétiques. L’entrée dans le langage, l’entrée dans le sens, suppose donc une négation sélective au sein de l’héritage génétique, dans l’éventail des potentialités qui nous sont léguées, ce qui constitue une sorte de dénaturation.

      La nature est trop riche, l’entrée dans la culture et le sens en constitue une réduction et une orientation spécifique, aux dépens d’une autre orientation. Cette réduction, ou limitation, ou dénaturation, ou information (au sens de mise en forme) du matériel génétique inné, correspond aussi au mécanisme de la socialisation. L’apprentissage social, l’acquis post-natal, l’éducation, la culture, en un mot la « compétence langagière », imposent des limites et inhibent sélectivement l’héritage naturel, qui sans cette influence extérieure reste anarchique, amorphe, non-structuré, « lettre morte ». C’est cette information inhibitrice qui donne du Sens. Chez les humains, l’héritage génétique tout seul ne conduit qu’à l’autisme et à une absence handicapante de socialisation. La socialisation langagière et sémantique constitue donc en elle-même une déréalisation : le vécu natif, originel, génétique, du Réel brut naturel n’est pas pris en bloc, il n’est pas respecté dans son intégrité totale, on n’en retient que certaines parties, mais ce mécanisme sélectif passe inaperçu et la « partie », la construction sélective, est prise pour le « tout ».

      En effet, pour que le code culturel au moyen duquel nous communiquons soit crédible et fonctionnel, il doit reposer sur le postulat illusoire de son adéquation pleine et entière au Réel : oublier que c’est une convention pour se mettre à croire que c’est un absolu. Si je commence à douter du langage que j’utilise, c’est non seulement ma capacité au lien social qui s’effondre, mais encore tout forme de « sens de la vie » (processus de la psychose). Pour entrer dans l’univers du Sens, dans l’univers des symboles et des codes langagiers, il faut donc nier sélectivement le Réel tout en croyant qu’on le respecte. Pour continuer à utiliser la carte, il faut croire qu’elle correspond au territoire.

      Pourquoi conclure par « L’Appel des résistants » ? Stéphane Hessel n’a-t-il pas, comme le rappelle Jean-Claude Michéa dans Le complexe d’Orphée, fourni plusieurs membres à la Commission trilatérale via son club Jean Moulin ?

      Stéphane Hessel n’est pas le seul signataire de cet « Appel des résistants », ils sont une quinzaine. Par ailleurs, quand j’ai écrit mon bouquin en 2008-2009, je ne savais même pas qui était Stéphane Hessel, en dehors d’un nom mêlé à d’autres au bas d’un texte. Rappelons le contexte. L’Appel des résistants, écrit en 2004, a été rédigé pour commémorer le 60ème anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance, écrit en 1944. Ce programme du CNR, de son vrai titre Les jours heureux, est un texte absolument extraordinaire, merveilleux, époustouflant d’intelligence et de bonté, tout le génie français est là, dans cette alliance entre gaullistes et communistes, qui vous donne la chair de poule et vous fait monter les larmes aux yeux.

      À moins d’être un salaud, on ne peut qu’être d’accord avec ce texte et ressentir l’urgence d’en faire la promotion ; mais bien qu’il n’ait que la taille d’un manifeste, ses quarante pages interdisent de pouvoir le citer dans son intégralité. Je voulais néanmoins rappeler son existence et me placer sous son patronage. Faute de place, je me suis contenté de reproduire L’Appel des résistants, qui en fournit un résumé sur deux pages. En plus synthétique encore, notons que l’on retrouve également tout l’esprit du Conseil national de la Résistance dans la maxime assez géniale d’Égalité et réconciliation, le mouvement fondé par Alain Soral : « Gauche du travail, droite des valeurs ».

      Passons au plan géopolitique. Les récents bouleversements en Italie, Grèce, la loi NDAA d’Obama peuvent-ils s’interpréter en termes d’ingénierie sociale ?

      Du point de vue de l’oligarchie occidentale, dont Obama et ses conseillers sont des représentants, un monde multipolaire, un monde multiculturel, est intolérable car il n’est pas totalement sous contrôle, sous son contrôle. Un monde multipolaire rappelle à l’oligarchie le monde réel en la rappelant à certaines limites, aux frontières, à la contradiction, au fait qu’elle ne domine pas le monde entièrement. Pour l’oligarchie capitaliste, le monde doit être Un et sans frontières. Telle est sa vision de la géopolitique. Pour y parvenir, elle s’emploie donc à détruire le monde tel qu’il est pour le remplacer par le monde tel qu’elle voudrait qu’il soit.

