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Choc-moi
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Au nom de tous les siens
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USA, arme d'appoint pour coeur blindé
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Prêchiprêcha ou le sermon d'extrême-droite
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La chapelle des gogauliens des deux églises
1945 a été le début de la fin de la France et de Gaulle n'y est pas pour rien, pas de quoi célébrer quoi que ce soit.
La deuxième guerre n'a pas été très glorieuse, la France était certes suffisamment grande pour avoir des hauts et des bas toute seule, mais c'est réellement au sortir de la guerre que nous allions commencer à tout perdre, depuis 45, la France ne descend pas, elle se fait descendre.On ne grandit pas d'une guerre, mais 1945 fut la victoire américaine sans guerre et sur un plateau, tous nos pans de souveraineté se sont délités à partir de ce moment, c'est en réalité une véritable rupture épistémologique que la France a eu à connaître, le passage qui nous a fait passer de ce que nous étions vraiment à ce que nous ne sommes plus ou de moins en moins, un peuple jadis protégé par les institutions les plus abouties.
Certains se faisaient une certaine idée de la France, d'autres en ont une idée plus certaine.
A l'heure où les dits souverainistes se rassemblent au sein d'un collectif se réclamant de l'héritage gaullien, il est bon de rappeler certains éléments :
- on méconnaît la face mondialiste d'un de Gaulle qui s'est fourvoyé dans l'idéologie paneuropéenne
- la Paneurope qui suppose à terme le transfert du pouvoir politique dans les mains d'une Europe politique, implique de facto les transferts de souveraineté
- les dits souverainistes sont les descendants de cette idéologie qui ne correspond pas du tout au maintien des pans de souveraineté, attributs de l'Etat depuis la France de toujours
- ils se réclament évidemment de cette idée de l'Europe des nations de Condenhove Kalergi
- tous les tenants de cette Europe confédérale sont parmi les libéraux, les tenants les plus absolus des paradigmes du libéralisme.
Ce n'est pas à moi d'expliquer l'incohérence avec l'étatisme prononcé du de Gaulle d'après guerre, il semblerait que cet état ne soit qu'une étape temporaire.
Pour corroborer mes dires, je renvoie à la correspondance de Gaulle/Kalergi, et à l'idéologie libertarienne commune à membre de la Paneurope, projet si cher au Général :Connaissez-vous les correspondances entre le mondialiste Kalergi et de Gaulle ?
Cahiers de la Fondation Charles de Gaulle
RICHARD COUDENHOVE-KALERGI - CHARLES DE GAULLE
Colloque organisé à Nancy le 14 novembre 1998
par la Fondation Coudenhove-Kalergi, la Fondation
Charles de Gaulle et l'Université de Nancy-II
Textes rassemblés par le Professeur Alain I ARC AN
Fondation Charles de Gaulle
5, rue de Solferino 75007 Paris
Fondation Coudenhove-Kalergi
Case Postale 3279 Genève 3 CH 1218
"Avant-proposAlain LARCAN
Le sujet du colloque, organisé à Nancy le 14 novembre 1998,
peut surprendre au premier abord, car l'action courageuse et prolongée
de Richard Coudenhove-Kalergi en faveur de Paneurope s'estompe
un peu, non relayée par les instances européennes qui
préfèrent se placer dans le sillage d'autres « inspirateurs ».
Les relations qu'il établit avec le général de Gaulle n'étaient
jusqu'à présent connues ou supposées que d'un très petit nombre
de personnes mais l'étude de la correspondance, des rendez-vous,
des textes des deux personnalités montre à l'évidence l'ancienneté
et la continuité de relations de plus en plus confiantes et la parenté
des points de vue sur une « Europe européenne » telle qu'elle fut
proposée en particulier dans le plan Fouchet et repoussée par
le Bénélux.
La collaboration des deux fondations Coudenhove-Kalergi et
Charles de Gaulle, dont les présidents Bauer et Foyer sont ici
présents, de l'Université de Nancy II présidée par le professeur
Bardelli a permis cette réunion précédée par une autre rencontre
elle aussi européenne, organisée par le Groupe de recherche, information,
communication et propagandes dirigé par le professeur
Louis-Philippe Laprévote, également co-organisateur de la journée
Richard Coudenhove-Kalergi - Charles de Gaulle.
Je remercie toutes les personnalités qui ont accepté de figurer
au Comité d'Honneur et ont souvent accepté de répondre à des
questions et de communiquer de précieux renseignements ; certains
sont présents à ce colloque, d'autres, retenus ailleurs, m'ont fait
parvenir des messages exprimant leurs regrets.
