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Léonarda et autres pauvretés ordinaires

Les enfants dormant dans placard 1.jpgLes enfants dormant dans placard 2.jpgCe qui est terrible dans l'affaire Léonarda et le coût exorbitant que l'on vient de publier sur l'entretien par l'Etat de sa famille durant son séjour illégal en France, c'est également la comparaison avec la situation des Français pauvres.

Une situation que je connais bien et que j'ai connue encore davantage durant une période de ma vie.



Avec un petit Smic et quatre enfants que j'élève seule, je n'ai jamais reçu d'aides ne serait-ce que morale de la part des services sociaux.
M'étant retrouvée seule quand le quatrième était tout bébé, j'ai vécu avec mon Congé Parental, il a été très difficile et long pour moi de le convertir en Allocation de Parent Isolé qui était d'un montant légèrement supérieur, et j'ignorais à l'époque que le RMI dans ma situation était même de 100 euros supérieur à l'API.
J'ai mis un an à avoir une aide au logement.

Lorsque je suis allée voir une première fois une assistante sociale parce que je voulais m'inscrire sur la liste d'attente pour un HLM (je vivais dans une cave), elle m'a clairement dit (c'était à La Trinité 06, en 2005), qu'avec le nom que j'avais, elle ne m'inscrirait même pas.

Je suis tombée gravement malade au bout d'un an dans cette situation (un ulcère d'estomac extrêmement dououreux qui m'empêchait de dormir et qui a complétement dégénéré jusqu'à ce qu'il ne me reste qu'une heure à vivre selon le cancérologue).
(La CMU, ou CMU Complémentaire quand on travaille, n'est d'ailleurs pas automatique ni automatiquement renouvelée pour des cas comme le mien, le dossier est très contraignant à monter.)
Mais heureusement pendant les vacances, j'ai été hospitalisée un mois, et sauvée.
Mes enfants suivaient une scolarité normale, en tête de classe, les maîtresses ignoraient ma situation.

Je suis allée vivre en Loire-Atlantique où mes enfants avaient été recueillis par leur grand-mère paternelle pendant mon séjour à l'hôpital, et où les loyers étaient abordables, et là, l'assistante sociale m'a demandé sur un air de reproche, pourquoi j'avais eu l'idée d'avoir quatre enfants (je vivais normalement auparavant avant que le papa ne défaille, j'exerçais même l'activité d'assistance maternelle pour pouvoir élever mes propres enfants et pour laquelle j'avais obtenu l'Avis Très Favorable de la PMI, mais compte tenu de ma situation de famille et de logement, on ne m'a jamais renouvelé mon agrément).

Une fois, à bout du rouleau, je suis allée demander une aide alimentaire, il a fallu que je remplisse un dossier avec des tas de papiers et j'ai obtenu quatre tickets pour un mois.
Il fallait aller chercher l'aide alimentaire loin et à partir de 18 heures (il faisait nuit en hiver), et là une heure d'attente pour prendre son ticket (avec les deux plus petits) sur un parking non éclairé (les gens du voyage venaient avec leur caravane et attendaient au chaud tandis que nous attendions dans la file, eux étaient là les premiers parce que nous, nous ne pouvions arriver qu'après la sortie d'école pour récupérer nos enfants plus grands), et ils se montraient menaçants si on ne leur laissait pas la place en premier.

Ensuite, il fallait attendre encore une heure avant d'être servis (et souvent, il ne restait alors plus de produits frais).

C'était tellement difficile, et les produits pour les goûts des enfants tellement inadaptés, que j'en ai été soulagée quand je n'y ai plus eu droit, je n'ai même pas redemandé de l'aide.

Je n'ai pu retrouver du travail qu'après les 3 ans de mon dernier (il eut coûté plus cher de travailler et de payer les frais de garde de mes enfants), j'ai pu avoir un logement HLM dans la même année, soit trois ans après.

Aujourd'hui, nous sommes toujours pauvres mais je travaille et je suis autonome, je me souviendrai toujours de cette période de ma vie où personne ne m'a aidée alors même que tout le poids du monde me tombait sur la tête et alors que je n'avais jamais démérité ni à l'école ni dans mon travail ni dans ma vie privée.
J'ai tout affronté dans la dignité.

Les personnes comme cette famille sont des profiteurs, des menteurs, des malhonnêtes.
Et je rappelle que même lorsque la CAF se trompe en versant quelques euros de trop, les pauvres doivent les rembourser illico.
Tout est scrupuleusement vérifié, les justificatifs sans cesse demandés, il n'y a aucun cadeau.
Je sais que l'on sacrifie et ne plaint pas des personnes autrement plus méritantes.
Mais celles-là n'intéressent visiblement personne.

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