      Méthodologiquement, dans son œuvre de destruction, elle fait usage de la « stratégie du choc » et du « management de la terreur ». La Terror management theory est une branche des sciences humaines née en 1986 sous l’impulsion de trois chercheurs américains Greenberg, Pyszczynski et Solomon. Cette approche gestionnaire, rationnelle et scientifique de la terreur propose une analyse des mécanismes psychologiques et comportementaux de la peur et de la panique. Au niveau d’une ingénierie, on peut en tirer des applications permettant de répondre à certaines questions. Comment terroriser et paniquer autrui de la manière la plus efficace possible ? Comment rendre les gens complètement fous, comment les pousser au suicide ou à s’entretuer, sans que cela ne m’impacte en retour, évidemment ?

      Conformément à ce que nous disions plus haut sur le langage, la représentation est parfois suffisante pour provoquer les mêmes effets que le réel. Par exemple, ce que l’on appelle communément la « dette publique » n’existe que dans le langage. Mais du fait que l’oligarchie ne pouvait pas y faire croire du jour au lendemain sans un minimum de mise en scène, il a fallu passer par le stratagème de la crise de 2007-2008, au moyen de laquelle les banques ont surendetté les États avec l’argent qui a servi à les sauver, elles. Créancières et débitrices en même temps, les banques nous font entrer dans un système circulaire d’auto-confirmation performative sans rapport avec le réel et de nature profondément hallucinatoire et psychotique.

      Jean-Claude Paye est très bon pour analyser ces mécanismes de folie sociale. Si ça marche quand même, c’est uniquement parce que la police et l’armée sont là pour protéger les banquiers, qui ne sont que des types dans des bureaux (ou des châteaux), et sont donc par eux-mêmes totalement impuissants à imposer quoi que ce soit. Le pouvoir de la finance repose entièrement sur ce que l’on appelle communément le bluff, comme au Poker. D’ailleurs, on attribue à Mayer Rothschild, le fondateur de la dynastie, la remarque suivante : « Prenez l’apparence du pouvoir, et on ne tardera pas à vous le donner réellement. »

      Ce qui marche pour le pouvoir fonctionne également pour le danger. La capacité à « faire croire » (au pouvoir ou au danger) est fondamentale puisque la représentation du danger provoque à peu près les mêmes effets anxiogènes que le danger réel. D’où le fait que l’anti-terrorisme, dont le Patriot act, la NDAA ou nos lois scélérates en France sont des avatars, n’ait pas besoin de vrais terroristes. D’où le fait qu’il s’en passe effectivement !

      Personnellement, quand j’entends parler de « menace terroriste », je souris. Pendant des années, je suis allé à l’École militaire, située en face de la tour Eiffel à Paris, pour y écouter des colloques et des conférences sur le Renseignement, les Forces spéciales, la stratégie militaire, la géopolitique et la sécurité. Ces événements rassemblent le gratin de l’armée, de la police, des services secrets, de la politique, du patronat et du journalisme. La « menace terroriste islamiste » constitue le fil conducteur de tous les débats. Bizarrement, on rentre dans ces conférences sur simple inscription par Internet et présentation rapide d’une pièce d’identité banale et aisément falsifiable à l’entrée. Il n’y a aucun portique détecteur de métaux, aucun scanner corporel ni tapis roulant pour les sacs et valises, aucun chien renifleur, et je n’ai pas souvenir d’une seule caméra de vidéosurveillance. Cohérence et vraisemblance semblent donc secondaires, y compris de la part des professionnels de la sécurité puisqu’ils ne prennent même pas la peine de se protéger des dangers dont ils dissertent complaisamment par ailleurs.

      En réalité, il n’y a AUCUNE menace terroriste islamiste. Zéro, rien, et ces professionnels le savent pertinemment, raison pour laquelle ils s’épargnent à eux-mêmes les nuisances tatillonnes de la paranoïa sécuritaire. Pour ma part, j’ai suffisamment étudié la question : les seuls risques terroristes réels en Occident viennent des services secrets occidentaux eux-mêmes, et en particulier anglo-saxons et israéliens. Il suffit de se cultiver un peu sur les méthodes de travail des services spéciaux pour apprendre que l’attentat sous faux drapeau (false flag), c’est-à-dire faussement attribué à quelqu’un d’autre, est d’un usage complètement banalisé depuis des siècles. Les emprunts et les abus d’identité, ainsi que les identités entièrement inventées de toutes pièces, ce que l’on appelle dans le jargon des « légendes », sont le pain quotidien du boulot dans le Renseignement.