Je remercie aussi les conférenciers et tout spécialement les
spécialistes des Archives européennes qui travaillent en liaison avec
la Fondation Coudenhove-Kalergi, les représentants de Paneurope
France, tous ceux qui exercent une responsabilité au sein des deux
Fondations, de l'Institut Charles de Gaulle, de l'Université de
Nancy-II, du Centre européen universitaire et du Groupe de
recherche, information, communication et propagandes.
Je remercie tous les participants nombreux, dont les questions
et les interventions animeront le débat et je souligne que si cette
réunion a lieu à Nancy, c'est justement parce que Nancy et son
maire André Rossinot ont établi avec la Fondation Coudenhove-
Kalergi des liens privilégiés et un protocole original de jumelage
qui se concrétise ici pour la première fois.
L'édition est assurée dans la collection des Cahiers de la Fondation
Charles de Gaulle, car la Revue Espoir, initialement envisagée
ne pouvait accueillir tous les textes ; elle comprend les actes du
colloque, qui sont complétés par la correspondance classée par la
Fondation Coudenhove-Kalergi, entre le Comte et le Général. Ces
documents apportent la preuve d'une relation importante, capitale
entre les deux hommes à laquelle on n'a pas, jusqu'à présent,
attaché suffisamment d'importance. Ce document, essentiel pour
l'histoire de l'Europe retiendra très certainement l'attention des
historiens et des hommes d'Etat."
Le mondialiste Condenhove Kalergi :
L'Union paneuropéenne internationale a été fondée au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1926 à Vienne, par le comte Richard Coudenhove-Kalergi qui a publié en 1923 son livre-manifeste Paneuropa où il préconise la création d'une union des États européens, union qui lui semble le seul moyen d'éviter que se reproduise la catastrophe de 14-18 : « L'Europe, dans son morcellement politique et économique, peut-elle assurer sa paix et son indépendance face aux puissances mondiales extra-européennes qui sont en pleine croissance ? »Sommaire
[masquer]Emblème
Homme cosmopolite et lettré, convaincu de l'unité de la civilisation européenne, le comte Coudenhove-Kalergi choisit comme emblème de la Pan-Europe une croix rouge sur un disque d'or.
Il en donne la signification dans son ouvrage : « La croix rouge des croisades du Moyen Âge est le symbole le plus ancien d'une union européenne supranationale. Aujourd'hui elle est l'emblème de l'humanitarisme international1.
Le soleil figure l'esprit européen dont le rayonnement éclaire le monde entier »2. Le soleil est aussi interprété comme étant le symbole d'Apollon, référence à l'influence culturelle de la Grèce antique sur l'évolution de la civilisation européenne3 .
Historique
Connaissant très vite un vif succès, les idées de Coudenhove-Kalergi inspirent très directement Aristide Briand dans les années 1920 qui accepte pour sa part la présidence d'honneur du mouvement paneuropéen en France, tandis que le président exécutif de la section française est son collaborateur Louis Loucheur. Mais l'arrivée du national-socialisme en Allemagne, conjuguée aux effets du Traité de Versailles qui prétendait, au lendemain de la Première Guerre mondiale, dessiner une Europe nouvelle, ruine provisoirement les efforts de Coudenhove-Kalergi.
Après la victoire des Alliés, Coudenhove-Kalergi est l'inspirateur du Conseil de l'Europe qui est créé en 1949. De nationalité française depuis 1939, il poursuit avec le Général de Gaulle une correspondance entreprise durant la guerre, ce qui aboutit en 1960 à la création du Comité français pour l'Union Paneuropéenne (CFUP). On trouvera à sa création Georges Pompidou comme trésorier et Alain Peyrefittecomme Secrétaire général.
Rénové au début des années 1990, le CFUP, qui avait été présidé, après Louis Terrenoire, par Raymond Triboulet, Michel Habib-Deloncle et Michel Cointat, prend l'appellation de PanEurope France. et est présidé par Yvon Bourges (1993-2000), Hervé Gaymard (2000-2002) et Alain Terrenoire (2003-2013).En 2013, PanEurope France devient l'Union Paneuropéenne de France (UPF). Après une courte présidence du député européen Arnaud Danjean (2013), Alexis Bautzmann est nommé président en mai 2013.
