"Le 10 mars 2014, Prokopenko demande à son interlocuteur s’il peut faire venir Marine Le Pen en Crimée, en tant qu’observatrice du référendum à venir. "On en a extrêmement besoin, ajoute-t-il. J’ai dit à mon chef que tu étais en contact avec elle ????".
Le lendemain, nouvel échange : "A propos de Marine. C’est la campagne électorale pour les municipales, lit-on notamment, sans que l’on sache si Prokopenko est l’émetteur ou le récepteur de ce message. Elle est en tournée. Aujourd’hui ou demain, le Front national prendra officiellement position sur la Crimée. On saura alors si elle est prête (ce qui est peu probable) à venir en Crimée ou si l’un de ses adjoints viendra. J’aurai des détails ce soir."
Plus loin : "– Elle a parlé à Philippou (sic). Il réfléchit. – Quelqu’un du fonds t’a contacté sur les financements ? – Oui le vice-ministre des affaires étrangères lui téléphonera.»
Le 17 mars, enfin :"– Marine Le Pen a officiellement reconnu les résultats du référendum en Crimée ! – Elle n’a pas trahi nos attentes ;) – Il faudra d’une manière ou d’une autre remercier les Français. C’est important."
Le jour même, Marine Le Pen estimait que les résultats du référendum rattachant la Crimée à la Russie étaient "sans contestation possible". C’est finalement son conseiller diplomatique, Aymeric Chauprade, qui s’était rendu sur place pour observer le scrutin – à titre personnel, avait tenu à préciser le FN. Le 12 avril, Marine Le Pen se rendait à Moscou pour y rencontrer le président de la Douma, Sergueï Narychkine, proche de Vladimir Poutine. Le 18 avril, Cotelec, microparti de Jean-Marie Le Pen, recevait 2 millions d’euros de la part d’une "société chypriote alimentée par des fonds russes", rappelle Mediapart. En septembre, ce sont 9 millions d’euros qui arrivent d’une banque moscovite.
Avant comme après cet épisode, Marine Le Pen s’est manifestée comme l’un des principaux soutiens de la Russie en France, plaidant pour l’approfondissement des liens entre les deux pays, voyant en Poutine un défenseur des «valeurs de la civilisation européenne».
La présidente du FN a réagi à ces accusations auprès de l'AFP en se défendant notamment de connaître les intervenants russes de cette affaire : "Je ne vois pas comment Mediapart peut tirer ça de ce qu'ils ont sous la main. Cet échange, si tant est qu'il soit vrai - ça me paraît délirant -, démontre qu'il n'y a pas de contrepartie. Et on ne comprend rien à la conversation. J'ai la preuve qu'au moment du référendum en Crimée nous sommes en négociations pour obtenir un financement à Abu Dhabi. Ce truc me paraît pour le moins suspect. [...] Je n'ai jamais eu le moindre contact ni téléphonique ni physique avec ces personnes que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam"."
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