Les libéraux-chrétiens appelés Poissons Roses du Parti Socialiste ne sont pas pour rien des alliés de l'extrême-droite au sein de La Manif Pour Tous.
Historiquement, ils viennent du personnalisme d'Emmanuel Mounier et de la Revue Esprit.
Dès 1927, Jacques Maritain soutenait cette Primauté du spirituel. À sa suite, des revues comme la Jeune Droite, l'Ordre Nouveau et Esprit reprendront cette exigence.
Ainsi, en mars 1931, l'un des premiers manifestes de l'Ordre Nouveau lançait ce slogan promis à un succès durable: «Spirituel d'abord, économique, ensuite, politique à leur service».
Emmanuel Mounier écrira quelque temps plus tard: «Le spirituel commande le politique et l'économique.
L'esprit doit garder l'initiative et la maîtrise de ses buts, qui vont à l'homme par-dessus l'homme, et non au bien-être».
Selon eux, redonner la «primauté à la personne», c'est retrouver la voie de la vraie hiérarchie des valeurs; c'est réunir ce que le monde moderne a eu tendance à séparer.
Cette volonté est surtout le souci de la revue Esprit et, dans une moindre mesure, celui de l'Ordre nouveau, revues qui possèdent quelques collaborateurs communs.
Toutefois, puisqu'il n'est personne pour croire que cette nouvelle civilisation s'édifiera seulement à coup d'idéal, on a aussi pensé à organiser ce qui relève du matériel sur une base concrète qui puisse permettre d'atteindre la réalisation de cet objectif.
Il faut savoir que pour cette génération, Proudhon sera, en ce qui a trait à l'organisation de la dimension matérielle, ce que Charles Péguy représenta pour la dimension spirituelle.
Esprit, qui est avant tout Emmanuel Mounier, approfondira surtout la réalité de la personne alors que l'Ordre Nouveau s'attachera plutôt, en s'inspirant plus directement de Proudhon, à définir le cadre organisationnel qui va permettre à l'humanité nouvelle d'émerger.
Leur "personnalisme" est une façon recouverte de vernis humaniste de recouvrer la notion d'individualisme anglo saxon.
Et il s'oppose en tout à notre conception française de la société, unitaire.
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