Participant activement aux travaux de l'Union paneuropéenne internationale dont le président, après la disparition de Richard Coudenhove-Kalergi en 1972, fut Otto de Habsbourg et depuis fin 2004, Alain Terrenoire, et qui compte aujourd'hui, de l'Atlantique à la Baltique, près de trente organisations nationales, l'Union Paneuropéenne de France (UPF) poursuit son action pour l'élargissement de l'Union européenne, donc pour une réforme des institutions, et défend l'idée d'une Europe politique.
Présidents de l'Union paneuropéenne internationale (UPI)
- Richard Coudenhove-Kalergi (1926-1972)
- Otto de Habsbourg (1972-2004)
- Alain Terrenoire (2004-2013)
20:28 Publié dans Européennes, libéralisme mondialisme, Libertariens (Libéralisme) | Lien permanent | Commentaires (0)
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Greenpeace&love
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A cup of tea ?
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The Party boit la tasse, qui veut boire la lie du thé ?
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En parlant de chiottes libertariennes dans le cabinet de Marine Le Pen, voici le papier (pour qu'Eric Zemmour puisse écrire ?)
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Un enfant ne s'abandonne pas ni ne se donne ni ne se vend
En ces temps sans âme, rappelons combien Maupassant a su si terriblement bien saisir la nature humaine, si inhumaine parfois :
MAUPASSANT, Guy de : Aux champs (ce conte parut le 31 octobre 1882, dans le journal Le Gaulois)
SAISIE DU TEXTE : Sylvie Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque municipale de Lisieux (20.05.1995). ADRESSE : Bibliothèque municipale - B.P. 216 - 14107 Lisieux cedex.- TEL. : 31.48.66.50.- MINITEL : 31.48.66.55.-E-MAIL : 100346.471@compuserve.com
Diffusion libre et gratuite (freeware)
Aux champs par Guy de MAUPASSANT
A Octave Mirbeau
Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d'une colline, proches d'une petite ville de bains. Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits. Chaque ménage en avait quatre. Devant les deux portes voisines, toute la marmaille grouillait du matin au soir. Les deux aînés avaient six ans et les deux cadets quinze mois environ ; les mariages et, ensuite les naissances, s'étaient produites à peu près simultanément dans l'une et l'autre maison.
Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas ; et les deux pères confondaient tout à fait. Les huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans cesse ; et, quand il fallait en appeler un, les hommes souvent en criaient trois avant d'arriver au véritable.
La première des deux demeures, en venant de la station d'eaux de Rolleport, était occupée par les Tuvache, qui avaient trois filles et un garçon ; l'autre masure abritait les Vallin, qui avaient une fille et trois garçons.
Tout cela vivait péniblement de soupe, de pomme de terre et de grand air. A sept heures, le matin, puis à midi, puis à six heures, le soir, les ménagères réunissaient leurs mioches pour donner la pâtée, comme des gardeurs d'oies assemblent leurs bêtes. Les enfants étaient assis, par rang d'âge, devant la table en bois, vernie par cinquante ans d'usage. Le dernier moutard avait à peine la bouche au niveau de la planche. On posait devant eux l'assiette creuse pleine de pain molli dans l'eau où avaient cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois oignons ; et toute la lignée mangeait jusqu'à plus faim. La mère empâtait elle-même le petit. Un peu de viande au pot-au-feu, le dimanche, était une fête pour tous, et le père, ce jour-là, s'attardait au repas en répétant : "Je m'y ferais bien tous les jours"
Par un après-midi du mois d'août, une légère voiture s'arrêta brusquement devant les deux chaumières, et une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté d'elle :
- Oh ! regarde, Henri, ce tas d'enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière.
L'homme ne répondit rien, accoutumé à ces admirations qui étaient une douleur et presque un reproche pour lui.
La jeune femme reprit :
- Il faut que je les embrasse ! Oh ! comme je voudrais en avoir un, celui-là, le tout petit.
Et, sautant de la voiture, elle courut aux enfants, prit un des deux derniers, celui des Tuvache, et, l'enlevant dans ses bras, elle le baisa passionnément sur ses joues sales, sur ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre, sur ses menottes qu'il agitait pour se débarrasser des caresses ennuyeuses.
Puis elle remonta dans sa voiture et partit au grand trot. Mais elle revint la semaine suivante, s'assit elle-même par terre, prit le moutard dans ses bras, le bourra de gâteaux, donna des bonbons à tous les autres ; et joua avec eux comme une gamine, tandis que son mari attendait patiemment dans sa frêle voiture.
Elle revint encore, fit connaissance avec les parents, reparut tous les jours, les poches pleines de friandises et de sous.
