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Philippe de Villiers et ses réseaux maffieux

Philippe de Villiers évidemment partenaire du maffieux Malofeev
Les réseaux de l'Opus Dei ne sont pas impénétrables :

French politician defends plan for Crimean theme park
A French eurosceptic politician says EU sanctions will not stop him building a theme park in Crimea and another near Moscow in partnership with a blacklisted Russian oligarch
TELEGRAPH.CO.UK|PAR DAVID CHAZAN IN PARIS





Malofeev & the french connection

medium.com
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Mise à jour (27/02/2015) : Contacté, Thierry Mariani nie fermement faire partie de la société CFG Capital. Bien qu’il reconnaisse connaitre Konstantin Malofeev personellement, il affirme que Pierre Louvrier (le créateur de CFG Capital ainsi qu’une connaissance de M.Mariani) a utilisé son nom à son insu, avant de faire marcher arrière lorsqu’il s’est plaint. Pierre Louvrier lui aurait affirmé que les journalistes de Vedomosti ont mal interprété ses propos et ont inséré le nom de Mariani par erreur (ce qui, comme le montre la suite de ce post, est factuellement faux : le nom de Thierry Mariani était inscrit sur le site de CFG Capital). Thierry Mariani affirme enfin ne pas connaitre Alexandre Torchine (homme politique russe, dont le nom a aussi été retiré du site de CFG Capital).
Mise à jour (01/08/2015) : Pierre Louvrier nie tout lien entre CFG Capital -maintenant en liquidation- et la société de Konstantin Malofeev, Marshall Capitals.
Pour un suivi concernant cette affaire, vous pouvez aussi consulter cet article : Un achat sous influence ?
Le 13 novembre 2014, le journal d’affaires russe Vedomosti révélait que la société de Konstantin Malofeev, Marshall Capital Partners, venait de s’associer avec une société européenne, CFG Capital, pour créer un fonds visant à soutenir l’investissement en Russie. Les sommes engagées sont colossales : d’après Vedomosti, CFG Capital investirait 2 milliards d’euros dans le fonds. Surtout, le journal russe liste un certain nombre d’éminentes personnalités, dont le député UMP Thierry Mariani, comme faisant partie de l’aventure CFG.
Vedomosti ne cite pas de sources concernant cette révélation, et aucun autre journal ou site internet n’a discuté cette nouvelle. En France, et malgré le caractère sulfureux de Malofeev, le silence a aussi été total.
En procédant à quelques recherches autour du site officiel de CFG Capital, il nous a pourtant été possible non seulement de retrouver une trace de l’implication du député français Thierry Mariani dans cette société, mais aussi de voir que son nom a été effacé du site peu ou prou au moment ou était révélé le partenariat entre CFG Capital et la société de Malofeev.
Konstantin Malofeev, l’oligarque orthodoxe
Personnage atypique de l’oligarchie russe, le nom de Konstantin Malofeev a, pendant toute l’année dernière et jusqu’à cette semaine, parsemé l’actualité. Que ce soit en raison d’accusations de financement des séparatistes Ukrainiens, à cause de sa mise sous sanction en raison de ces accusations, ou encore en raison de son partenariat avec Phillipes de Villiers pour la construction d’un “Puy du Fou” russe en Crimée, l’homme a fait parler de lui. Il y a quelques jours, Malofeev est de nouveau apparu sur les écrans radars, cette fois en raison d’un document le présentant comme l’un des instigateurs d’un complot visant à annexer la Crimée ainsi que l’Est de l’Ukraine à la Russie.
