Chaque situation est différente à la base, mais je sais pour avoir été l’objet d’un sujet de thèse, que ma condition est celle de bien des femmes.
Je suis Bac +4 dans un domaine et Bac +2 dans un autre, j’ai travaillé durant toutes mes études que j’ai arrêtées quand je suis tombée enceinte.
J’ai démissionné de mon travail pour rejoindre le père de mon bébé.
J’habitais Nice, il était fonctionnaire au ministère de l’agriculture, à Paris.
Il se mettra en disponibilité de son ministère pour se mettre entièrement à disposition du Front National où nous militons tous les deux à temps plein.
Il recevra en échange des indemnités d’élu, il est conseiller régional, plus un petit temps partiel en CDD éternellement reconduit comme cela se pratiquait jadis au Front de façon tout à fait illégale par rapport au droit du travail, et nous reversons une quote-part des indemnités d’élu au mouvement.
Pour le même prix, il sera éditeur du FN, journaliste, Secrétaire Départemental, homme à tout faire 24/24, 365j/an, étudier les dossiers, faire les argumentaires, organiser la vie du Front, militer (coller, tracter, etc.), se présenter aux élections, nous faisons tout.
Il est bras droit de Marine Le Pen, nous sommes dans le premier cercle, ce qui me permet de connaître beaucoup des réseaux et dessous des cartes du Front et affiliés.
Parallèlement, je travaille à la maison comme Assistante Maternelle de manière à pouvoir élever mes enfants.
J’en aurai quatre en 7 ans.
Comme vous le savez à présent, la vie au sein du Front est d’une grande violence, chacun y veut la peau de l’autre et, suite à une défaite électorale, Marine doit sacrifier le père de mes enfants pour sauver la sienne.
Du jour au lendemain, nous n’avons plus d’argent, le père de mes enfants a perdu les élections à cause d’une liste dissidente MNR et il avait eu à choisir juste avant entre réintégrer son ministère ou continuer l’aventure, sa mise en disponibilité de fonctionnaire prenant fin.
Il n’avait pas voulu lâcher pendant la tempête, il a tout perdu, nous savions que cela ne passerait sans doute pas électoralement parlant, nous ne attendions pas en revanche à être sacrifiés politiquement.
Pas de chômage, rien.
Pendant plusieurs mois et alors qu’il avait déjà de fortes tendances alcooliques, le père de mes enfants boit et ne rentre plus à la maison.
Nous sommes couverts de dettes et devons vendre notre maison à perte.
Comme il ne rentre plus et se laisse complètement abattre, je suis obligée de faire quelque chose.
Mon quatrième enfant venait de naître, j’étais en congé maternité et avais opté pour un congé parental qui équivaut au RMI/RSA.
Je pars avec mes quatre enfants (de 7, 5, 2 ans et le bébé) et une seule valise en louant une voiture et je fais d’une traite Paris-Nice pour m’installer dans le Sud chez moi à Nice.
Mes enfants et moi vivrons dans une cave pendant un an avec mon seul Congé Parental d’Education.
Mais j’essaie de faire au mieux, mes enfants sont toujours en tête de classe, personne ne s’aperçoit de notre situation.
Je serais bientôt fichée à la Banque de France car j’étais caution des dettes du père de mes enfants.
Mes enfants verront deux fois leur père dans l’année cette année-là.
Au bout de plusieurs mois de vives douleurs nocturnes, je suis opérée d’urgence, il ne me restait qu’une heure à vivre.
L’année suivante, je déménage près de Nantes pour me rapprocher de lui, mais malgré tous mes efforts, il ne veut plus de nous.
J’apprendrai plus tard qu’il avait une liaison depuis longtemps.
Avec les 3 ans de mon dernier, le Congé Parental prend fin et je recommence à travailler.
Je fais n’importe quoi, je ne peux plus exercer en tant qu’Assistante Maternelle à cause de mes conditions de vie, mes études sont loin derrière moi, et je n’ai aucune expérience dans le domaine, je donne des cours, je fais des ménages, je m’occupe de personnes âgées et/ou handicapées, comme quand j’étais étudiante en fait, je m’organise un emploi du temps pour gérer le tout.
Je mets deux ans à obtenir un HLM et l’Allocation de Soutien Familial car le père des enfants n’a jamais payé de pension alimentaire (86 euros par enfants).
Aujourd’hui, sans cette ASF, je ne pourrais pas travailler car cela me permet d’avoir une voiture pour ce faire.
Si je me mets en couple (façon de parler puisque nous sommes cinq de mon côté), je perds cette allocation et je mets toute ma marmaille, aussi charmante soit-elle, à la charge de l’heureux bénéficiaire, autant dire que ce n’est pas jouable, pour ne rien dire de la façon dont je me sentirais redevable et des conditions de logements, etc..
Ce que l’Etat fait, ce n’est pas pour moi, c’est pour les enfants.
Zemmour devrait savoir que la France est la patrie des veuves et des orphelins.
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