wesson 4 janvier 22:41
@orianeborja
Si ce n’est pas l’aspect libéralisme, ni l’aspect racisme qui vous a plu dans l’idéologie du FN, alors qu’est-ce que c’était ?
Je suis sincèrement interessé par votre réponse. Dans ma propre pratique des militants FN, je n’y ai décelé que deux choses : un racisme appris chez les militants de base, qui est le véritable génome du FN, et un solide ordo-libéralisme chez les cadres, qui veulent maximaliser leurs profits en utilisant j une catégorisation de la société.
En dehors de cela, je ne voit pas ce qu’il existe comme autre idée fédératrice au FN ou à l’extrême droite.
orianeborja 5 janvier 18:32
@wesson
Je ne suis pas une idéologue, je sens les idéologies à cent lieues, je les déteste et dénonce.
Je suis « seulement » une grande admiratrice de la France.
Je trouve notre civilisation très avancée, très ciselée par la sagesse du temps.
J’ai étudié très précisément nos institutions et l’histoire de notre droit au cours de mes études, ainsi que celles de la civilisation anglo saxonne qui nous est très opposée.
Ce qui m’a attirée dans le Front, c’est la France, je chialais ado devant la beauté, la profondeur de notre littérature, de nos poètes, artistes et de nos sciences.
J’aimais l’école, la transmission.
Je me sentais la responsabilité de préserver tout cela et de transmettre, et même en mieux, ce que nous avions reçu.
Je considère notre héritage intellectuel et organisationnel (le cadre Etat-Nation), comme un trésor.
Je lisais beaucoup depuis que je savais lire.
Vers quinze ans, lorsque l’on découvre les Lagarde et Michard puis la philosophie, on s’éveille assez naturellement à la politique.
A l’époque, un seul mouvement parlait de la France comme un trésor, les autres lui crachaient dessus, on ne s’en souvient pas assez.
En, 1989, passe la réforme des IUFM, on entendait des Jack Lang assassiner la grammaire qu’il disait « inégalitaire » et qu’il fallait donc supprimer.
Je pense exactement l’inverse.
Je pense que c’est la transmission de la Grammaire au sens large et dans toute sa complexité, qui nous rend libres, et égaux.
Je vénérais la grammaire, j’adulais Monsieur Bled qui était en train de mourir derrière mon Lycée Masséna à Nice.
Je ne supportais pas les coups de poignards avec lesquels on l’achevait.
L’oeuvre de sa vie qu’il nous laissait, saccagée par des idéologues abrutis qui allaient prendre toutes les nouvelles générations pour cobayes de leur connerie naturellement venue tout droit des pays anglo américains.
De même, j’étais en communion avec la nature, on nous vendait du Macdo et du béton.
Oui, je me suis intéressé au Front à cet âge, ma colère contre tout ce que représentait le reste m’a menée au Front qui tenait le discours que je vous dis.
En 92, je suis diplômée en Lettres et Civilisations Etrangères anglo saxonnes et j’entre en Licence de droit.
Le combat est celui contre le Traité de Maastricht, quand on parle de perte de souveraineté, je sais de quoi on parle.
Je n’admets pas, je sais qu’il va falloir se battre.
Je fais la campagne contre cette Europe dont je ne veux pas, et là encore, le seul mouvement qui semble dire ce que je pense, c’est le Front.
Je détestais la droite et je ne me suis jamais laissée avoir par les sirènes d’un Villiers et autres Pasqua que j’identifiais aux autres maffieux comme Gaston Deferre à gauche, des types qui me répugnaient.
Je n’avais aucune connaissance sur les milieux d’extrême-droite.
A Nice, les seuls lieux intellectuels, les conférences sur les sujets comme la souveraineté, la France et l’Europe, sont organisées par l’Action Française.
Je vais écouter par exemple Marie-France Garaut à l’AF.
Quand on pénètre ces milieux pour la première fois, on ne voit pas tout ce qu’ils cachent.
Et je n’écoute pas des détracteurs dont je sais en revanche, les saloperies très contemporaines que je peux leur reprocher.
Les scandales politiques se succèdent par paquets.
La personne qui tenait l’AF à Nice, -AF, cinquante personnes tout mouillé-, est un avocat très érudit, truculent.
Il faisait aussi partie du Front.
Après la campagne contre Maastricht, j’adhère au Front.