      La menace terroriste en Occident est donc largement une fiction, comme la dette publique, mais qui s’inscrit parfaitement dans ce management de la « terreur virtuelle ». Tous les événements géopolitiques que vous mentionnez sont les symptômes de ce qu’il faut bien appeler une véritable ingénierie de la peur appliquée aux peuples, mais sans aucune raison objective, sans raison réelle, il faut ne jamais cesser de le dire. La puissance de la « communication », c’est-à-dire des médias, fait tout. Ce raffinement proprement satanique dans le sadisme révèle que l’oligarchie occidentale atlantiste est passée bien au-delà de la décadence, elle en est au stade de la dégénérescence et de la sociopathie généralisée. Pour continuer sur ces sujets, à côté de l’ouvrage bien connu de Naomi Klein, j’en recommande d’autres, tout aussi indispensables, Choc et simulacre de Michel Drac, et La stratégie du chaos de Michel Collon. Si nos titres font écho les uns aux autres, ce doit être le Zeitgeist…

      Quelle grille d’analyse appliquer aux révolutions colorées ?

      Il faut partir d’un principe. C’est un raisonnement déductif mais appuyé sur des observations empiriques : toutes les révolutions authentiques, venant vraiment du peuple, ont échoué ; toutes les révolutions qui ont marché étaient des « révolutions colorées » menées par des « minorités actives ». Ce fut le cas de la Révolution américaine, de la nôtre en 1789, puis 1917 en Russie. Cela commence à se savoir également pour Mai 68 (cf. Alain Peyrefitte ; Roger Frey ; L’Express n°2437), dont le but était d’ouvrir la France aux réseaux américano-israéliens. Ces minorités actives, composées de lobbies et de groupes d’influence divers, surfent sur la colère du peuple, colère parfois justifiée mais aussi parfois complètement fabriquée, ou amplifiée. « Agiter le peuple avant de s’en servir », comme disait Talleyrand. Ensuite, usant des médias comme de caisses de résonnance, ces minorités actives filment en gros plan une zone circonscrite où les gens s’agitent effectivement, comme la place Tahrir au Caire, pendant que le reste de la ville et du pays fait la sieste, ainsi que me l’a rapporté un contact en Égypte. On a eu le même genre de manip’ en Libye, avec la place centrale de Tripoli reconstituée en studio au Qatar, en Russie avec des images fausses de manifestations anti-Poutine, et en Syrie, évidemment.

      Même quand le peuple souffre vraiment, sa capacité à plier et à ne pas se révolter « spontanément », sa capacité d’inertie, est presque infinie. Il arrive cependant parfois qu’un leader charismatique émerge et provoque une insurrection, une révolte, une jacquerie. En général, ça s’essouffle rapidement par manque de moyens, ou c’est réprimé dans le sang vite fait, bien fait. Quand ça dure et que c’est couronné de succès, cela veut dire qu’il y a des professionnels derrière. Car, oui, il y a des professionnels de la révolution, des professionnels de l’agitation et de la subversion. Comme il faut quand même de gros moyens pour faire tomber un État ou un régime, cela prouve de facto qu’on a affaire à des acteurs très puissants derrière ces pseudos révolutions, c’est-à-dire d’autres États, dotés de services de Renseignement performants, ou des fortunes privées qui peuvent concurrencer les États. Voir à ce sujet Roger Mucchielli, La subversion, ainsi que les théoriciens de la contre-insurrection : Frank Kitson, David Galula, le général Francart.

      Pouvez-vous revenir sur l’actualité du concept de biopouvoir que vous exposez dans votre dernier chapitre ?

      Si l’on poursuit la réflexion de Foucault ou Agamben, on arrive au brevetage du vivant, c’est-à-dire à sa privatisation, aux Organismes Génétiquement Modifiés, à l’eugénisme et au transhumanisme. Malheureusement, tout cela est d’actualité. En effet, il existe des volontés affirmées au sein d’organisations supranationales sans légitimité comme l’Union européenne ou l’Organisation Mondiale de la Santé d’en finir avec la biodiversité au moyen de textes à prétentions légales tels que le Catalogue des semences autorisées, le Certificat d’obtention végétale ou le Codex Alimentarius. Toutes ces prospectives sont résumées par le concept de Gestell, formulé par Heidegger, que l’on pourrait traduire par le « disposé ». Ou encore, au prix d’un néologisme, « l’ingénieré ». C’est vraiment l’esprit de l’époque, la société liquide, rien ne doit être « en dur » et rien ne doit durer, il faut pouvoir tout réécrire, tout modifier, tout recomposer à chaque instant car tout doit être mis à disposition, tous les aspects de la vie, y compris les plus intimes, en l’occurrence le code génétique des êtres vivants, de tous les êtres vivants, de la plante à l’humain.

