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Famille monoparentale, de reculades en reculades

Je suis mère de famille monoparentale de quatre enfants.

Leur papa n'ayant jamais versé de pension alimentaire depuis qu'il nous a abandonnés quand le dernier était bébé, j'ai en effet mis plus de trois ans à obtenir l'Allocation de Soutien Familial versée par la CAF contre l'obtention d'un jugement de séparation avec fixation de la pension alimentaire par le JAF (Juge aux Affaires Familiales) et Certificat de non-appel que l'on doit obtenir de la Cour d'Appel.

Il faut ensuite attendre que le père fasse défaut pendant plusieurs mois consécutifs (s'il est vicieux, il peut donc donner quelques clopinettes un mois sur quatre pour faire capoter toute la procédure.

Normalement, la CAF possède déjà un organisme de récupération des sommes versées, c'est ainsi que cela nous est présenté, même si on sent bien que la CAF fait un effort de recouvrement une fois puis laisse tomber.

Le Président Hollande annonce donc une mesure qui existe déjà.

Mais il présente comme une avancée ce qui n'est en réalité que recul.

Il faut savoir que depuis le passage de la Prime Pour l'Emploi à la Prime d'Activité, les mères de famille qui travaillent et avaient droit à la PPE, ne sont plus éligibles à la Prime d'Activité.

Justement parce que l'Allocation de Soutien Familial et les Allocations Familiales sont comptées comme des revenus, alors qu'elles sont loin de compenser les charges de la charge d'enfants.

A l'heure de Fatima, on ne comprend toujours pas que dans une famille monoparentale, la maman ne vit et ne travaille que pour ses enfants, et que dans la majorité des cas, la maman est un travailleur pauvre et la famille vit en réalité sous le seuil de pauvreté.

Pour ne rien dire de porter seule la responsabilité d'élever des enfants dans de telles conditions, ce qui peut facilement engendrer des conséquences en cascade, qui, à ce niveau, sont toutes des conséquences qui frôlent la catastrophe et le découragement.

Pas question de tomber malade, pas question qu'un enfant soit malade, pas question que la voiture tombe en panne, le fil est tendu en permanence et le moindre accroc, tout casse.

Je travaille, je suis travailleur pauvre, je connais déjà toute la flexibilité et la précarité des nouvelles lois qui s'appliquent depuis longtemps dans les services à la personne.

Nous ne sommes pas payé(e)s quand les prestations que l'on doit faire d'ordinaire sont décommandées au dernier moment et pour lesquelles nous devons resté'e)s disponibles.

On ne peut jamais faire valoir d'heures supplémentaires parce qu'on a plusieurs employeurs et que l'on jongle entre les trous imposés au gré des personnes qui nous emploient et les semaines et les mois où on travaille plus afin de lisser les trous sur l'année.

Il n'y a pas de statut social dans ces nouveaux "métiers" présentés comme d'avenir.

En France, nous aurions dû aller vers un statut, on avait annoncé une garantie minimum de travail de 24 h hebdomadaires, mais avant même que la Loi El Khomri ne remette cela en cause, la plupart des entreprises obtenaient des dérogations.

On ne prend pas de congés, pas de vacances, on s'arrange pour placer nos jours de congés lors d'une journée où on nous demande de ne pas travailler.

Même les Aides aux Temps Libres de la CAF sont inaccessibles.

Il y a dix ans, on pouvait les utiliser, mais les conditions sont devenues aujourd'hui telles que cela est impossible puisqu'il faut prendre au moins sept jours consécutifs de congé et qu'on nous rembourse seulement 40 % d'une location pour 4 enfants par exemple, avec un plafond.

Avant, il y avait un plafond et si on se débrouillait bien (on pouvait déjà choisir l'endroit quand ils sont aujourd'hui imposés), on pouvait l'utiliser pour payer la totalité de la location.

Bref, à chaque fois que l'on annonce un progrès en matière de famille, c'est toujours de reculade dont il s'agit et de précarisation renforcée.

De la même manière, je suis une des dernières à avoir pu bénéficier d'un Congé parental grâce au fait d'avoir travaillé cinq ans dans les dix dernières années précédent mon congé, cela a été grappillé aujourd’hui.

Et entre les congés parentaux que l'on doit partager avec le conjoint, et les nouveaux rythmes scolaires, je n'aurais jamais pu m'en sortir, là encore, mon dernier enfant en primaire était heureusement assez grand en fin de primaire l'année de leurs mises en place, ce qui m'a permis de ne pas payer encore davantage en frais de garde.

Pour les mêmes raisons que la Prime d'Activité, on n'est pas éligible à la CMU-Complémentaire ni à l'Aide Complémentaire Santé, on nous a juste imposé cette complémentaire et donc de nouveaux frais (personnellement, j'avais fait le choix d'une complémentaire low cost), dans tous les cas, même avec une complémentaire, des frais de santé restent à notre charge, et ils sont naturellement démultipliés avec le nombre d'enfants.

En cerise pourrie sur les miettes de gâteau, les personnes qui nous emploient et nous entourent, croient que nous touchons toutes ces aides, alors que nous nous rendons compte nous, qu'à travail égal et dans des conditions plus difficiles, le nôtre est encore moins reconnu.

Ne parlons pas non plus des ces mêmes femmes qui tenteraient de refaire leur vie, elles perdraient tout et imposeraient la charge à leur nouveau compagnon.

Le gouvernement de gauche, comme ceux qui l'ont précédé, ne sabordent pas que le droit du travail pour les pauvres, il s'en prend aussi aux familles monoparentales pauvres.

Aux femmes pour être claire.

Tout en se gargarisant de Journée de la femme, d'un Ministère "des familles" à présent au lieu et place du Ministère de la famille, histoire de se redorer le blason à bon compte et à nous payer de mots.

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