J’ai déjà rencontré Samuel Maréchal, mon petit ami de l’époque est de ses amis et collaborateur proche (il vient d’ailleurs d’être invité au mariage folklorique de Samuel, qui vient d’adopter Marion, et de Yann Le Pen).
Je suis propulsée directement dans les cadres proches des Le Pen par le FNJ.
Je sors vice-major des UDT de 1995 sur le thème Ni Droite Ni Gauche Français.
J’apprends à connaître le Front et la politique.
Le discours de Samuel et de Marine semblent sain, lutte contre tout racisme et antisémitisme (j’ai dans ma famille des juifs, des arabes, des noirs, des étrangers, je ne suis ni xénophobe ni raciste pour un sou).
J’avoue avoir eu à lutter contre la connerie souvent au sein du Front, où se côtoient des braves gens, parfois cultivés, souvent paumés, dont le discours n’était pas raciste, et bien davantage social, déjà.
Le côté Reagan Thatcher de Le Pen avait disparu, je ne l’ai appris que par le discours interne des cadres FNJ que je cotoyais et qui le remettaient entièrement en cause.
Je deviens encore plus proche des Le Pen quand je rencontre le père de mes enfants en 95, notre premier enfant naît en 96 et je le rejoins alors qu’il se met en disponibilité de son ministère (il était fonctionnaire) et devient salarié du Front, travaillant directement avec Samuel et Marine Le Pen, à l’époque, jeune avocat sans clientèle, qui se rabat sur le Front pour avoir du boulot.
Nous formons une bande, avec quelques autres, une dizaine en tout.
On ne se gênait pas , tout en étant proches des Le Pen, pour se foutre le la gueule du « Président », « neunoeil », le« vieux », c’est ainsi que nous l’appelions.
On se foutait de son côté nouveau riche, de ses goûts de chiotte, de sa radinerie et de ses paillettes américaines, et on rageait quand il sortait une connerie parce qu’on savait qu’il faudrait encore ramer pour sauver les apparences.
Il était con et il se foutait des conséquences, ramant lui-même ensuite pour essayer de retourner ses saillies débiles en sa faveur.
Mais il était le chef, et on n’avait pas le choix, défendre la France était à ce prix.
Et en interne, ses ennemis étaient tellement les groupuscules libéraux, racistes et antisémites, que finalement, être « lepéniste », c’était lutter contre tout cela (oui, cela peut paraître étrange de l’extérieur).
Nos ennemis s’appelaient ; Renouveau Etudiant, nazbrocs, libéraux, catho intégristes, GREECE, Club de l’Horloge (Mégret), Identitaires.
Tous ces gens détestaient Le Pen pour diverses raisons, et Marine Le Pen (peu considérée au départ) parce qu’elle n’était au fond pas d’extrême-droite.
C’est nous qui allions porter le discours social, et surtout, nous avons réussi à supprimer de la définition du Front le mot « droite ».
Nous étions le Mouvement national, alors que les anciens disaient « la droite nationale ».
Ce fut un combat très important, qui dure encore, et qui a connu maintes péripéties.
Nous avons, avec JMLP naturellement, être la quelques dizaine, à hisser Marine au pouvoir, nous étions une minorité et bêtes noires de tout ce qui s’appelait extrême-droite que je cite ci-dessus, mais c’est JMLP qui faisait les rois.
Sans doute trop long de tout raconter.
Mais le fait est que Marine, une fois « au pouvoir » a cru bon d’écouter son père et de se rallier tous les groupuscules d’extrême-droite en douce, tout ce que nous avions réussi à foutre par les fenêtres, elle s’est mise à les faire rentrer par la petite porte.
Elle manquait de compétences et voulait des cadres, les groupuscules lui en ont fourni.
J’ai démissionné en 2011 lorsque j’ai vu que cela devenait irréversible.
Et je dénonce tout cela depuis, je démonte tous leurs réseaux, je mets tout à jour.
Je me bats toujours, depuis le départ pour la même chose, la France, ses institutions, son cadre sans lequel elle n’existe plus en tant que civilisation unitaire, l’opposé de ce sur quoi s’est bâtie la civilisation anglo américaine dont l’extrême-droite n’est qu’un rejeton.
Quand être lepéniste signifiait lutter contre l'extrême-droite, une période en suspension
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