Un type bien différent de Timchenko (autre oligarque russe dont nous avons parlé récemment), ce Malofeev. Pour commencer, il est beaucoup moins proche de Vladimir Poutine. Oh, certes, Valeurs Actuelles, par ailleurs bien connu pour la pertinence de ses analyses sur le monde russe (*rires*), le mentionne comme “l’homme qui parle à l’oreille de Poutine”. Et dans un système où l’enrichissement n’est permis qu’en échange d’une loyauté sans faille, l’homme ne prépare sans doute pas en secret un complot pour renverser l’actuel maître du Kremlin. Mais si Malofeev possédait avec Poutine le niveau d’intimité que lui prête Valeurs Actuelles, il est probable que sa maison n’aurait été pas été fouillé par les autorités russes il y a quelques jours, le tout pour une affaire vieille de huit ans (l’article de Kommersant est titré “les sanctions américaines ne protègent pas des perquisitions”). À ce titre, et en considérant les accusations de financement des séparatistes ukrainiens[1], Malofeev apparaît plus comme un instrument de la politique du Kremlin, qu’on recadre quand le besoin s’en fait ressentir, plutôt que comme quelqu’un capable de peser directement sur cette politique[2].
Malofeev est aussi loin d’avoir la fortune de l’ancien patron de Novatek, 117ème homme le plus riche de la planète. Il se contente tout de même d’être le propriétaire de Marshall Capital Partners, l’un des plus importants fonds de “private-equity” russe. Et c’est par cette société qu’il s’est, à la fin de l’année dernière, associé avec un fonds d’investissement européen, CFG Capital.
CFG Capital, une société très politique
Dans son article, Vedemosti liste les personnalités que compose le “conseil consultatif” (экспертный совет) de CFG Capital. Et c’est une belle liste : on y retrouve Alexandre Torchine, premier vice-président du Conseil de la Fédération (la chambre haute du parlement russe), un ancien ministre luxembourgeois de l’économie et du commerce extérieur, un magnat russe des médias (Viktor Chkoulev, dont la société Hearst Shkulev Media distribue Elle, Marie-claire ou encore Maxim en Russie et en Ukraine), un homme d’affaires français familier de la Russie (Pierre Louvrier) et enfin un homme politique français, membre de l’UMP et député de la 11ème circonscription des Français de l’étranger, Thierry Mariani.
M.Mariani s’est illustré ces derniers mois aussi bien par ses subtiles analyses de l’Histoire africaine que par ses positions ouvertement pro-russe, qui ont culminé par un voyage à Moscou avec 13 autres parlementaires, ou ils ont notamment pu rencontrer Sergueï Narychkine, le président de la chambre basse du parlement russe (la Douma). Il s’est plus généralement fait un excellent porte-parole de la rhétorique du Kremlin durant le conflit ukrainien, que ce soit pour dénoncer les sanctions, s’indigner de l’arrêt de la vente des Mistrals ou appeler de son coeur à une résolution politique de la guerre.
Le fait est qu’à l’exception de cet article de Vedomosti, repris par l’agence de presse étatique RIA Novosti, on ne trouve trace de ce partenariat entre l’oligarque russe Malofeev et le député français nulle part. Thierry Mariani ne s’en est certainement pas vanté. Son nom n’apparaît pas sur le site internet de CFG Capital, non plus que celui d’Alexandre Torchine : le site internet ne liste aucun membre.
Alors, peut-il y avoir eu erreur sur la personne ?
Eh bien, non.
Autopsie d’un site web
Le site web de CFG Capital ne présente au premier abord aucun intérêt : au-delà d’une adresse postale, d’un numéro de téléphone et d’un mail, il est absolument vide d’informations concrètes. Tout juste peut-on y apprendre que CFG Capital “like the people” (oui, “the” people, sans rire) et possède un “focus” sur la Russie. La section “Who We Are” est un concentré de langue de bois dans la grande tradition des sites corporate : il ne s’y trouve absolument rien d’intéressant, ou même de vaguement informatif.
Mais ça n’a pas toujours été le cas.
AiHitdata est un site dont l’objectif de centraliser toutes les informations que les sociétés affichent sur leurs sites. Pour cela, des robots parcourent le web et récupèrent chaque jour d’énormes masses de données sur les sites internet de dizaines de millions de sociétés.
Surtout, AiHitdata détecte et enregistre les changements effectués sur les sites de ces sociétés, et notamment les changements de nom. Et la chose est particulièrement instructive lorsqu’on se rend sur la page du site concernant CFG Capital.

