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privatisation de l'enseignement

  • Dukan ou la marque d’un changement de régime

    Le meilleur des mondes.jpgPierre Dukan, exploitant de la misère moderne, ne détonne pas en se positionnant sur un marché d’avenir.

    S’étant fait connaître dans un premier temps pour son régime miracle qui vaut bien évidemment ce que valent toutes les modes en l’espèce, sa dernière saillie en a étonné plus d’un.

    Pas d’autres.

    Sa proposition de faire entrer l’Indice de Masse Corporelle en option au Baccalauréat, permettant ainsi aux élèves maintenant la norme requise de prendre des points, est-elle si saugrenue ?

     

    Nous pourrions reformuler l’affaire en se questionnant sur la venue de cet apprenti-sorcier dans le monde de la pseudo science par excellence.

    En effet, le Docteur No ou numéro Dukan, ne fait que s’inscrire dans un système d’ores et déjà parfaitement rodé.

    On pourrait citer bien des exemples en la matière.

    Le Nobel Georges Charpak avec sa  "Main à la pâte" ® n’a-t-il lui-même pas transposé le régime de son ami américain Léon Lederman et la manne qui allait avec.

    Il a ainsi importé tel quel le «Hands on» sorti du ghetto de Chicago, considérant comme un tour de force le fait que dans les huit jours, le ministre de l’Education nationale de l’époque lui ait envoyé son directeur de cabinet, son chef de cabinet, ainsi qu'un certain nombre d'inspecteurs généraux, afin d’appliquer en France, ce bouillon de culture.

    Le «modèle» collait parfaitement aux directives de l’OCDE dont les experts ont planifié l’évolution mondiale de l’éducation dans l’objectif d’une contractualisation progressive et indolore de l’école.

    La technique du système Lederman consiste à signer un contrat avec une école si 70 % des instituteurs y sont favorables. Lorsqu'un contrat est conclu, un centre de pilotage peut intervenir pour prendre l'école en main, former les instituteurs et fournir des remplaçants le temps de la formation. Un moniteur peut ensuite être mis à la disposition de l'école. Tous les deux mois, on livre aux instituteurs un manuel et le matériel. Le manuel constitue une sorte de colonne vertébrale pour l'instituteur qui n'a reçu que 200 heures de formation ; il le dispense de tout effort d'organisation lorsqu'il veut réaliser une expérience. Aujourd’hui, cette externalisation de l’école est généralisée et s’exporte en Allemagne, en Chine, etc. sous le parrainage de l’UNESCO.

    On demande aux parents d’élèves une participation financière pour chaque projet pédagogique, en fonction du niveau social du secteur.

    C’est une des applications de l’école à la carte selon la technique dite de l’ajustement de l’OCDE .

    Outre les coups tirés dans les structures institutionnelles de notre école, c’est bien au nom des nouvelles pédagogies qu’on a mis à bas l’ensemble de l’édifice.

    Or, elles vont à l'encontre des lois biologiques qui régissent notre cerveau.

    La généralisation de ces méthodes a consisté à mettre la charrue avant les bœufs, à proposer, dans un aveugle souci de sens, le sens du savoir avant le savoir et à sa place.

    Il est à noter que l’embrigadement aux «méthodes rénovées des sciences» est favorisé par la remise de prix dont nombreux durant la formation des maîtres pour ceux qui utilisent le mieux cet enseignement.

    Leur financement est assuré par les redevances de la marque et les cessions de droits d'auteur et d'honoraires par les membres de l'équipe de La main à la pâte. Par ailleurs, de nombreux éditeurs et sociétés s'associent aux récompenses remises par l'Académie des sciences en offrant aux lauréats des livres, magazines, cédéroms et matériels pédagogiques.

     

    On ne compte plus les activités dites pédagogiques reposant sur un affairisme effectif.

    Les techniques marketing les plus redoutables sont avancées dans les écoles pour vendre des projets clefs-en-main :

    Qui ne connaît pas les exemples des Classes découvertes organisées par la Ligue de l’Enseignement (c’est la gauche qui capte le gros du marché éducatif) proposées aux écoles, collèges, lycées et dont on remarquera les alléchants intitulés d’appel :

    « Le monde des volcans , « Futuroscope , « Domptons les énergies , « A la conquête de l’espace, « La tête dans les étoiles, « Apprenti informaticien, « Géologie dans les Alpes, « Eco-citoyen de demain, « L’homme et l’océan, « Découverte de la ferme, « Raid nature, « Contre vents et marées, « Le sport dans tous ses états, « Cocktail sportif à Serre Chevalier, etc..

