Lors de sa joute verbale au sein du Parlement européen, François Hollande s'est opposé à Marine Le Pen et notamment sur les concepts de souverainisme et de souveraineté, affirmant ce que j'étais une des rares jusqu'à présent à énoncer, à savoir que l'un n'avait rien à voir avec l'autre.
François Hollande a à la fois raison et tort.
Raison sur le fait que le souverainisme ne soit pas la souveraineté.
Le souverainisme est une idéologie, d'origine anglo saxonne à la base, et qui en Europe, a pris naissance avec la Paneurope.
Le Mouvement paneuropéen a commencé à germer après guerre et notamment dans les correspondances Condenhove Kalergi-De Gaulle.
De ce mouvement seront issus les Mouvement Pour la France et autre RPF.
C'est un mouvement étroitement lié à l'idéologie libérale (dans son acception française, le "liberal" anglo saxon étant classé à gauche par les partisans libéraux du souverainisme).
C'est ainsi que le thatchérien Nigel Farage et le mouvement Libertas du multimilliardaire Jimmy Goldsmith, se sont retrouvés ou se retrouvent dans ce courant.
Le Front National ne serait a priori pas "souverainiste" a proprement parlé, Marine Le Pen ne sait pas exactement à quoi cela correspond, mais ses partisans libéraux, et notamment ceux liés au Club de l'Horloge (Marine Le Pen est conseillée par Jean-Yves Le Gallou par exemple), ou l'Institut de Formation Politique -qui se revendique ouvertement de maison-mère libertarienne/libérale cons américaine- qui alimente Marine Le Pen (mais pas seulement) en cadres, ou encore l'Ecole de Guerre Economique (également liée aux Américains, notamment via John Laughand, agent de Ron Paul en Europe et Russie), se retrouvent dans le souverainisme.
La souveraineté est autre chose.
La souveraineté française se définit clairement par les attributs de souveraineté de l'Etat depuis les siècles qui ont fondé la France.
Ce sont ces attributs de souveraineté (droit de battre monnaie, droit de faire et d’exécuter les lois, droit de rendre justice, droit de police, droit de défense extérieure) qui garantissent ou garantissaient (puisque la France a perdu peu à peu ses attributs de souveraineté) qui permett(ai)ent à la France les moyens d'assurer son grand principe fondateur d'Unité nationale.
Ce principe d'Unité qui permet à chaque Français, quelles que soient son histoire et notamment ses origines, d'être considéré comme tous les autres, quel que soit son lieu sur notre territoire.
Cette souveraineté française donnait à la France son indépendance, le droit pour les Français de décider de leur devenir.
La démocratie avait permis de transférer ce pouvoir jadis détenu dans les mains d'un Roi, dans les mains du peuple, cette population dont la France faisait des Français.
Mais François Hollande ne se réclame apparemment pas de cette souveraineté française.
Il parle d'une "souveraineté européenne".
Faisant référence à un rêve d'indépendance de l'Europe, peut-être vis-à-vis des Américains, comme tel était le projet d'un de Gaulle également.
Le fait est que le souverainisme appelle aussi cette Europe, dite des nations, à cette indépendance.
On voit mal comment une Europe libérale serait différente de l'idéologie anglo saxonne libérale, mais ne compliquons pas l'affaire.
Etant donné que peu semblent déjà maîtriser les termes du débat ...
Ce que veulent les souverainistes, c'est d'une Europe plus libérale, moins "étatiste", moins réglementée, ils appellent ainsi l'UE : "l'union soviétique européenne".
Lorsque vous faites appel à la notion de souveraineté, votre nation s'accorde et respecte, également, toutes les autres entités équivalentes dans le monde.
La France est un Etat-Nation (qui détient donc les attributs de souveraineté) est en en cela, très différente d'autres cadres politiques.
Un hypothétique principe de "souveraineté européenne" serait-il ainsi sous-tendu par le principe d'unité français, ou par le principe individualiste anglo-saxon ?
Notre unité implique un pouvoir centralisé, quand le paradigme anglo-saxon s'alimente de décentralisation.
Le souverainisme est une idéologie qui revendique par ailleurs cette décentralisation, et l'Etat est une plaie à combattre, même s'ils jouent sur le concept d' "Etat fort", car ils veulent un Etat minimal qui défende fortement la liberté individuelle.
La domination anglo américaine ayant entraîné la France dans ce processus qui nous est étranger car la France a justement toujours lutté contre les pouvoirs et petits intérêts féodaux que cela engendraient, et qui mettaient en péril notre raison d'être, celui de l'intérêt général contre les intérêts particuliers.
Le modèle allemand, ou britannique naturellement, s'assimilent au modèle fédéral américain en revanche.
En sachant que ce genre d'organisation politique est très poreux aux lobbies, quand l'Etat y est un rempart.
Que l'on ne me demande pas comment un J-P Chevènement se situe dans cette idéologie, je ne suis pas responsable des incohérences des uns et des autres.
Mais depuis longtemps les souverainismes sont solubles entre eux et parlementent de façon transversale, sans trop s'avancer sur des questions qu'on ne leur pose jamais, sur leur réelle vision économique, sociale, leurs frontières en quelque sorte, et même celle de leur "indépendance", notamment vis-à-vis de l'idéologie libérale.
Quid des valeurs de François Hollande ?
De ses rapports à la souveraineté française ?
Tout cela mériterait un grand débat, qui n'a jamais eu lieu.
Fil d’actualité
Coudenhove-Kalergi est l'inspirateur du Conseil de l'Europe qui est créé en 1949. De nationalité française depuis 1939, il poursuit avec le Général de Gaulle une correspondance entreprise durant la guerre, ce qui aboutit en 1960 à la création du Comité français pour l'Union paneuropéenne (CFUP). On trouvera à sa création Georges Pompidou comme trésorier et Alain Peyrefitte comme Secrétaire général.
Rénové au début des années 1990, le CFUP, qui avait été présidé, après Louis Terrenoire, par Raymond Triboulet, Michel Habib-Deloncle et Michel Cointat, prend l'appellation de PanEurope France. et est présidé par Yvon Bourges (1993-2000), Hervé Gaymard (2000-2002) et Alain Terrenoire (2003-2013).En 2013, PanEurope France devient l'Union paneuropéenne de France (UPF). Après une courte présidence du député européen Arnaud Danjean (2013), Alexis Bautzmann est nommé président en mai 2013. Le sénateur Jean Bizet, président de la Commission des affaires européennes au Sénat, lui succède en mai 2015.
Participant activement aux travaux de l'Union paneuropéenne internationale dont le président, après la disparition de Richard Coudenhove-Kalergi en 1972, fut Otto de Habsbourg et depuis fin 2004, Alain Terrenoire, et qui compte aujourd'hui, de l'Atlantique à la Baltique, près de trente organisations nationales, l'Union Paneuropéenne de France (UPF) poursuit son action pour l'élargissement de l'Union européenne, donc pour une réforme des institutions, et défend l'idée d'une Europe politique.
https://fr.m.wikipedia.org/…/Union_paneurop%C3%A9enne_inter…