      À cet égard, l’initiative commune d’un Bill Gates et d’un Rockefeller de créer sur l’île norvégienne de Svalbard une sorte de bunker « arche de Noé » contenant toutes les graines et semences du monde est plutôt inquiétante. Pourquoi font-ils cela, que manigancent-ils ? Question rhétorique, le projet est fort clair : il s’agit de commencer à privatiser toute la biosphère, ce qui permettra de la contrôler intégralement après l’avoir intégralement détruite. Rigidifier après avoir fluidifié, nous sommes au cœur du Gestell et de l’ingénierie cybernétique, qui partagent le même horizon : l’automatisation complète du globe terrestre.

      Dès lors, avec les ingénieurs sociaux, quelle humanité pour demain et dans quelle démocratie ? Peut-on d’ailleurs encore parler de démocratie ?

      On se souvient de la fameuse phrase du générique de L’homme qui valait trois milliards : « Messieurs, nous allons le reconstruire. » Le principe commun de l’ingénierie sociale et du transhumanisme tient dans cette phrase, et pour tout dire, la première conduit inévitablement au second. (Je dois l’avouer, moi-même j’ai été transhumaniste, mais je revendique le droit à « l’erreur de jeunesse », dès lors qu’on en prend conscience et que l’on fait amende honorable.) Conformément aux vœux de leurs financiers de Wall-Street, les nazis ont été les Pères fondateurs du transhumanisme moderne. Leur anthropologie, appuyée sur une interprétation puérile du concept de surhomme de Nietzsche, relevait d’un principe de transformation du donné naturel et visait à la création d’un Nouvel Homme par l’ingénierie génétique. Les libertaires gauchistes qui font la promotion du transgenre et du changement de sexe ou d’identité à volonté en sont les dignes descendants spirituels, avec Toni Negri et Deleuze. Ils se reconnaîtraient peut-être davantage chez les soviétiques, qui furent plus prompts à dégainer l’alibi progressiste (« Du passé, faisons table rase ») pour défendre des programmes similaires de reconstruction intégrale de la nature humaine.

      Et comme on le voit sous la plume de Jacques Attali (ainsi que chez Ray Kurzweil et Howard Bloom), la pointe fine du sionisme fusionne également avec le projet transhumaniste et adopte à ses heures la notion corollaire de « Nouvel Ordre Mondial », nouvel ordre issu du chaos selon la terminologie de l’Illuminisme anglo-saxon (voir Aldous Huxley et consorts). En un sens, Claude Vorilhon, alias Raël, a tout compris de son époque, lui qui imbrique le Svastika lévogyre, symbole de destruction, avec les deux pyramides entrelacées de l’étoile de David sur fond de clonage reproductif ! Bref, il semble que tous les « tarés de la Terre » (et non pas les damnés) convergent depuis toujours dans le transhumanisme.

      Du transhumanisme au post-humanisme, puis au postmodernisme, il n’y a qu’un pas. En fait, c’est la même chose. Le postmodernisme, c’est quoi ? En un mot, le postmodernisme c’est quand la copie remplace l’original. L’original est imparfait, on le remplace par sa copie retouchée et lissée, comme sur Photoshop. Le transhumanisme ou le post-humanisme remplacent l’humain original par des copies soi-disant améliorées, augmentées (comme la « réalité augmentée » virtuellement). Aujourd’hui, c’est tout le monde réel qui se trouve menacé par une vague de déréalisation postmoderniste et de remplacement par sa copie réécrite. Le Réel c’est ce qui ne se contrôle pas. Pour arriver au contrôle total dans ces conditions, pas d’autre choix que de détruire le Réel original et de le remplacer par sa copie virtuelle. Puis on produit des copies de copies à l’infini, pour parvenir à un contrôle toujours croissant. À la fin, il ne reste de l’original qu’un simulacre complètement dévitalisé et désubstantialisé. Sur le plan politique, c’est l’avènement de la post-démocratie, qui n’est qu’une pâle imitation de la démocratie originale, comme on le voit dans l’Union européenne (référendums annulés, limogeage de Papandréou, etc.).

      Idem dans le champ des religions : il y a autant de rapports entre le judaïsme et Israël qu’entre l’islam et l’Arabie saoudite, ou le christianisme et les États-Unis. C’est-à-dire à peu près aucun, en dehors de la récupération de signes extérieurs d’affiliation identitaire, mais des signes totalement vidés de leur substance. Le capitalisme est passé par là. Pour être juste, dans ces pays il faut donc parler de post-judaïsme, de post-christianisme et de post-islam. Quand le capitalisme veut se donner un supplément d’âme pour mobiliser ses troupes, il se pare d’oripeaux mythologiques et raconte une histoire, par exemple qu’il n’est pas fondé sur une hiérarchie de classes socioéconomiques mais qu’il agit pour une communauté culturelle ou ethnique, etc. Bref, il joue du pipeau et tente de vous prendre par les émotions. Cela marche quand même sur les individus et les groupes sociologiques naïfs, peu politisés, en détresse ou angoissés.