Elle s'appelait Mme Henri d'Hubières.
Un matin, en arrivant, son mari descendit avec elle ; et, sans s'arrêter aux mioches, qui la connaissaient bien maintenant, elle pénétra dans la demeure des paysans.
Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe ; ils se redressèrent tout surpris, donnèrent des chaises et attendirent. Alors la jeune femme, d'une voix entrecoupée, tremblante commença :
- Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien... je voudrais bien emmener avec moi votre... votre petit garçon...
Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.
Elle reprit haleine et continua.
- Nous n'avons pas d'enfants ; nous sommes seuls, mon mari et moi... Nous le garderions... voulez-vous ?
La paysanne commençait à comprendre. Elle demanda :
- Vous voulez nous prend'e Charlot ? Ah ben non, pour sûr.
Alors M. d'Hubières intervint :
- Ma femme s'est mal expliquée. Nous voulons l'adopter, mais il reviendra vous voir. S'il tourne bien, comme tout porte à le croire, il sera notre héritier. Si nous avions, par hasard, des enfants, il partagerait également avec eux. Mais s'il ne répondait pas à nos soins, nous lui donnerions, à sa majorité, une somme de vingt mille francs, qui sera immédiatement déposée en son nom chez un notaire. Et, comme on a aussi pensé à vous, on vous servira jusqu'à votre mort, une rente de cent francs par mois. Avez-vous bien compris ?
La fermière s'était levée, toute furieuse.
- Vous voulez que j'vous vendions Charlot ? Ah ! mais non ; c'est pas des choses qu'on d'mande à une mère çà ! Ah ! mais non ! Ce serait abomination.
L'homme ne disait rien, grave et réfléchi ; mais il approuvait sa femme d'un mouvement continu de la tête.
Mme d'Hubières, éperdue, se mit à pleurer, et, se tournant vers son mari, avec une voix pleine de sanglots, une voix d'enfant dont tous les désirs ordinaires sont satisfaits, elle balbutia :
- Ils ne veulent pas, Henri, ils ne veulent pas !
Alors ils firent une dernière tentative.
- Mais, mes amis, songez à l'avenir de votre enfant, à son bonheur, à ...
La paysanne, exaspérée, lui coupa la parole :
- C'est tout vu, c'est tout entendu, c'est tout réfléchi... Allez-vous-en, et pi, que j'vous revoie point par ici. C'est i permis d'vouloir prendre un éfant comme ça !
Alors Mme d'Hubières, en sortant, s'avisa qu'ils étaient deux tout petits, et elle demanda à travers ses larmes, avec une ténacité de femme volontaire et gâtée, qui ne veut jamais attendre :
- Mais l'autre petit n'est pas à vous ?
Le père Tuvache répondit :
- Non, c'est aux voisins ; vous pouvez y aller si vous voulez.
Et il rentra dans sa maison, où retentissait la voix indignée de sa femme.
Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux.
M. d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus ; mais quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par mois, ils se considèrent, se consultant de l'oeil, très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence, torturés, hésitants. La femme enfin demanda :
- Qué qu't'en dis, l'homme ? Il prononça d'un ton sentencieux :
- J'dis qu'c'est point méprisable.
Alors Mme d'Hubières, qui tremblait d'angoisse, leur parla de l'avenir du petit, de son bonheur, et de tout l'argent qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda :
- C'te rente de douze cents francs, ce s'ra promis d'vant l'notaire ?
M. d'Hubières répondit :
- Mais certainement, dès demain.
La fermière, qui méditait, reprit :
- Cent francs par mois, c'est point suffisant pour nous priver du p'tit ; ça travaillera dans quéqu'z'ans ct'éfant ; i nous faut cent vingt francs.
Mme d'Hubières trépignant d'impatience, les accorda tout de suite ; et, comme elle voulait enlever l'enfant, elle donna cent francs en cadeau pendant que son mari faisait un écrit. Le maire et un voisin, appelé aussitôt, servirent de témoins complaisants.
Et le jeune femme, radieuse, emporta le marmot hurlant, comme on emporte un bibelot désiré d'un magasin.
Les Tuvache sur leur porte, le regardaient partir muets, sévères, regrettant peut-être leur refus.
On n'entendit plus du tout parler du petit Jean Vallin. Les parents, chaque mois, allaient toucher leurs cent vingt francs chez le notaire ; et ils étaient fâchés avec leurs voisins parce que la mère Tuvache les agonisait d'ignominies, répétant sans cesse de porte en porte qu'il fallait être dénaturé pour vendre son enfant, que c'était une horreur, une saleté, une corromperie.