Screenshot de la page AiHitdata concernant CFG Capital
AiHitdata a détecté le site le 14 octobre, soit un mois avant l’article de Vedomosti concernant son partenariat avec Marshall Capitals Partners, la société de Malofeev. À cette date, le nom de Thierry Mariani était bien présent sur le site, confirmant de fait l’information de Vedomosti.
Nous avons tout de même contacté AiHitdata directement, afin de nous assurer que le nom de Thierry Mariani n’aurait pas pu être récupéré sur le site du journal Vedomosti ou de l’agence de presse russe RIA Novosti (qui a aussi relayé l’information) : ceux-ci nous ont assuré que leurs robots ne surveillaient que les sites des sociétés elles-mêmes, et que la présence d’un nom signifie forcément que celui-ci était présent sur le site.
Le 17 novembre, à peine 4 jours après l’article de Vedomosti, les robots de AiHitdata détectent la suppression des noms de Mariani ainsi que de Torchine. À noter que le 17 novembre n’est que la date de la détection de la suppression : étant donné que ces robots n’effectuent des surveillances qu’à des intervalles espacés (tous les mois environ), il est probable que les noms de Torchine et de Thierry Mariani aient été supprimés quelques jours avant que le partenariat avec la société de Malofeev ne soit conclu et révélé dans la presse.
Le fait que les deux noms ayant été supprimés sont ceux de personnalités politiques éminentes et toujours en activité est particulièrement notable. L’hypothèse “gentille” — que ces deux personnes aient quitté CFG Capital quelques jours avant que ce dernier ne signe un partenariat juteux avec la société d’un millionnaire russe — parait, sans être impossible, beaucoup moins probable que celle qui verrait un homme politique français s’effrayer de la très mauvaise publicité que représenterait pour lui la médiatisation de son partenariat avec un oligarque russe sous sanctions.
La suppression de deux noms n’est pas le seul changement qui a été fait sur le site. Grâce au site “Wayback machine”, derrière lequel se cache un puissant logiciel d’archivage du web, il est possible d’observer les modifications réalisées sur le site durant l’année qui s’est écoulée. Dans sa première version de mai 2014, le site dispose de deux onglets, “Advisory board” et “Investment committee” qui détaillent les membres de la société :

Screenshot du site de CFG Capital en mai 2014
A la date du 16 décembre 2014, ces deux onglets ont disparu :

Screenshot du site de CFG Capital en décembre 2014
Maladresse ou incompétence ? Disparus de la page d’accueil du site, les deux pages sont en fait toujours accessibles par une simple recherche Google :


Les noms de Torchine et de Mariani ont bel et bien disparu, mais on retrouve ceux de Jeannot Krecké (l’ex-ministre luxembourgeois), de Viktor Chkoulev ou encore de Pierre Louvrier. Non mentionné dans l’article de Vedomosti se trouve aussi M.Emmanuel Quidet, employé du célèbre cabinet Ernst & Young et surtout président de la Chambre de commerce franco-russe, une organisation dont nous avons longuement parlé dans l’article sur Timchenko… décidément, le monde de l’influence pro-russe est petit.
Il est donc clair que, comme révélé par Vedomosti, Thierry Mariani est impliqué dans un fonds d’investissement en partenariat avec une personnalité russe sous sanctions. Il semble de même probable (bien que pas certain) que le député français ait cherché à masquer ce partenariat potentiellement compromettant en faisant supprimer son nom, ainsi que celui de l’homme politique russe Alexandre Torchine, du site officiel de CFG Capital. Ce qu’il serait maintenant vraiment intéressant de savoir, c’est la teneur exacte de la relation entre CFG Capital et Konstantin Malofeev, et les projets du nouveau fonds.
Il serait aussi intéressant de s’intéresser à ce partenariat dans le cadre plus large des opérations d’influence et d’espionnage de la Russie en Europe (opérations qui ont depuis quelques mois atteint des niveaux d’intensité jamais vu depuis la guerre froide). Depuis Phillipes de Villiers jusqu’à Thierry Mariani en passant par Emmanuel Quidet ou encore Marion Maréchal Le Pen (on en reparlera dans un prochain article), Konstantin Malofeev dispose en France d’un réseau particulièrement étoffé. Et l’idée que le Kremlin laisserait un tel réseau inexploité parait plus que douteuse.
[1] Accusations probablement fondées, sachant qu’il a lui-même reconnu des financements, mais seulement à titre “humanitaire”, et qu’il connaît personnellement les ex-leaders de la “République de Donetsk.
[2] On pourrait du coup débattre du bien fondé de l’appellation “oligarque”, qui désigne à la base un individu s’étant enrichi par des moyens privés et qui, par sa richesse et ses relations, a acquis la capacité d’influencer les politiques de son pays.
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