      Quels moyens de riposte nous reste-t-il ? Où et comment nous investir ?

      D’abord, quelques mots de méthode et de formation. Il faut ne jamais oublier une chose : nous sommes en guerre. Il faut vivre avec ça présent à l’esprit. Nous devons donc devenir des guerriers et faire la guerre. Il y a mille façons de faire la guerre, parfois très détournées, très impalpables, comme la guerre psychologique, et il y a aussi des reculs tactiques et des pauses. Mais le cadre général, c’est la guerre et le combat. Nous allons la mener en démocratisant la culture du Renseignement. Au quotidien, nous pouvons être les acteurs d’une véritable guerre de l’information très stimulante, comme un jeu de cache-cache avec le Pouvoir et ses relais dans la population. Que chacun devienne un agent d’influence à son niveau. La plupart de nos concitoyens sont timorés et intimidés. Il faut donc les désinhiber, les déniaiser en quelque sorte, et faire monter leur envie de violence contre le système, mais de manière parfaitement canalisée et rationnelle sur le plan de l’action et de la méthodologie du renversement. « Frapper sans haine », comme on apprend dans les arts martiaux. Cette exigence de rationalité scientifique dans l’action, il faut la maintenir jusqu’au bout. Même en situation de crise, ne jamais, jamais, jamais céder à la panique et aux émotions. Rester lucide, maître de soi, décontracté. Surtout, ne jamais simplifier les choses et savoir rester dans la complexité. Nous devons devenir aussi tranchants, acérés et dangereux que la lame de l’épée, sur le plan intellectuel et physique. Une élite, en somme.

      Maintenant, définir l’ennemi : l’Occident atlantiste et ses alliés (inutile de développer). Ensuite, le programme : nous allons en finir totalement et définitivement avec l’Occident atlantiste et ses alliés, les rayer intégralement de la carte, de Washington à Tel-Aviv, en passant par Londres et Paris, sans oublier Ryad, Doha, etc. Nous ne conserverons ce moment atlantiste et postmoderne de l’Histoire dans la mémoire des Hommes qu’à titre pédagogique, comme un bêtisier pour rappeler tout ce qu’il ne faut pas faire, une parenthèse pénible qui pourra être décrite comme le règne de l’Antéchrist pour les croyants, ou comme l’âge nihiliste du Dernier homme en termes nietzschéens, en un mot, le Mal absolu, le stade terminal, la déjection ultime. Nous allons tirer la chasse d’eau et passer à la reconstruction de la civilisation.

      Maintenant, les moyens. D’abord, nous devons être nombreux, c’est la seule chose que le Pouvoir n’est pas. Il faut faire des enfants, un maximum d’enfants. Il n’y a rien qui fasse plus horreur au Pouvoir qu’une démographie galopante, d’où sa promotion de la contraception, de l’avortement et ses efforts pour détruire la famille en mettant les femmes au travail et en dressant les enfants contre les parents. Le peuple doit être nombreux car « Le peuple est tout », comme dit Alexandre Douguine dans La Quatrième théorie politique. Le nombre est notre force, mais ce nombre doit être organisé. Il faut donc mettre les « petites différences » narcissiques au placard, couleurs de peau, origines culturelles, croyant/pas croyant, tout ça on s’en fout. Le peuple n’est jamais parfaitement homogène, de toute façon.

      Comment organiser le peuple ? Il faut construire un « cerveau collectif » pour le peuple, un cerveau collectif populaire et populiste. Ce cerveau collectif doit être fondé sur la Tradition. Donc sur LES traditions. Si l’une tombe, les autres peuvent prendre le relais. Toutes les traditions authentiques peuvent s’entendre car elles convergent dans leurs principes. Ces principes ont tous en commun d’organiser le psychisme et la société dans une combinaison de hiérarchie et d’hétérophilie. Autrement dit, la Loi et l’Amour. Définition de la normalité selon Freud : « Aimer et travailler. » La formule de la Tradition, c’est donc la « hiérarchie hétérophile ». Symétriquement, l’ingénierie cognitive progressiste, de Hitler à Sarkozy, essaie de désorganiser et de stériliser le peuple en lui inoculant le virus de la postmodernité : l’anarchie homophile, c’est-à-dire la loi du plus fort et l’amour du moi. En un mot, l’individualisme. Ces antivaleurs doivent être les repoussoirs absolus.

