Un article de Slate sur le thème :"Etre mère, la plus belle chose du monde, de qui se moque-t-on !", m'a fait réagir, un passage m'a marquée en particulier selon lequel rares étaient les petites filles qui répondaient qu'elles voulaient être maman plus tard.
D'aussi loin que ma mémoire remonte, j'ai toujours voulu l'être, ardemment.
Après un Bac scientifique, des études supérieures de Lettres et Civilisations Etrangères, puis de Droit, on nous a redemandé en Maîtrise, vers quelle spécialité nous nous dirigions.
Quand j'ai répondu très sincèrement que je ne faisais d'études que pour le goût de me cultiver mais n'envisageais pas autre chose que de devenir maman, j'ai eu la réaction habituelle : des yeux écarquillés suivis d'une réaction de dégoût.
De mon point de vue, c'étaient les autres qui étaient conditionnés.
Un embrigadement à l'impossibilité d'aimer suffisamment pour l'étendre jusqu'à son tout proche.
J'ignore si on peut vraiment parler de conditionnement familial chez moi, puisque certes, mon père est pédiatre, mais ma soeur en revanche, n'a jamais éprouvé le moindre intérêt à l'enfant, elle est devenue médecin elle-même, a eu des enfants parce que son mari en voulait, mais ne s'est jamais occupée d'eux un instant.
De mon côté, jamais pour rien au monde, je ne les aurais confiés à quelqu'un d'autre -j'ai quatre enfants-, je ne dis pas que c'est toujours simple, je dis que je voulais le meilleur pour eux et que je n'estimais personne capable d'être aussi attentif à leurs besoins quels qu'ils soient, que leur maman.
Et cela aurait été un déchirement atroce de ne pas pouvoir prendre soin d'eux.
J'ai pourtant eu des grossesses éprouvantes, des nausées quasiment jusqu'à la fin et qui furent dues je pense, au fait que je sois seule, le père étant tout le temps absent.
En plus de la fatigue, j'ai eu des périodes d'angoisses, surtout quand le père de mes enfants a perdu son travail, qu'il a fallu vendre la maison où j'exercais l'activité d'assistante maternelle, et quand je me suis trouvée définitivement seule avec mes petits en bas-âge.
Mais même ainsi, sans pouvoir travailler et sans ressources, je n'ai jamais eu de doutes.
J'ai la conviction profonde que l'amour vient ou se renforce dans le soin, et quitte à faire dans le poncif, que ce que l'on donne nous rapporte au centuple avec les enfants.
Il ne faut pas donner n'importe quoi évidemment, on les respecte en les élevant réellement, en les tirant vers le haut, on leur donne un cadre, l'amour nous guide pour faire bien. Nous sommes la branche qui soutient pour que se déploie le meilleur fruit.
J'adorais les regarder devenir, je voyais le potentiel, l'intérêt dès le départ, de l'homme en formation, chaque instant, trop court, est un émerveillement.
Je pense même que l'on ne peut connaître véritable mieux l'homme que si on le voit se construire.
Je savais comment je voulais les élever et comment je voulais qu'ils deviennent : des hommes libres, civilisés, responsables.
Je les voulais plein d'une assurance affective, ils furent gentils et obéissants, je les désirais respectueux, ils furent intéressés par tout, je les voulais responsables, ils sont intelligents.
Je pense avoir réussi, ils sont exceptionnels, même si tout ne s'est pas passé comme je l'aurais souhaité car je n'avais pas voulu l'absence de leur père, et sais que cela sera toujours une blessure en eux.
On ne peut pas toujours empêcher certaines choses, mais on peut s'efforcer de faire en sorte de leur donner la force de les surmonter, la vie ne fait de toute façon pas de cadeau.
Le tout est de ne pas faire semblant, j'avoue ressentir du mépris pour certaines femmes qui n'ont rien de mères, qui se donnent un genre selon lequel leurs enfants seraient le centre de tout, quand ils ne le sont de rien, sauf peut-être de tous les caprices et de toutes les dérives.
Alors, surtout, si vous vous sentez la vocation, exprimez-là, rejetez ce qui est devenu aujourd'hui un tabou, au milieu de tous les malheurs que nous apporte la vie, offrez-vous alors cette source de bonheur garanti.
N.B. : Des scientifiques ont découvert que la formation de la coquille d'œuf dépend d'une protéine trouvée uniquement à l'intérieur des ovaires de la poule. Le raisonnement est simple : sans poule, pas d'ovaires ; sans ovaires, pas de protéine ; sans cette protéine, pas de coquille et sans coquille, pas d'œuf. Ou autrement dit, un œuf ne peut voir le jour qu'à l'intérieur d'une poule.
Du paradoxe de l'oeuf et de la poule
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