    Et à des prix défiant toute concurrence, si l’on prend cette phrase comme antiphrase.

     

    A quel élève n’a-t-on pas vendu un « Kit lecture » :

    «Défi lecture», «Incorruptibles», «Rallye lecture», et autres « Big Challenges ».

    Quel écolier n’a pas aujourd’hui participé à sa journée payante « Fabrique ton pain », et ne revient pas avec son petit sachet bien estampillé au logo d’une marque.

     

    Et combien d’autres extras ne demande-t-on pas aux parents pour assouvir l’appétit grandissant des opérateurs ad hoc de l’Education nationale ?

     

    Les cantines scolaires n’ouvrent-elle pas la voie à l’entrepreneur Dukan en balisant leurs menus Sodexo de marque Max Havelaar ou de Labels de goût qui ont forcé la porte des réfectoires en entrant comme dans du beurre.

    Tartufferie organisée quand on sait combien la rentabilité des repas, dorénavant transmise entre les mains d’entreprises dont le but est par essence lucratif, laisse place à des menus forcément composés, de graisses, de sucres et de combinaisons diététiques aléatoires, l’alchimie santé-coût-repas collectif envoyé sous vide, ne faisant pas forcément une bonne sauce.

    Et que dire de l’apprentissage en jugeotes courtes des collations des maternelles, sacro saint temps-de repos-pédagogiques ou gavages des jeunes oies, qui n’ont jamais disparu des bancs de nos écoles.

    Toute une génération élevée au grignotage permanent, et au sponsoring Haribo à l’insu de son plein gré, on n’imagine pas la somme de bonbons circulant dans les menottes de nos chères progénitures via l’école, de goûters en anniversaires continus, de laxisme en sens de l’irresponsabilité hautement développés.

    Le petit Docteur Maboul n’attend toujours pas jusqu’au Baccalauréat pour être initié à la santé en pochette surprise. A douze ans, ils auront bientôt tous leur kit « Premiers Secours » et n’importe quel avorton se croyant investi du don de guérisseur, imposera ses mains puériles sur un autre rejeton en péril, à ses risques et mêmes périls il faut bien le dire.

     

     

    Reste que la santé des générations à venir est hautement préoccupante et que les palliatifs n’auraient pas besoin d’être si l’entière place ne leur avait été largement laissée par des modes de vie devenus fous.

    Dès la maternité, les petits d’homme ne sont-ils pas sevrés aux marques si généreusement offertes de lait artificiel, facilités gracieusement proposées aux mamans incitées à abandonner leur responsabilité de mère et la façon toute naturelle de nourrir leur enfant.

    Modernité qui les oblige encore à abandonner leur trésor en d’autres mains forcément moins attentives, inévitablement moins généreuses, tristement plus inhumaines.

    C’est de cela dont le bien-être dépend en tout premier, c’est du plus profond du cœur, la corne d’Amalthée est le soin, le soin est l’amour, l’amour est au bord des lèvres, c’est de vouloir le meilleur pour son enfant qui lui apportera le meilleur.

    Qui ne comprend pas que le premier et le dernier besoin de l’enfant, homme en devenir, est sa mère.

    Qui ignore que l’enfant élevé sous la mère a tous ses besoins satisfaits et que celui en carence, a tous ses besoins refoulés. A partir de là se déroule le fil d’Ariane, quel temps pour l’éducation, quel temps pour subvenir aux structures qui vont le bâtir, à ses nourritures terrestres ?

    Bien sûr tous ne seront pas touchés mais aucun ne sera épargné.

    Les parents compensent par des palliatifs l’attention qu’ils ne prodiguent plus à la chair de leur chair.

    De là, l’horloge se dérègle, on ne cessera dès lors et dès l’ore, de vouloir la remettre à l’heure.

    Et les charognards ne manqueront pas de hanter les décombres.

     

    Le commerce de notre bien prend bien assise sur des prétextes dont le marché a bien compris l’utilité. Quelle entreprise se passerait aujourd’hui de sa vertu écologique, de son sésame développement durable, de son label paix dans le monde ?

    De la même manière, le « projet pédagogique » est le nouvel hameçon pour attirer les gros poissons.

    D’où l’importance de bien choisir son régime.