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Restos as-tu du coeur ou comment nous nous vîmes des millions en arrivant aux portes

Les Restos du coeur sont-ils une bonne chose ?

L'association caritative s'est donné pour mission de donner à manger à ceux qui ont faim.

Personne ne pourrait être contre l'idée, pourtant cela dérange.

L'expression consacrée veut que ce soient des milliardaires qui demandent à des smicards de donner aux "eressactifs".

Quid de ce qui se passe en amont et en aval de l'organisation, la Bonne Action bénéficie-t-elle plus aux uns qu'aux autres, quelle part d'ombre se cache derrière les sourires paillettes et les ventres pleins en creux ?



Ce qui gêne sans doute, c'est cette overdose de strass, le show-biz toujours prêt à monter sur son trente et un pour glorifier la misère d'à côté, le contraste de ceux qui peuvent s'offrir une âme contre ceux qui sont obligés de côtoyer des bas fonds.

Attirer le regard sur cette attirante pauvreté, la lumière des stars qui brillent parfois de la lueur d'étoiles mortes, les projecteurs braqués sur tous ceux qui brillent pour espérer que la lueur atteigne jusqu'à la part d'ombre de notre société.

Or qu'est-ce qu'une société ?
C'est un lien, qui nous unit, qui nous fait vivre chacun parce qu'ensemble.

Ceux d'en haut ne seraient rien sans l'immense majorité des autres, tout repose en réalité sur la masse.
Le fait qu'une infime partie de privilégiés s'oppose en miroir à une partie non négligeable de la population est en soi, une marque de dysfonctionnement.

C'est à ce niveau que devrait être ciblé le combat.

L'organisation de la Cité, c'est faire en sorte qu'aucun citoyen ne soit mis de côté, chacun à sa mesure mais tout le monde occupant une place.

Il ne devrait pas y avoir une place pour l'honneur d'un carré d'As servi sur un plateau d'argent pour ceux qu'on laisse sur le carreau.

La pauvreté dans notre pays n'est pas une fatalité, nous n'entrerons pas dans des considérations extra-frontalières qui sont encore d'un ordre plus complexe.

Nombreuses sont finalement les institutions mettant en place la redistribution alimentaire, Restos du coeur, soupes populaires (organisées parfois par des lobbies politico-idéologiques), banques alimentaires, etc.

Les aliments sont une matière première vitale sur laquelle la finance spécule comme avec les autres ressources et la gestion de la surproduction et des stocks se fait dans des perspectives d'optimisation financière.

Les banques alimentaires sont donc des moyens de régulation des coûts pour des bénéfices toujours plus ajustés.
Il y a donc des bénéficiaires en amont les bénéficiaires des aides qui tirent de la soupe alimentaire d'autres marrons du feu.

Ces gros ne donneront pas plus que ce qui leur rapporte in fine, surplus, denrées périmées offertes gracieusement sont bien loin de coûter le bénéfice communication que leur reviendrait une publicité ordinaire, One Profits Most Who Serves Best est une donnée parfaitement intégrée par le monde des affaires.

Et les metteurs en scène de la misère des Restos du coeur n'échappent pas à la règle, ne le voudraient-ils pas qu'ils seraient toujours largement gagnants du système.

Ils se nourrissent de cela grassement, sans se goinfrer naturellement, ils ont les moyens de la retenue, mais la soupe chaude n'est pas la plus mauvaise, et ils ne cracherait pas dedans à reconnaître qu'elle met aussi du beurre dans leurs épinards.

Il y a moins de culpabilité à savoir que l'on entretient, au moins par défaut, un régime générateur de mal nourris en buvant une coupe à moitié pleine, trinquant à la santé des indigents fait peut-être à leurs yeux rendre leur gent plus digne.



Etre pauvre n'est pas forcément un signe de dignité, ce n'est sûrement pas un déshonneur non plus.

De l'autre côté du miroir aux alouettes, la partie de chasse à l'homme sans ressource n'est pas forcément belle.