      Avec notre cerveau collectif traditionnaliste, hiérarchisé et hétérophile, nous pouvons passer à l’attaque. La règle de l’action doit être de se placer au niveau de ce qui est et qui ne change pas. S’inscrire dans la durée et le long terme. Quand on analyse un système, il y a des constantes et des variables. Il faut distinguer les unes des autres et se placer au niveau des constantes. Le Pouvoir, de son côté, met en œuvre une véritable ingénierie des perceptions en multipliant les variables à l’infini, de sorte à ce qu’elles capturent notre attention et que nous ne percevions jamais les constantes. L’ennemi veut nous plonger dans le court terme, la panique, toujours pour nous désorganiser. Il faut donc se placer du point de vue de l’éternité. Nous sommes l’éternité. De ce point de vue, il faut ensuite faire feu de tout bois, attaquer sur tous les fronts en même temps sans en oublier aucun. Nous allons irriguer tout le corps social de manière capillaire de sorte à rétablir en tout lieu la Loi et l’Amour. Comme nous sommes dans une guerre culturelle, il faut veiller à notre hygiène mentale. À ce niveau, la priorité absolue, qui ne coûte rien, au contraire, consiste à se séparer définitivement de la télévision, qui reste le principal outil de management des perceptions du Pouvoir.

      Pour ma part, je n’ai plus de télé depuis des années, ça change la vie, car vous n’êtes plus sous l’influence virtualisante des images qui vous dépossèdent de votre propre vie mentale. Sans télé, vous récupérez votre souveraineté cognitive, vous gagnez en « réalisme », en capacité à voir les choses comme elles sont et pas comme on vous dit de les voir. À propos des médias, de la désinformation et de la ré-information, comme le dit Thierry Meyssan, les Français n’ont plus d’autre choix aujourd’hui que de s’informer à l’étranger. Plus largement, il faut éviter dans la mesure du possible de s’informer à des sources occidentales « grand public » et se ré-informer auprès des médias non-occidentaux. Les médias occidentaux ou pro-occidentaux mainstream doivent mourir.

      Sur le plan de l’insertion sociale et professionnelle, il faut « faire carrière ». Constituer l’analogue des réseaux de sayanim ou de francs-maçons pour les concurrencer sur leur propre terrain, dans les institutions publiques, pour les revivifier de l’intérieur, mais aussi dans les secteurs privé et associatif, et jusqu’en cherchant des alliés à l’étranger. Dans l’institution, s’investir dans ce qui reste de l’État, la fonction publique, les partis (UMPS et autres), les syndicats, la police, l’armée et travailler à y renforcer toutes les tendances souverainistes qu’on aura repérées, de droite comme de gauche, le but de la manœuvre étant de reconstruire une authentique démocratie nationale. Certes, il n’y a plus aucun contre-pouvoir institutionnel en France. Il faut donc le recomposer en s’appuyant sur les structures déjà existantes. Cela exigera nécessairement de dé-mondialiser, sortir de l’Union européenne, de l’Euro, de l’OTAN et d’abolir la fameuse « loi de 1973 » pour rétablir un authentique protectionnisme économique.

      Abattre, ou du moins affaiblir, le système bancaire est essentiel car, dans le fond, il est purement parasitaire. Il faut laisser le moins d’argent possible à la banque, ou alors dans des banques non-occidentales. Le bank run complet est un idéal vers lequel il faut tendre, mais il est difficilement pratiquable pour la plupart des gens. Il faut essayer quand même de dé-virtualiser nos biens et de re-matérialiser notre capital au maximum, par exemple, dans les métaux précieux ou l’immobilier. Si on n’a pas beaucoup d’argent, acheter des objets utiles pour le bricolage, des denrées alimentaires non périssables, des graines et des semences, ou un petit terrain, voire un garage, une cave, un grenier, un comble, un box. Bref, convertir tout ce qui n’a qu’une valeur d’échange, une valeur fiduciaire, sous format papier ou numérique, en choses à valeur d’usage, valeur réelle et concrète.

      Dans le privé, il faut faire carrière également partout avec le même objectif souverainiste, et en particulier dans les médias et l’Intelligence économique, qui restent des secteurs d’avenir dans nos sociétés tertiarisées, mais aussi dans l’agriculture et l’industrie, si possible. Dans l’associatif, s’investir dans divers mouvements, les « villes en transition », la relocalisation, le survivalisme (à condition qu’il abandonne ce qui reste en lui d’égoïsme concurrentiel libéral), les monnaies alternatives et complémentaires, où l’on apprend à s’organiser concrètement en dehors du capitalisme. La reconquête locale d’une souveraineté alimentaire, énergétique, puis économique et politique permet d’améliorer la résilience, la capacité de résistance aux chocs infligés par le capitalisme et son mode de fonctionnement par la crise, la délocalisation et le déracinement. Comme disait Sun-Tzu, « Gagner, c’est rester en vie ». Tant que nous sommes en vie, quelles que soient les conditions de cette vie, l’ennemi n’a pas gagné. Donc nous ne perdons pas. Donc nous gagnons.