Et parfois elle prenait en ses bras son Charlot avec ostentation, lui criant, comme s'il eût compris :
- J't'ai pas vendu, mé, j't'ai pas vendu, mon p'tiot. J'vends pas m's éfants, mé. J'sieus pas riche, mais vends pas m's éfants.
Et, pendant des années et encore des années, ce fut ainsi chaque jour des allusions grossières qui étaient vociférées devant la porte, de façon à entrer dans la maison voisine. La mère Tuvache avait fini par se croire supérieure à toute la contrée parce qu'elle n'avait pas venu Charlot. Et ceux qui parlaient d'elle disaient :
- J'sais ben que c'était engageant, c'est égal, elle s'a conduite comme une bonne mère.
On la citait ; et Charlot, qui prenait dix-huit ans, élevé dans cette idée qu'on lui répétait sans répit, se jugeait lui-même supérieur à ses camarades, parce qu'on ne l'avait pas vendu.
Les Vallin vivotaient à leur aise, grâce à la pension. La fureur inapaisable des Tuvache, restés misérables, venait de là.
Leur fils aîné partit au service. Le second mourut ; Charlot resta seul à peiner avec le vieux père pour nourrir la mère et deux autres soeurs cadettes qu'il avait.
Il prenait vingt et un ans, quand, un matin, une brillante voiture s'arrêta devant les deux chaumières. Un jeune monsieur, avec une chaîne de montre en or, descendit, donnant la main à une vieille dame en cheveux blancs. La vieille dame lui dit :
- C'est là, mon enfant, à la seconde maison.
Et il entra comme chez lui dans la masure des Vallin.
La vieille mère lavait ses tabliers ; le père, infirme, sommeillait près de l'âtre. Tous deux levèrent la tête, et le jeune homme dit :
- Bonjour, papa ; bonjour maman.
Ils se dressèrent, effarés. La paysanne laissa tomber d'émoi son savon dans son eau et balbutia :
- C'est-i té, m'n éfant ? C'est-i té, m'n éfant ?
Il la prit dans ses bras et l'embrassa, en répétant : - "Bonjour, maman". Tandis que le vieux, tout tremblant, disait, de son ton calme qu'il ne perdait jamais : "Te v'là-t'i revenu, Jean ?". Comme s'il l'avait vu un mois auparavant.
Et, quand ils se furent reconnus, les parents voulurent tout de suite sortir le fieu dans le pays pour le montrer. On le conduisit chez le maire, chez l'adjoint, chez le curé, chez l'instituteur.
Charlot, debout sur le seuil de sa chaumière, le regardait passer.
Le soir, au souper il dit aux vieux :
- Faut-i qu'vous ayez été sots pour laisser prendre le p'tit aux Vallin !
Sa mère répondit obstinément :
- J'voulions point vendre not' éfant !
Le père ne disait rien.
Le fils reprit :
- C'est-i pas malheureux d'être sacrifié comme ça !
Alors le père Tuvache articula d'un ton coléreux :
- Vas-tu pas nous r'procher d' t'avoir gardé ?
Et le jeune homme, brutalement :
- Oui, j'vous le r'proche, que vous n'êtes que des niants. Des parents comme vous, ça fait l'malheur des éfants. Qu'vous mériteriez que j'vous quitte.
La bonne femme pleurait dans son assiette. Elle gémit tout en avalant des cuillerées de soupe dont elle répandait la moitié :
- Tuez-vous donc pour élever d's éfants !
Alors le gars, rudement :
- J'aimerais mieux n'être point né que d'être c'que j'suis. Quand j'ai vu l'autre, tantôt, mon sang n'a fait qu'un tour. Je m'suis dit : "V'là c'que j'serais maintenant !".
Il se leva.
- Tenez, j'sens bien que je ferai mieux de n'pas rester ici, parce que j'vous le reprocherais du matin au soir, et que j'vous ferais une vie d'misère. Ca, voyez-vous, j'vous l'pardonnerai jamais !
Les deux vieux se taisaient, atterrés, larmoyants.
Il reprit :
- Non, c't' idée-là, ce serait trop dur. J'aime mieux m'en aller chercher ma vie aut'part !
Il ouvrit la porte. Un bruit de voix entra. Les Vallin festoyaient avec l'enfant revenu.
Alors Charlot tapa du pied et, se tournant vers ses parents, cria :
- Manants, va !
Et il disparut dans la nuit.
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