Je n'ignore pas que cette seconde partie de mon propos pourrait faire grincer les dents car pourrait s'apparenter à tirer un peu sur l'ambulance, en tout cas à charrier aussi le salaud de pauvre.

Je dénie toutefois les accusations de responsabilités faites aux tiers et quart-monde de notre pays.

La pauvreté relève, soit de la mauvaise organisation de la Cité (idéologie, corruption), soit de pathologies contre lesquelles les patients ne peuvent pas grand chose.

Ces populations sont le reflet de plusieurs sources différentes.

De la personne souffrant d'addictions ou de handicap pour différentes raisons, faiblesses innées et/ou induites, entretenues ou pas selon la défaveur voire la faveur du milieu environnemental, à la victime d'un environnement économique hostile, les deux pouvant se combiner, je ne connais pas d'hommes fainéants, je ne connais que des volontés brimées et bridées.
Du reste, nombre de pauvres sont des bêtes de travail, on ne le dit jamais mais la mère de famille pauvre, sauf à ne pas avoir la force, accomplit forcément un travail considérable.

Les travailleurs pauvres peuvent être des héros, ne pas compter leurs heures en tenant tout à bout de bras, toujours sur le fil du rasoir, il est facile de travailler lorsqu'on a les moyens financiers qui suivent, autrement, le combat est permanent, sans répit ni aide venant soulager la charge.

Les fins de mois difficiles sont le lot quotidien de millions de personnes et toutes ne bénéficient pas de l'aide dont elles auraient besoin.

Certaines ne le demandent pas, pas souci de dignité mais parfois même par manque de temps et d'argent.
Les démarches permettant d'accéder à des aides potentielles ne sont pas simples, si certains sont accompagnés dans celles-ci, ce n'est pas le cas de tous.

Ne cachons pas non plus qu'il existe parfois des vecteurs facilitateurs, telle relation en mairie peut changer la donne.
Etant mère de famille nombreuse monoparentale travailleur pauvre, ne vivant que de mon travail (et aides sociales afférentes comme tout à chacun) et sans aucun patrimoine, je sais de quoi je parle.

Je sais que même en étant obligé de s'arrêter de travailler à cause de la révélation du handicap d'un enfant par exemple, on peut vous laisser sans ressource (alimentaires bien comprises) non seulement pour vous mais aussi pour vos enfants, au moins le temps -long- de la mise en place de dispositifs adéquats.

Vivant dans un lotissement HLM, je vois des familles dont je connais toutes les conditions de vie autour de moi, bénéficier d'aides alimentaires alors qu'elles sont dans de meilleures conditions économiques et familiales que moi.

Je sais pourtant pour le vivre que les contrôles existent, mais certains tentent le coup jusqu'à être pris, et il reste des situations non contrôlables.

Accordons qu'il ne s'agisse pas de la norme, et qu'en tous les cas, les imperfections permettant à des non bénéficiaires de gruger un peu, n'en fassent pas des favorisés pour autant.

Reste que cela peut générer des conflits, j'ai la chance de ne pas jalouser mon prochain, de me satisfaire de mes petits ou même grands bonheurs personnels, de préférer peut-être m'en sortir seule, mais je peux voir la rivalité entre les pauvres, d'autant que, ne comprenant pas toujours les rouages, beaucoup n'admettent pas les situations légitimes d'aides.


Les aides sociales ne sont pour autant pas choses intrinsèquement mauvaises, même dans un système juste où les gros ne s'engraissent pas sur le dos des petits comme c'est le cas et de plus en plus le cas actuellement, des ajustements de l’État ne semblent pas incongrus, c'est même son rôle dans une société qui prétend à la civilisation.

Le politique, c'est la noble prétention d'organiser la vie en société, l’État (qui n'est autre que nous-mêmes) se doit de réguler l'ensemble.

Et cela n'est pas la mince affaire d'un ticket resto, le coeur, c'est bien plus grand.

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