      Il faut agir localement, mais ne pas oublier de penser aussi globalement. Pour cette raison, il faut soutenir tous les pays libres, et en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie, le Venezuela, Cuba, la Hongrie. Il faut également soutenir tous les résistants partout dans le monde : les Khadafistes en Libye, les combattants antioccidentaux en Afghanistan, en Irak, en Palestine, au Liban… Il faut apprendre les langues de ces pays et créer des liens avec eux, leur envoyer de l’argent, puis ré-informer les populations occidentales sur ce qui s’y passe vraiment, à savoir que les gens sont plus heureux là-bas que par chez nous et qu’il ne faut pas croire un mot de la propagande de guerre visant à les salir. L’oligarchie occidentale ne craint qu’une chose : que les peuples qu’elle est en train de martyriser, à commencer par les Grecs et à suivre par nous, se tournent vers des pays non-occidentaux pour y trouver du soutien, d’abord moral et plus si affinités. L’oligarchie craint par-dessus tout que l’on puisse comparer les systèmes de société et que cela soit en défaveur du système dans lequel elle veut nous faire rester. Elle veut que nous aimions notre cage et nous inoculer le syndrome de Stockholm afin que nous aimions notre bourreau. À cette fin, les pays non-occidentaux sont décrits dans les médias comme « autoritaires », ou pires encore, des horribles dictatures, où les gens sont malheureux, persécutés, assassinés, les élections truquées, etc.

      Balayons devant notre porte et ne cessons jamais de rappeler la triste réalité de l’Occident atlantiste : dictature des banques, démocratie virtuelle, référendums annulés et scrutins trafiqués par diverses méthodes, fiction totale de la « menace terroriste » ici, mais soutien au terrorisme ailleurs, kidnappings de milliers d’innocents dans des prisons plus ou moins secrètes où on les torture en douce, épidémies de dépressions, de cancers, de divorces et d’enfants obèses ou hyperactifs, etc. Le multiculturalisme, qui permet de comparer les codes culturels, donc de les critiquer, est l’ennemi frontal de l’oligarchie occidentale car il ouvre sur autre chose que son modèle unique de société ; raison pour laquelle cette oligarchie essaie de remplacer le multiculturalisme et la pluralité des nations souveraines par un seul monde sans frontières où règnerait la monoculture occidentale libérale-libertaire. Abolir les éléments de comparaison.

      Et quand le soft power ne suffit plus, l’oligarchie du capital continue sa colonisation à coup de bombes et d’invasions militaires sous prétexte humanitaire et en invoquant le droit d’ingérence et les « droits de l’homme ». Une des initiatives les plus prometteuses de ces dernières années pour contrer tout cela est le mouvement lancé depuis la Russie par Alexandre Douguine, notamment au travers de la Global Revolutionary Alliance, qui vise à défendre la multipolarité au niveau géopolitique. Il semble bien qu’en outre ce soit la ligne idéologique du Kremlin. Nous pouvons donc nous adosser à un État qui possède des armes de pointe et en particulier la Bombe, condition sine qua non pour avoir les moyens de défendre des idées de manière conséquente. Pour agir plus près de chez nous, il existe de nombreuses structures françaises ou francophones souverainistes qui me paraissent adéquates, je ne refais pas la liste.

      Le principe directeur de notre action doit être d’empêcher par tous les moyens possibles et imaginables la constitution d’un gouvernement mondial, par une guerre atomique si nécessaire, car un gouvernement mondial serait pire que l’Armageddon thermonucléaire. Pour Baudrillard, la véritable apocalypse n’était pas la fin réelle du monde, sa fin physique, matérielle, assumée, mais son unification dans ce qu’il appelait le « mondial », ce que l’on appelle aujourd’hui le mondialisme, et qui signait la vraie fin, le simulacre ultime, le « crime parfait », c’est-à-dire la fin niant qu’elle est la fin, la fin non assumée, donnant l’illusion que ça continue. La Matrice, comme dans le film, si vous voulez.

      L’Histoire s’arrêtera, ce sera la fin du monde, le jour où il n’y aura plus au moins deux blocs, deux Pouvoirs. Faisons donc vivre la dualité, l’antagonisme, le rapport de forces. Notre ennemi doit le savoir : nous allons nous battre. Cela tombe bien car nous aimons nous battre, nous adorons ça, nous n’aimons que ça, c’est le sens de notre vie, nous n’arrêterons donc jamais car la paix nous ennuie. Le combat, le polemos, c’est la vie, comme disait Héraclite. C’est dans le combat que nous nous sentons vivre et que nous sommes heureux. La perspective de l’affrontement nous remplit de bonheur, nous commençons à sourire et nos yeux brillent quand l’heure de la bataille approche. Et nous ne sommes jamais fatigués, jamais découragés, et nous revenons toujours à l’assaut car la victoire n’est même pas le but, car nous aimons le combat pour le combat et qu’il est en lui-même la récompense. Et c’est ainsi que ceux qui aiment la vie en tant qu’elle est combat deviennent invincibles et ne peuvent que gagner. Car la victoire, c’est de se battre.

      notes

      NB : interview commandée par le magazine Nexus, puis refusée à la publication au motif que des coupes étaient nécessaires et que les auteurs s’y sont refusé.
    • 2012

      Bonne année de résistance et de combat 2012 !

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    • A mon petit orbi et urbi

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      Ayant reçu récemment divers messages téléphoniques de journalistes locaux désireux de s’entretenir avec moi et me demandant de les rappeler, ce que je n’ai fait à aucun moment, voici la réponse que j’ai donnée à celui qui a finalement réussi à me joindre.

      En préambule, je tiens à dire que je n’ai nullement fait étalage de mes états d’âme politique ni dans la presse, ni sur mon blog, je me suis contentée de livrer mes remarques quotidiennes sur un réseau social, aux personnes qui me connaissent.
      Non que je tienne à les garder secrets, mais simplement parce que ma volonté n’est que d’ouvrir un front effronté au sein de ma famille politique et qu’il m’apparaissait bien plus simple, légitime et efficace, de le faire de l’extérieur du Front. Dont j’ai donc démissionné.
      Et si les journalistes ne comprennent pas vraiment pourquoi, ils n’auront qu’à dire qu’ils ne savent pas, si d’aventure on leur posait la question.

      J’ai annoncé cette démission il y a trois mois maintenant, de la façon discrète que je dis, or, la presse me presse cette semaine.
      J’en ignore les raisons, sauf l’hypothèse que ma fédération ait encore trouvé là un nouveau moyen de faire des siennes ... Peu importe.

      Je trouve cette manière de la presse à chercher du sang, répugnante, moi qui ai toujours eu du mal à me faire entendre d’elle pour des raisons autrement plus importantes que ma petite personne, ça m’insupporte et ne m’étonne guère au demeurant, ce que je n’ai à dire d’ordinaire, ne concerne il est vrai que nos concitoyens et on notera que ceux-ci et l’avis d’un mouvement politique qui n’entend que les défendre, sont bien peu de chose face à ce qui semble bien être une attraction irrépressible pour le tordu : la petite bête, plus que jamais au service de la plus grande bêtise.

      Aux media qui me demandent ce que je pense de la venue de Marine le Pen à la Soucoupe de Saint-Nazaire, j’ai répondu, le plus grand bien.
      Marine a toute sa place et plus que personne sur ces terres perdues aux quatre vents et vendues à la découpe et à petit feu. Cette terre ouvrière irriguée de la sueur des hommes est notre sang.
      C’est le même qui coule dans les veines du Front, partout où un travailleur en puissance ou en repos s’inquiète, est le lieu de celui qui veut autre chose que sa peau.

      Le système Umps a sciemment tué les bassins industriels de notre pays, le dernier arc subsistant était de notre côte, la logique libérale ne devrait pas tarder de l’achever sous les courbettes et les promesses fallacieuses des dirigeants politiques qui se sont succédés depuis quarante ans.

      Quand nous avions vendu savoir-faire et sabordé savoirs, il ne nous restait que de soudoyer d’autres dirigeants en promettant on ne sait quelle entente, pour obtenir une commande, telle union avec la famille Kadhafi a permis une dernière transaction noyée avant de prendre le large, et les autres promesses ne tiennent qu’à coups de subventions dont nous n’avons plus les moyens.
      Le bateau prend l’eau de toute part, les rats sont aux abois.

      Les nervis des sociaux-traître de gauche l’ont bien senti en tentant leurs derniers baroud de déshonneur lors de notre dernière campagne, mais leur sauve-ce-qu’on-peut a fait flop, les équipages se choisissent un capitaine pour les mener à bon port, l’ouvrier sait reconnaître les siens, et jusqu'à l'ingénieur qui participera du même sacrifice, le Front National est bien la troisième puissante force sur le bassin et va crescendo.

      Marine vient donc sur des terres labourées par la réalité et la conformité de ses propos avec la réalité des vies des nazairiens. Le clientélisme  des potentats locaux ne pourra plus longtemps tenir ses digues, leur crise engloutira tout sur son passage, pour acheter la paix civile et la paix sociale, encore faut-il avoir les moyens.

      Marine ne viendra pas à la Soucoupe en extra-terrestre, elle ne s’est pas aliéné le peuple, elle viendra à la rencontre de son électorat naturel, celui dont nous serons le plus fier qu’il bâtisse l’avenir à nos côtés, lui sait les mains dans le cambouis, sur ces hommes-là, on sait pouvoir compter.